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N .G .i l le s d u s. Les Montagnes-Bleues, qui, sous le parallèle de Sydney, sont éloi-
Géographie. gnées de 32 milles des bords de la mer, s’en approchent ensuite tout-
à-fait, un peu au Sud du port Hacking, pour se reculer de nouveau à
l'Ouest, après avoir atteint le bord septentrional de la rivière Shoal-
Haven. L’apparence singulière de Pigeon-House et du mont Dromedary
les rend plutôt remarquables que ieur élévation.
Rivières. Ce fut iong-tempsune opinion reçue, qu’à l’exception de la rivière des
Cygnes, la Nouvelle-Hollande ne possédoit aucun grand courant deau;
et même, après l’établissement des Anglais à Port-Jackson, on pensoit
encore que ies rivières y étoient fort rares, et sur-tout nullement propres
à la navigation. Des recherches plus récentes et plus soigneuses ont
montré ie contraire; et si l’on jette les yeux sur notre planche 9 1 , on
verra combien ie nombre de celles qu’on a découvertes, dans la colonie,
étoit déjà considérable en 18 2 5 .
La première qui vient à la pensée, parce quelle est la plus anciennement
connue, est cette fameuse Hawkesbury, qui, formée des
eaux réunies de la Nepean et de la Grose, et recevant encore du coté
du Nord deux bras secondaires désignés sous les noms de Première et de
Seconde branche, va se jeter à Broken-Bay. Les Anglais la nomment
quelquefois Nil de la Nouvelle-Hollande ; et il faut avouer quelle a
beaucoup de rapports avec le fleuve qui fertilise l’Égypte. Mais si les
eaux de l’Hawkesbury, s’épanchant sans violence hors de leur lit naturel,
répandent dans les campagnes voisines ia fécondité et la richesse , il n’est
pas rare non plus de ies voir s’enfler soudain jusqu’à quarante ou cinquante
pieds au-dessus de leur niveau, renverser tout ce qui se trouve
sur leur passage, et, traînant à leur suite l’épouvante et ia dévastation,
engloutir dans une ruine commune les maisons, les fruits de la terre, ies
hommes et les bestiaux.
Les crues de l’Hawkesbury sont rapides jusqu’à l’instant où le débordement
commence et que les vents soufflent du S. O. Quoique les
inondations périodiques aient lieu pendant le mois de mars, les fortes
pluies néanmoins en occasionnent encore à d’autres époques. Les eaux,
en se retirant, laissent un limon éminemment végétatif qui amende le sol,
mais qui trop souvent aussi étouffe les semences déjà confiées à la terre.
Les navires de 15 0 tonneaux peuvent remonter l'Hawkesbury jusqu’à N .G a l l e s d u S .
Windsor, éloigné de 50 milles de Broken-Bay. Plus loin, c’est-à-dire,
Géographie.
à 3 ou 4 milles au-dessus de la ville, on ne trouve plus que 5 à ô pieds
d’eau; par le travers de Richmond-Hill, la riviere cesse detre accessible
pour des embarcations un peu considérables ; enfin toute navigation y est
interceptée, dès qu’on est parvenu au confluent de la Nepean et de ia
Grose.
Cette dernière , qui prend sa source dans les monts Caermarthen ,
a un cours rapide et impétueux, entrecoupe par des cataractes qui la
rendent tout-à-fait innavigable.
Grossie par les tributs de plusieurs cours d’eau secondaires, au nombre
desquels on compte la rivière C o x ou Warragamba, et quelques autres
encore imparfaitement connues, nommées Wolondilly, Cookbundun et
Wingeecarabee , la Nepean coule dans le comté de Cumberland, au
pied des Montagnes-Bleues, après avoir pris sa source dans la partie
méridionale des mêmes montagnes. Eiie n’est navigable que par intervalles,
et pour de foibles barques seulement.
Sujette aux mêmes inondations que 1 Hawkesbury, ia riviere de Pai-
ramatta, qui débouche dans la branche principale du Port-Jackson,
n’occasionne cependant pas de si grands ravages ; la plus forte crue de
ses eaux, en effet, n’a jamais excédé 7 ou 8 pieds au-dessus de leur
niveau. Des chaloupes peuvent la remonter depuis Sydney jusqu’à Parramatta.
La partie qui coule au-dessus de cette dernière ville est très-
peu fournie d’eau dans la saison de la sécheresse; mais des torrens,
appelés creeks (i) par les Anglais, en augmentent singulièrement la masse,
lorsque des pluies se déclarent.
Plusieurs courans accidentels du même genre, sous les noms de South-
Creek, East-Creek, Ropes-Creek, & c ., portent leurs eaux dans la ri-
( i ) On distingue ici ces torrens en trois espèces : les premiers, ou creeks proprement d its ,
assèchent parfois tout-à-fait, ou ne laissent de distance en d is tan c e , dans ie temps des chaleurs,
que des lagunes où viennent se désaltérer les troupeaux du vo isin a g e ; à 'en tre s , fr e sh -w a te r
creeks [to rren s d’eau douce ] , sont des ruisseaux permanens q u i, dans ia saison h um id e , grossissent
d’une manière considérable ; ceux de la troisième e sp è c e , nommés salt-creehs [ torrens
s a lé s ], sont des ra v ins , où i’ eau de la mer p én è tre , et que les pluies remplissent a ccid en te lle ment
à une hauteur plus ou moins grande.