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Ue scripuon
des
les Malouines.
Pêche.
» Dè.s que l’un des petits navires pourvoyeurs est chargé, c’est-à-dire lorsqu’il
possède à bord le lard, coupé par gros morceaux, d’environ 1 50 à
200 phoques, capables de donner de 80 à i 00 barils d’huiie (i), on revient
à la station centrale, où ce lard est transporté à terre par les baleinières,
et déposé sur le rivage, dans des barriques placées entre la mer et ies
fourneaux.
» Là des manipulateurs étendent ces masses graisseuses sur une longue
table, où, après avoir ôté toutes les parties charnues, ils les divisent en
petits cubes, qu’on met dans un baquet placé en dessous, et d’où on les
sort pour être jetés dans ia chaudière. Une demi-heure suffit ordinairement
pour en extraire l’huile. On enlève avec des écumoires le tissu cellulaire,
qui, desséché, sert ensuite à entretenir le feu, car on n’emploie pour cet
objet aucun autre combustible.
» Deux et quelquefois trois années suffisent à peine pour compléter ia
cargaison du principal navire, dont une partie se compose d’huile, et ie
reste de fourrures ou peaux de phoques. Le Ge'néral Knox n’avoit encore
rassemblé que 4oo barils d’huile, sur 2 500 qu’il pouvoit contenir, lorsque
son capitaine vint nous voir à la baie française. Dans un précédent
voyage, pius favorisé, ie chargement avoit été complété en 20 mois; et
l’on disoit que, lorsque la cargaison de celui-ci seroit complète, un autre
navire, appartenant aux mêmes armateurs, viendroit remplacer le premier,
et qu’on laisseroit les barques et les pirogues à celui-là, pendant que le
capitaine Orne rapporteroit au port de départ les produits de sa pêche.
» La stupidité ou piutôt le défaut d’agilité des lions marins est cause
qu’ils deviennent à terre une proie bien facile à saisir; on ies rencontre
communément sur les côtes basses, d’un accès facile, et près des bancs de
fucus dont ils se nourrissent; plus souvent hors des baies que dans les
enfoncemens, et presque toujours par bandes nombreuses de 10 0 , i 50 à
200 individus, quoiqu’il ne soit pas rare d’en voir qui soient solitaires.
» Les pêcheurs anglo-américains emploient, pour tuer ces malheureux
animaux, de très-mauvaises lances; iis ont pour but, en les perçant, de
leur faire rendre le plus de sang possible. Ces lions se défendent très-
( i) L e b a r il, ou plutôt le barrel, est composé de 3 i galons ÿ [ 1 1 9 litres environ ]. L e galon
d’huile se vend une demi-piastre.
LIVRE VI. — De P o r t - J a c k s o n e n F r a n c e . 1 3 1 3
mai; quand ils se sentent frappés, ils se bornent à ouvrir la gueule pour
mordre, mais leurs mouvemens sont si lents, qu’il est très-facile d’éviter
leur atteinte. On assure qu’il est souvent arrivé de tuer des fiies entières
de ces amphibies, sans que ies individus voisins de ceux qu’on avoit
égorgés fissent ie moindre mouvement pour se sauver. Quelquefois
cependant on a vu des femeiles pleurer pendant qu on massacroit leurs
petits, et réciproquement.
» Toutes les fois qu’on en a le temps, l’animal est écorché aussitôt que
tué; puis on découpe le lard par morceaux et on le met en tas. Chaque
homme est alors pourvu d’un étui garni de plusieurs couteaux, et d un fusil
pour les aiguiser. Quand les pêcheurs ne peuvent rejoindre ieur petit navire
avant la nuit, ils se procurent quelque gibier pour ieur repas. Iraient
leur pirogue à terre, la renversent et s’en abritent pendant leur sommeil.
» Ce lard de phoque peut se conserver longtemps, mais lorsqu’il reste
empilé à bord, et que les barques qui le contiennent sont secouées par ia
tempête, il rend en partie son huile, qui se trouve ainsi perdue.
» Pendant l’hiver, la pêche est forcément suspendue, et ce n’est que
lorsque la douce chaleur du printemps vient dissiper les frimas dont
les roches sont tapissées, que les phoques commencent à reparaître. Les
pêcheurs sortent alors de leur inaction pour reprendre ieurs travaux
accoutumés.
» Mais si pendant l’hiver ils ont fait abstinence, ils en sont bien dédommagés,
au retour du beau temps, par la quantité de gibier de toute espèce
qui revient sur ces îles, et d’ailleurs par des milliers d’oeufs d’aibatros,
d’oies, de canes, &c., qui leur fournissent un supplément de nourriture
aussi sain qu’abondant. Toutefois pendant le reste de i’année iis trouvent
encore une assez grande quantité de certain gibier, pour n’être presque
pas obligés de toucher à ieurs vivres de campagne. Aidés de gros chiens,
dressés à cet effet, ils se procurent, sans trop de difficulté, des cochons
et même des boeufs, dont ils salent ce qui ne doit pas être mangé sur-
le-champ.
» L’huile de phoque transportée aux États-Unis-anglo-américains se
consomme dans le pays ; mais les fourrures s’exportent en Chine, où on ies
échange contre du thé, et autres marchandises de cette partie de l’Asie. »
De scription
des
îles Malouines.
Pêche.