
indigènes
actuels.
avons-nous dit ailleurs, diverses assemblées des aborigènes avoient eu iieu,
pour engager ceux d’entre eux qui avoient des enfans, à les envoyer
dans cette école, mais jamais il n’est résulté grand’ chose de ces réunions.
On ne sauroit assurer toutefois quel effet le même moyen, employé
avec sagesse et poursuivi avec constance, auroit produit à la fin; malheureusement,
au départ du gouverneur Macquarie, cette institution fut brusquement
enlevée de la ville, où elie étoit, pour la transférer dans une
localité différente, sur la route qui conduit de Parramatta à Richmond.
M. Field, qui examina cette école quelque temps après, n’y trouva plus
que 4 enfans indigènes de sang pur. L ’établisseirient ayant définitivement
été disloqué en 1824, par ordre du secrétaire générai, on plaça ce qu’il
y restoit encore d enfans, en pension chez ie révérend |d. Cartwright,
homme zélé, dit-on, pourtour ce qui tient à la civilisation des indigènes.
Mais, par des raisons d’économie, il ini fut alloué une rétribution si foible,
pour chacun des pensionnaires qu’il venoit de recevoir et pour chaque
nouvel élève qu’il pourroit admettre plus tard , que dès ce moment ,
on peut le dire, l’institution des indigènes se trouva virtuellement abolie.
Les fermes-cabanes elles-mêmes , placées entre les mains d’un petit
nombre de naturels adultes, n’eurent pas un sort plus heureux, et
bientôt il ne resta plus d’autre trace de ces institutions philanthropiques ,
que les regrets de quelques gens de bien.
On voit que la tentative de civilisation dont nous venons de rendre
compte n’a pas eu de brillans résultats; et il est tout aussi certain que
jusqu’ici un bien petit nombre d’indigènes ont été civilisés. On en cite cependant
quelques-uns : tel, entre autres, est celui que Dawson rencontra
dans les environs de Botany-Bay. Cet homme, vêtu aiors d’une courte
blouse blanche, garnie d’un collet bleu rabattu, avoit un mouchoir de
couieur noué autour du cou, un pantalon blanc et un bon chapeau, le
tout d’une excessive propreté. A un bâton placé sur ses épaules pendoient
plusieurs canards sauvages. A la régularité de sa mise, Dawson le prit d’abord
pour un domestique nègre étranger ; mais en le voyant de plus près,
il se convainquit que c étoit un indigène d’environ une vingtaine d’années.
Ce jeune naturel, qui parioit anglais avec précision, annonça qu’il tra-
vailloit comme laboureur chez un colon du voisinage, et que, n’ayant
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rien à faire pour l’instant, il s’étoit amusé à tirer quelques canards ,
qu’il portoit maintenant au marché de Sydney; il ajouta quil ne restoit
jamais oisif, qu’il avoit soin de laver Iui-même ses hardes, et que toujours
il se tenoit propre, surtout quand il devoit aller à la ville.
Désirant connoître ia nature des habitudes de ce jeune homme,
Dawson iui demanda s'il fréquentoit quelquefois ses compatriotes. « Oui,
» répondit-il, je vais les voir de temps à autre, et j’ai même de longues
» conversations avec eux ; mais je ne reste jamais beaucoup, parce qu ils
» boivent trop pour moi. » Dawson tâcha de lui persuader de I accompagner
au Port-Stephens, dans l’espoir que les indigènes de ce canton
pourroient être tentés de suivre son exemple et d’imiter sa bonne conduite,
l’assurant qulil ie traiteroit avec amitié, et le renverroit à Botany-Bay
aussitôt qifil lui en manifesteroit le désir. « Mes compatriotes, dît iahori-
» gène, sont trop sauvages pour que je puisse avoir sur eux l’influence que
» vous pensez; sans cela j’irois volontiers avec vous. » Et il ne tut pas
possible de vaincre sa résistance.
Le second exemple que nous rapporterons est celui d’un garçon dont
l’emploi ordinaire étoit de conduire des troupeaux et de s’occuper ensuite
chez son maître de tout ce qu’on exigeoit de iui. Il étoit attaché,
depuis fort longtemps, à la maison d’un colon, et, ayant complètement
perdu ses habitudes errantes, il ne montroit pas la moindre disposition
à retourner avec ses sauvages compatriotes, quoiqu’il se rencontrât fréquemment
avec eux.
Le même auteur cite encore plusieurs jeunes garçons indigènes qui,
employés à filer la laine et à faire d’autres ouvrages dans la manulacmre
d’étoffes de Botany-Bay, « accomplissoient leur tâche, en commun avec
» les enfans blancs , sans y mettre moins d’attention et d’exactitude
» qu’eux. On a cependant remarqué que lorsqu’on les réprimandoit trop
» sévèrement, ils s’absentoient pendant queiques jours, et ne revenoieni
» ensuite au travail que quand leur colère étoit passée. »
Les exemples que je viens de citer, quoique exceptionnels, ne sont
cependant pas uniques, mais iis suffisent pour montrer l’aptitude des
Australiens à la civilisation. On a beaucoup parlé de deux sauvages
qui, placés très-jeunes dans une école d’orphelins, où ils étoient traités
Indigènes
actuels.