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Remarques
sur
Montevideo.
Productions.
1338 VO YA G E AUTOUR DU MONDE,
où tout porte à croire qu’il en viendroit sans difficulté de toutes les espèces.
Du moins c’est ce que semblent prouver quelques arbres répandus
çà et là.
»La stérilité et la sécheresse qui se font remarquer aux environs de
Montévidéo ne seroient-elles pas la principale cause du défaut de culture
qui attriste le voyageur? A peine trouve-t-on sur toute cette terre aride
queiques productions herbacées, telles que des soianées, des graminées,
etc. Si l’on excepte les lieux bas et humides situés dans le Nord
de l’anse, où i’on voit quelques cuitures arrosées par les eaux presque
stagnantes d’un faible ruisseau, les dehors de Montévidéo, à piusieurs
milles à la ronde, sont de la plus grande stérilité.
» Les végétaux cultivés dans les jardins se composent principalement
de pommiers, de poiriers, de pruniers, de pêchers et de toutes nos plantes
potagères. » On assure que plus dans l’intérieur le raisin croît aussi à
merveille.
Mammifères. — Mais ce qui fait ici la vraie richesse des habitans,
c’est ie nombre prodigieux de boeufs, de chevaux, d’ânes et de mulets
qu’ils entretiennent errans dans les gras et vastes pâturages dont ils sont
possesseurs; leur richesse se compte par milliers de ces animaux, et l’on a
vu tels propriétaires se lamentant d’avoir été ruinés par ia guerre civile,
dire en soupirant, l’un qu’il ne lui restoit que 80 000, et l’autre 60 000
têtes de gros bétail. On assure que dans ies vastes savanes qui abondent
dans ces contrées il n’existe pas moins de i 50 à 200 têtes de gros bétail
par chaqué mille carré de surface.
Bien que ces animaux ne soient ni marqués ni privés, et qu’ils
soient gardés seuiement par des Gahouches à cheval, ils ne se mêlent
jamais avec les troupeaux des autres propriétaires.
Les jaguars et les chiens sauvages sont les principaux ennemis dont
on ait à les garantir, et l’on trouve aussi dans la contrée des marmoses et
des tatous (i). On sait que ce dernier quadrupède est recouvert d’une
( 1 ) A mon départ de M on té v id é o , M . L a rra fia g a s’occupoit de ia rédaction d'un Mémoire
sur un megaterium, ou grand ta tou, dont il avoit trouvé une queue fossile monstrueuse pendant
ses courses d’histoire naturelle. C e t é chantillon, qu’ il m’a montré, m’ a paru ne pas a voir moins
de 3 pouces [en v iro n o"',o8 ] de diamètre , au gros bout.
LIVRE VI. — D e P o r t - J a c k s o n e n F r a n c e . 1339
enveloppe osseuse, à peu près semblable à celle des homards et des écrevisses.
Les habitans, très-friands de sa chair, la mangent ordinairement
cuite dans son enveloppe. J ’en ai goûté avec plaisir.
Oiseaux. — Nous nous bornerons à citer les plus importans et ies
plus répandus, et à signaler une petite espèce d’autruche particulière à
ces contrées, des carouges, des troupiaies, des gobe-mouches, des tra-
quets à lunettes, des tyrans, mauves, goêlans, ibis, cailles, cygnes blancs ,
éperviers, merles, fauvettes, moineaux, étourneaux, iourniers, grimpereaux
et tinamous.
Poissons. — Les poissons sont très-nombreux dans ces parages; mais
nous n’avons remarqué particulièrement que des silures et des bagres.
§. VI.
Commerce.
Pendant le séjour de la Physicienne à Montévidéo, j’ai donné une attention
particulière au commerce que font les Français avec les provinces de
Rio de la Piata. Des abus déplorables, introduits dans les spéculations
de quelques-uns de nos armateurs, étoient de nature à ruiner notre
crédit dans cette partie de l’Amérique espagnole (i).
Depuis 1802 jusqu’après la paix de i 8 i 5, le commerce de ces contrées
fut d’abord exploité exclusivement par ies Anglais. Les Anglo-Américains
ne venoient alors que rarement au Paraguay, et encore étoient-
ils ordinairement chargés pour le compte de quelques négocians anglais
de Gibraltar, lesquels se servoient d’ailleurs du pavillon des États-
Unis anglo-américains pour enlever d’Espagne et transporter à Buenos-
Ayres et à Montévidéo les vins de la Catalogne, les seuls qui obtinssent
et qui obtiennent encore ia préférence dans cette partie du Nouveau-
Monde. Les Anglais, se voyant sans concurrence, approvisionnèrent
donc longtemps les marchés de Rio de la Piata des objets de leurs fabriques,
et ils le firent d’une manière si abondante, qu’une grande partie
( i) L es réflexions contenues dans ce paragraphe firent, dans le temps, i’objet d’un Mémoire
que (’adressai au ministre de la ma rine , à l a date du 2 1 juillet 18 2 0 .
Producrions.