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Course
au Nouv eau-
Fribourg,
de force perdirent beaucoup de passagers. On cite un des navires où l’on
compta au delà de 200 morts.'...
» Quoi qu’il en soit, les e'migran.s furent rendus à leur destination à la fin
de 18 19 . Mais les maladies dont ces malhenreu.v Suisses étoient atteints,
et celies qui se développèrent encore, sévirent avec tant de violence, que la
nouvelle colonie ne fut bientôt plus qu’un vaste hôpital. Là d’infortunés
malades, de tout sexe et de tout âge, couchés par terre, eurent d’autant
plus à souffrir, qu’on ne s’étoit pas attendu à voir arriver tant de monde
dans un si piteux état. Les colons eurent alors les plus grandes obligations
à leur inspecteur, qui non-seuiement les secourut de son crédit et
de sa bourse, mais qui leur prodigua encore les soins les plus tendres et
les plus affectueux. Ils doivent également beaucoup de reconnoissance
à leur médecin, M. Bazet, et à leur respectable curé. Partis d’Europe
au nombre de 2 200 environ, ces Suisses se trouvèrent alors réduits à
I 600 ou I 700 individus.
» Le Nouveau-Fribourg est placé dans un bassin que des montagnes
environnent de toutes parts; son emplacement est uni et peut avoir un
quart de iiene de longueur sur un demi-quart de iieue de largeur. La
petite rivière das Bengallas, qui coule sur un de ses côtés, est peu
profonde et sujette à quelques débordemens. Nous vîmes sur ses bords
des flaques d’eau marécageuse qu’on s’occupoit à dessécher. Mais la
rivière eile-même ne nourrit aucun poisson; le seui animal qui s’y
rencontre est une espèce de loutre qui va bientôt disparoître, en raison
de la chasse assidue qu’on lui fait. Les eaux suivent leur cours par la
seule issue que présentent en cet endroit les moniagnes, qui d’ailleurs
sont en général bien boisées; on voit le roc à nu sur ies points où leur
pente est trop rapide. Une foule de ruisseaux, prenant très-haut leur
source, pourront plus tard devenir utiles aux colons.
» Pendant les 12 jours que j ’ai passés au Nouveau-Fribourg j’ai été
témoin de ces brouillards froids de ia nuit, dont les habitans se plaignent
avec raison. Le soir le thermomètre centigrade descendoit et ne mar-
quoit à son minimum que -F 2 / 5 0 ; ce dont je me trouvois moi-même
très-sensiblement affecté, étant habitué depuis longtemps à la haute chaleur
des contrées équatoriales. On m’a dit qu’on voyoit parfois en ce lieu
LIVRE VI. — De P o r t - J a c k s o n e n F r a n c e . 1369
de la glace épaisse de plusieurs lignes. En général, dans le jour, il faisoit
très-chaud, mais aussitôt que le soleii commençoit à baisser derrière les
montagnes, la température diminuoit,
>• Cent maisons proprement et régulièrement construites, composées
d’environ vingt corps d’appartemens séparés, contenant chacun quatre
pièces, réunissent tous les habitans. La moitié de ces édifices ferme, à
l’entrée de la valiée dont nous avons parlé, une place carrée, où ies yeux
sont désagréablement frappés par l’aspect d’une potence ; mais c’est l’usage
du pays. A l’autre extrémité de la ville, du côté de Cantagallo, il y a une
autre place et une rue assez longue, oit demeure .M. l’inspecteur; à
gauche, sur une colline médiocrement élevée, une ferme royale (t) et
plusieurs autres maisons, dans lesquelles logent le médecin, le pharmacien,
le curé, ie juge civil, &c. Chaque maison'a un jardin qui iui est
contigu; mais ces maisons n’appartiennent pas aux colons: on les leur
prête seulement, et pour un certain nombre d’années, après lesquelles on
suppose que leur industrie leur aura fourni ies moyens d’en construire
d’autres. Les premières seroient alors réservées pour de nouveaux habitans.
Dans l’espace considérable compris entre ies deux groupes de maisons
dont il vient d’être question, on a tracé des rues et partagé le terrain, qui
doit être concédé plus tard à ceux qui voudroient s’y bâtir des demeures.
» Le genre de construction suivi est aussi simple qu’élégant : ce sont des
corps de iogis équarris qui supportent une toiture recouverte en tuiles. Les
murs sont d’argile tenace, solidement retenue par de petites lattes, et le
tout recouvert d’un enduit fort blanc, composé d’iine sorte de chaux feJd-
spathique, ce qui donne à ces constructions ¡’apparence des bâtisses les
mieux conditionnées. C’est encore à M®' de Miranda qu’est due, sous ce
rapport, l’existence du Nouveau-Fribourg. D’abord le soi étoit entièrement
couvert de grands hois, et il fallut en défricher un espace suffisant,
chose non moins longue que pénible. A cette occasion, on fit venir de
Rio de Janeiro et de Minas-Geraes les ouvriers maçons, charpentiers et
(î) E lle porte le nom de R e a lfa z / n d a de M orroqueimad o; on y trouve une grande et belle
maison, dans la galerie de laquelle se vo it une chapelle où l’on célèbre la messe; il y a en
o u t re , an N o u v e a u -F r ib o u rg , une maison pour l’ inspecteur de la colon ie, des moulins à e a u ,
fo u r s , boucheries , p onts, etc.
Course
au N o u v e au -
F rib ou rg,