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1 1 54 VO YA G E AUTOUR DU MONDE.
Colonie coordonnées entre elles, et poursuivies avec une invariable constance,
Port-Jackson. pourront seuls conduire un jour au degré d’améüoration et de perfec-
Considérations tionnemeut dont 011 conçoit la possibilité.
les bagnes etc Régime.— L ’assujettissement de tous ies forçats à vivre pêle-mêle
dans une même enceinte étoit un fait si monstrueux(i) que l’administration
elle-même en a été frappée. M. Hyde de Neuville, ministre de la
marine, prescrivit certaines réformes, incomplètes il est vrai, mais qui
n’en étoient pas moins un premier pas vers le bien. C ’est ainsi que Brest
fut affecté aux forçats à vie et à iong terme (2), et Toulon , à ceux dont la
condamnation n’excède pas dix ans. Mais jusqu’à 1835 6®®' ‘Hns ce
dernier port seulement que le nouveau système s’est trouvé mis en pratique.
Les détenus y sont partagés en piusieurs classes. La première, sous
le nom de salle d’épreuve, comprend, sans exception de durée de la peine,
tous les criminels qui, par ieur bonne conduite et leur résignation , donnent
de justes espérances d’une prompte amélioration. La seconde se compose
de ceux qui, par leur âge, leurs blessures ou ieurs infirmités, ont
été déclarés invalides. Les convalescens sont aussi admis dans cette division.
Quel que soit ie nombre des classes qui pourront être établies pius
tard, l’avaut-dernière sera toujours destinée aux condamnés en récidive, et
ia dernière aux hommes dont ia mauvaise conduite et ie caractère corrompu
ne laissent que peu d’espoir d’amélioration.
La troisième classe appartient aux militaires condamnés par les conseils
(1) iVl. Quentin s’élève avec force contre l’abus qui fait confondre dans un même bagne tous
les forçats, qitels que soient leurs crimes. «Celui-ci, dit-il, est un scélérat incorrigible; l’autre n’est
» qu’un coupable, déjà peut-être repentant, qui, arrêté dès son début dans le crime, seroit encore
«susceptible de se corriger. La justice, l’humanité, la charité chrétienne sont également bies-
35 sées du mélange contre lequel nous réclamons. Eiles s’opposent à ce qu’un forçat qui peut en-
55 core donner quelque espoir d’amendement soit placé dans une position qui le précipite plus
5* que jamais dans le vice et rend sa corruption entière et inévitable.« (Voyez Mém. sur les forçats.)
(2) D’après le projet, les deux premières et les deux dernières classes de ce bagne seront composées
de même que les quatre numéros correspondans du bagne de Toulon; la troisième
comprendra les faussaires, les banqueroutiers frauduleux et ies hommes condamnés pour viol;
la quatrième, tous ceux qui, étant condamnés à temps, ne peuvent appartenir ni aux premières
classes, ni aux deux dernières; la cinquième enfin doit être destinée aux condamnés àperpétuité.
La classification pour le bagne de Rochefort n’a pas encore été fixée.
LIVRE V. — D e s S a n dw ic h À P o r t - J a c k so n in c l u s iv em e n t , i 15 5
de guerre, pour des infraciions autres que celles que le Code pénal punit Colonie
des travaux forcés; et principalement à ceux qui ont mis en gage, ou qui PortJackson.
ont vendu, tout ou partie de leurs effets d’habillement et d’équipement. Considération.
Les classes intermédiaires devront être réglées en raison du nombre d’an-
nées de la peine.
Couchage et vêtemens. — Tous les forçats qui couchent au bagne sont
enchaînés à leurs bancs pendant la nuit; et, le jour, ceux qui ont une
conduite pacifique ne portent qu’une simple manille à la jambe. Leurs
vêtemens se composent d’un pantalon et d’une casaque en étoffe de laine
grossière, d’un bonnet de laine, de deux chemises et de deux pantalons
en toile, d’une courte blouse ou vareuse de même étoffe, et quelques
paires de souliers.
Un lit de camp sert à tous les condamnés. Les plus méchans ne sont
pourvus que d’une couverture de bure ; les autres ont en outre un matelas
et un petit traversin garnis, d’étoupe.
Nourriture. — La ration, par homme et par jour, est d’une livre quatorze
onces de pain, ou bien d’une livre sept onces de biscuit avec une
once de fromage ; à quoi on ajoute une soupe de gourganes assaisonnée
d’huile ou de beurre et de sei. Ceux qui vont au travail reçoivent environ
un demi-litre de v in , ou ie double en bière ou en cidre ; et l’on donne
aux forçats invalides, avec une ration moins forte en pain et en vin, de
la viande quatre fois par semaine dont on leur fait deux soupes par jour.
Les forçats de la salie d’épreuve à Toulon ont aussi la même ration. On
leur accorde en outre, mais à Rochefort seulement, six onces et demie
de viande par semaine à chacun, pendant la durée des fièvres caniculaires,
c’est-à-dire de juin en septembre.
La ration des forçats dans nos bagnes est, comme on voit, bien moins
substantielle que celle que l’on donne aux convicts de Port-Jackson. Mais,
afin de remédier jusqu’à un certain point à cette exiguïté, on a autorisé
dans chaque bagne l’établissement d’une cantine, espèce de restaurant de
bas étage, où le forçat qui a de l’argent peut se pourvoir d’un supplément
de nourriture approprié à ses besoins.
Punitions et récompenses. — Au nombre des punitions, on doit compter
ie retranchement de vin, le cachot, l’envoi à ia fatigue, la double chaîne,