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en société.
utilement. La flexibilité extraordinaire du corps, la vue perçante des
aborigènes, leur permettent d’éviter avec une merveilleuse adresse ies
sagaies qui leur sont jetées, lors même qu’ils ne se servent pas de l’intermédiaire
du bouclier. Ces derniers instrumens sont loin d’ailleurs
de pouvoir couvrir la totalité du corps; toutefois entre des mains agiles
ils présentent encore un moyen suffisant de défense.
Craintes pue'riles et courage. — Un contraste bien extraordinaire, c’est
celui qui résulte de la pusillanimité des naturels avant la rencontre de
leurs ennemis, et du courage vraiment héroïque qu’iis déploient aussitôt
que le combat est engagé. Sont-ils blessés, ils ne veulent point paroître
souffrir des plaies mêmes les plus graves, et jamais en pareil cas on
ne les voit pousser un seul gémissement.
Mais la simple apparition d’un fusil suffit pour mettre en fuite et
dissiper en un ciin d’oeil une tribu entière, pourvu toutefois que l’effet
produit par ces sortes d’armes leur soit connu.
Embuscades. — Leur tactique pour attaquer les Européens ne consiste
pas à fondre sur ejix à force ouverte,, mais; à se glisser derrière des
arbres ou des brouSsailles, et à attendre un instant favorable afin de lancer
plus sûrement leurs sagaies. Pour être certains de ne pas manquer leur
coup, plusieurs d’entre eux, au nombre de trois, cinq ou davantage, s’embusquent
sur une même ligne, et le long d’un chemin, à quelque distance
ies uns des autres. L’homme placé au milieu commence l’attaque; si l’Européen
qui en est l’objet n’est pas touché, ii ne sauroit échapper aux autres
traits qui l’attendent, soit qu’il revienne sur ses pas, soit, qu’il se décide à
poursuivre sa route. Le vieux Karadra (pl. i o i, fig. 2 ) est un de ceux qui,
par cette méthode, ont fait le pius de mai aux colons anglais. Un traité
conclu avec lui l’a enfin décidé à renoncer à ses entreprises hostiles.
Veulent-ils attaquer une bergerie anglaise, ils s’y préparent avec
non moins de ruse que de finesse. Et d’abord, pour reconnoître les lieux,
ils emploient toutes ies apparences d’une amitié bienveillante; s’ils remarquent
que les gardiens sont désarmés, ils leur adressent des demandes
indiscrètes, suivies bientôt de tous les symptômes d’une hostilité active.
Ils tâchent en général de surprendre leurs ennemis, et déploient, pour
y parvenir, autant de patience et d’adresse que ie chat qui guette une
LIVRE V. — D es S a n d w i c h à P o r t - J a c k s o n i n c l u s i v e m e n t . 79 i
souris. Dans certains cas on a vu des femmes faire des agaceries amoureuses
aux étrangers qu’elles vouloient attirer dans les bois, où les attendoit
une embuscade meurtrière.
Un naturel qui, pris au dépourvu, cherche à se soustraire aux sagaies
qui le menacent, a soin en fuyant de laisser constamment entre iui et
son ennemi les arbres qu’il rencontre. Par ce moyen ii disparoît comme
par enchantement aux regards étonnés de ceux qui le poursuivent, et
i’illusion est telle qu’on seroit d’abord tenté de croire qu’ii s’est englouti
dans le sein de la terre.
(4^ r e de marche d’une armée. —-Lorsqu’une peuplade se met en marche
pour aller attaquer un ennemi éloigné, les hommes, réunis en un groupe,
tiennent tous leurs sagaies vertiealement et alignées le long du corps, ainsi
que nous le faisions, jadis de nos haiiebardes : quelques-uns portent en
outre des faisceaux de sagaies, et chacun a son waddy et son woméra passés
dans le ceinturon en poil d’opossum qui lui entoure ies reins. Les femmes
suivent chargées de vivres : Cibosque-et hortaminapugnantibus gestant ( 1 ).
Si ia marche doit se prolonger pendant plusieurs jours, les instrumens
de pêche, chez les tribus maritimes et riveraines, font encore partie du
bagage. Les enfans viennent ensuite.
Lorsqu’il arrive que les chaleurs de l’été ne permettent pas de faire
route pendant ie jour, ou bien que ies mouvemens de l’armée doivent être
rapides, on s’éclaire la nuit de la lumière des torches. Mais cette circonstance
marquant toujours une sorte de prépondérance de la part de ia tribu
qui est en marche, c’est aussi dans ce cas-là seulement que les sauvages
font entendre des cris de guerre, dont le but est d’exciter leur ardeur
belliqueuse.
Danses, peintures et paroles outrageantes avant te combat. — Presque toujours
des danses guerrières ont lieu pendant la première moitié de la nuit
qui précède un combat; les figurans ne manquent pas de se barbouiller
la figure et ie corps avec du blanc et du rouge, de la façon que nous avons
déjà dite, et d’orner leurs cheveux avec des piumes colorées de perroquets
et de kakatoès. Avant d’en venir aux mains ies hommes se menacent les
( 1 ) D e leur côté elles portent aux combattans de la nourriture et des encouragemens.
( T a c i t e , i / c t u o r . G e rm .)
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