
Iles San dw ich, don verticale, alloient ensuite en obliquant jusqu’au faîte, où elles se
D e riionime
en famille.
réunissoient sous un angle aigu. La construction de toutes ses parties
étoit très-soignée : huit poteaux ou pièces de bois debout, disposés selon
le grand côté de la case , soiitenoient une poutre assez longue, qui alioit
d’un bout à l’autre, et recevoit dans des échancrures les pièces verticales
qui la supportoient; huit chevrons s’élevoient de ce point, et le tout
étoit lié par de petites tresses [cinet] en kair ou de quelque autre filasse ;
enfin, après avoir revêtu en paille le corps du bâtiment et la toiture, on
avoit garni les parois intérieures avec un grand nombre de longs roseaux
ou d’éclisses en bois, liés artisternent entre eux avec des rubans de vacoua.
» Dans les sites sablonneux, et pour éviter i’humidité du soi, on élève
la maison sur une plate-forme en petit cailloutage, qui n’a pas moins
d’un ou deux pieds d’épaisseur, ou même sur une terrasse en pierres
sèches de cinq à six pieds de hauteur. » ( M. Gaimard.)
Le logement de chaque famille un peu aisée exige au moins trois cases
contiguës : une est la salle à manger des hommes, une autre celle des
femmes, la troisième sert de chambre à coucher; elles sont quelquefois
renfermées toutes trois dans une enceinte de haies ou de palissades.
Les appartemens où se tiennent les chefs et les personnes aisées sont
garnis de nattes posées par terre sur une couche d’herbes sèches.
En 1 8 1 9 , ies constructions en brique ou en pierre n’étoient encore
que de misérables imitations de nos demeures européennes : nous ne nous
arrêterons pas à les décrire.
C ’est dans les cases qui servent de chambre à coucher, que se tient le
plus habituellement la famille : aussi, chez les personnes riches, voit-on
toujours là de grands paquets d’étoffes de mûrier à papier, qui font à-ia-
fois l’office de draps et de couvertures, et un assortiment de petits oreillers,
maintenant en crin, jadis" en bois. A une extrémité de ia pièce, sur des
traverses horizontales, supportées par des piquets assez hauts, est rangée
la vaisselle, qui consiste en calebasses de diverses formes et dimensions,
destinées à contenir l’eau et la poé, et en plusieurs plats en bois. Après
ie repas, on pose un de ces plats sur l’ouverture de la calebasse qui
contient la poé, et le tout est surmonté d’un couvercle, qui n’est aussi
qu’un morceau de caiebasse (voy. fig. 1 3 , i4 . 15 et 16, planche 90);
Meubles
et ustensiles.
D e l’homme
en famille.
LIVRE IV. — D e G © a m a u x S a n d w i c h i n c l u s i v e m e n t . 583
le tout est enveloppé et assujetti dans un filet à larges mailles, qui sert lies S andw ich
à le suspendre [voy. pl. 86). Les couchettes, les matelas, les tables et les
chaises commencent à devenir usuels. Taméhaméha avoit une magnifique
table à manger et une commode en acajou, un palanquin ou plus
exactement une chaise à porteur chinoise, et quelques autres meubles
assez proprement faits, qui, à sa mort, ont été mis en réserve dans la
case sacrée de son morai, où je les ai vus.
Les Sandwichiens de la classe éievée ont coutume de se faire accompagner
d’un enfant qui porte un émouchoir [kahiris] en plume, emmanché
d’une verge en bois ou en os humain, qui presque toujours est ornée
de sculptures ou d’incrustations : ce manche, gros à-peu-près comme le
doigt, a trois pieds et souvent beaucoup pius de longueur. L ’éventaii
représenté pl. 9 0 , fig. 9 , sert à-ia-fois à agiter l’air et à se préserver du
soleil. Quelques parasols européens commençoient à se montrer : on sen-
toit aussi combien les rasoirs et les ciseaux étoient des objets préférables
aux éclats tranchans de coquilles et aux pinces épilatoires en os de
poisson qui en avoient tenu lieu jusqu’alors.
Propreté. — Si le bas peuple est ici d’une saleté dégoûtante, observe D iv e r s usages,
M. Guérin, ii n’en est pas de même des habitans de ia haute classe; à
moins d’empêchemens insurmontables, ceux-ci se baignent dans la mer
plusieurs fois par jour, et ne manquent pas d’ailer ensuite, soit à un puits,
soit à une eau courante, puiser dans une calebasse de l’eau douce, qu’iis
se versent sur le corps, et principalement sur ia tête : il est présumable
que cette ablution a pour but de déterger la substance saline qui s’attache
à leur peau, et à laquelle sans doute iis supposent une propriété nuisible.
Tabac._ — « L’usage du tabac , introduit je crois par les Anglo-Américains
, est déjà devenu général aux îles Sandwich, où les naturels n’en
sont pas moins amateurs que des liqueurs fortes ; ils se bornent à le fumer,
mais pas sans interruption comme dans les colonies espagnoles. Une seule
pipe.sert à plusieurs personnes, aux chefs comme à leurs valets; on se la
passe à la ronde, et chacun se contente d’y prendre à ia hâte quelques
bouffées : sa forme est ceile d’un crochet creux, aussi gros à une extrémité
qu’à l’autre, sans tuyau mince pour mettre dans la bouche [voyez pl. 89).
Ils fument aussi des cigares. » (M. Quoy.)
E e e e *