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comme individu.
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Maladies des enfans. — Le jeune âge n’est point sujet ici comme en
Europe à cette foule de maladies particulières aux enfans, et connues
sous les noms de convulsions, vers, rougeole, coqueluche, &c. ; la
petite-ve'role même ne l’attaque jamais , si ce n’est dans des cas extraordinaires
comme celui dont nous venons de parler. Cette remarque s’applique
non moins aux enfans blancs de la colonie qu’à ceux des aborigènes.
Maladies des femmes.—Ces créatures infortunées, outre les incommodités
périodiques auxquelles leur sexe est soumis dans toutes les
parties du globe, ont encore à endnrer dans ce pays les souffrances et les
privations inhérentes à la vie sauvage. Forcées d’exécuter les travaux ies
plus rudes, même pendant la durée de leur grossesse et l’allaitement de
leurs eniaiis , on en voit qui succombent sous ie faix et périssent misérablement
de consomption.
Il est as.sez difficile d’observer les femmes indigènes au moment de la
parlurition, parce qu’elles cherchent alors à se dérober aux regards des
étrangers; Collins rapporte un seul exemple de ce cas, et M. Gaimard un
second, dont les détails intéressans lui ont été communiqués par M. Par-
meter, chirurgien de l’hôpital des fous à CastJe-Hill. « Nous aperçûmes
un jour, sous un eucalyptus, dit ce dernier, une femme en mal d’enfant.
Deux hommes, assis à ses côtés, mettoient sous la cendre chaude des
os de pélican et de kanguroo, tandis qu’au devant de la malade gisoit
une autre femme, assise les jambes croisées sous elle. Après de légères
douleurs de la mère, l’enfant commença à paroître; mais aucune des
personnes qui sembloient être là pour l’assister n’eut l’air de s’en inquiéter,
jusqu’à l’instant où la tête étant dehors, elles s’en emparèrent pour faciliter
la sortie totale du nouveau-né. Celui-ci fut aussitôt placé sur le côté
droit ; puis un des spectateurs, qui paroissoit être le père, posa deux de ses
doigts, en forme de fourchette, près du cordon ombificaf, que son compagnon
coupa avec une coquille tranchante, disposée à cet effet. Le
nombril fut alors pressé avec la main, pendant environ une demi-minute;
et les membres de l’accouchée le furent aussi par son mari, qui lui mar-
mota en même temps quelques paroles à l’oreille, probablement pour
l’engager à rester tranquille. Bientôt la matrone assistante retourna l’enfant
sur le côté gauche; et le père ayant pris les os qui étoient sous la
LIVRE V .— D e s S a n d w i c h à P o r t - J a c k s o n i n c l u s i v e m e n t . 7 2 i
cendre, s’en servit pour frotter et graisser fa plaie du nombril; il remit P o n - Ja ck so n .
le cordon ombilical, et disparut ensuite sans donner à l’enfant le moindre D e l’ homme comme individu.
témoignage d’amour paternel.
» Quant à la mère, elle se leva un quart d’heure après, et partit malgré
les froids de f’hiver pour aller à la pêche, emportant avec elle son enfant,
couvert d’une peau de kanguroo que recouvroit encore une pièce du liber
doux et feuilleté du mélaleuca. On la vit tirer, d’un sac qu’elle portoit,
de la graisse de lézard, mêlée avec de la poudre de charbon, dont elie
frotta son enfant-, en s’écriant qu’il étoit ainsi garanti du froid. Cette
femme, âgée de seize ans, étoit grande et mince; le lendemain elle che-
minoit avec autant d’aisance et de facilité que s’il ne lui fût rien arrivé.»
L’exemple rapporté par Coliins est analogue à celui-là.
Blessures et plaies. — Un indigène ayant été blessé grièvement à la
main, avec déchirement, un médecin anglais jugea l’amputation indispensable
pour conserver la vie au sujet; mais celui-ci s’y étant refusé,
011 le crut perdu; il revint toutefois, après six semaines d’absence, ayant sa
main entièrement guérie, quoiqu’elle fût restée difforme. Ce fait n’est pas
le seul qu’on puisse citer en faveur de l’habileté chirurgicale des naturels.
Dawson parle d’une amputation du poignet qui, exécutée par eux, ne
laissoit qu’une cicatrice parfaitement formée.
On a remarqué que les blessures faites par des coups de sagaie se
fermoient très-promptement ; les fractures du crâne, d’autant plus fréquentes
que dans leurs combats les sauvages se donnent d’affreux
coups de casse-tête, sont également bientôt guéries. Les femmes, moins
robustes, succombent souvent sous de pareils coups; circonstance qui n’a
presque jamais lieu pour les hommes, quelle que soit d’ailleurs la vigueur
avec laquelle les coups sont assenés.
Dans le traitement d’une blessure on commence toujours par la sucer,
pour en extraire, autant qu’on peut, le sang qui s’en échappe, et on la
panse ensuite avec le liber du mélaleuca; la blessure est ensuite visitée
de temps en temps, et lavée soigneusement avec de l’eau froide. S’agit-il
d’un coup de sagaie, reçu à l’un des quatre principaux membres, on
applique un bandage fortement lié au-dessus de la plaie, pour empêcher,
dit-on, que l’inflammation ne se propage. Le patient s’évanouit