
C o lo n ie et élevés de la même manière que les enfans blancs, conservèrent cepen-
l ’ o r t-Ja ck son . ôtint toujours U n grand amour pour leurs forêts, pour leurs compatriotes
Indigènes et leurs pareils qui, à la vérité, venoient les visiter de temps en temps.
Parvenus à i âge de 1 2 à 13 ans, ces jeunes élèves, qu’on avoue d’ailleurs
n avoir été inférieurs à aucun de leurs condisciples, soit en capacité, soit
en application et en connoissances acquises, se sauvèrent au milieu des
bois pour y vivre avec leur famille. On a voulu s’étayer de ce fait pour
démontrer 1 impossibilité qu’il y auroit de civiliser jamais ies Nouveaux-
Hollandais ; mais, outre que les circonstances relatées plus haut sont en
opposition avec cette maniéré de voir, il me semble qu’on peut e.xpiiquer
la fuite de ces deux jeunes indigènes d’une manière simple et naturelle.
Tout le monde conviendra sans doute que le régime d’une école de
petits garçons na rien de fort attrayant pour de jeunes sauvages; combien
d’enfans parmi nous s’y ennuient! combien y en a-t-il même qui
s’en échappent, malgré la vigilance des personnes chargées de les garder !
Pour moi, je suis convaincu qu’il ne resteroit pas un seul élève dans
une telle maison au bout de ly jours, si leurs parens venoient, comme
lont fait évidemment les pères de ces jeunes indigènes, pour leur vanter
les plaisirs de l’indépendance, et les exciter à venir en jouir. A coup
sûr ii n’est pas un écolier qui ne comprenne cela à merveille.
Je ne compterai pas au nombre des naturels civilisés ceux qui, embarqués
comme matelots à bord des navires caboteurs, se trouvent déjà,
pour Ja plupart, abrutis par l’usage immodéré des liqueurs spiritueuses ,
et à tel point qu’on ne peut en tirer qu’un médiocre parti.
Dans le vaste établissement agricole que Dawson dirigeoit, près du
Port-Stephens, jamais ses compagnons et lui n’ont eu qu’à se Jouer des
relations journalières établies avec les naturels du pays. Leurs manières
étoient amicales et douces ; et sans cesse on les voyoit empressés de
rendre avec plaisir et bonne volonté aux colons les petits services dont ils
étoient capables. Ceux-ci les empioyoient à charrier de l’eau, à ramasser et
a serrer dans le bûcher du bois de chauffage, et surtout à fiire (a provision
de poisson frais. Leurs femmes et leurs enfans étoient sans cesse, soit
dans quelque maison d’Anglais, soit à rôder autour de la porte des
habitations ; ici c’étoit une aborigène, qui, vêtue d’une vieille robe et
LIVRE V . — D e s S a n d w i c h à P o r t - J a c k s o n in c l u s i v e m e n t . 8 9 9
d’un chapeau à l’européenne tout usé, portoit dans ses bras le nourrisson f i f i
d’une blanche; ià de jeunes fiiies sauvages qui aidoient à laver le linge. Pon-Jackson.
Lesenfans des deux sexes et des deux couleurs se mêloient fréquemment Indigènes
dans leurs jeux; et plus d’une fois on a pu voir, pendant de courts intervalles
il est vrai, un indigène à l’extrémité d’une scie et un Anglois à
l’autre, travaillant avec autant d’ensemble que de cordialité.
En général on peut dire que la conduite des Australiens est droite,
et que lorsqu’ils s’adressent aux colons, c’est avec confiance, toujours
avec bonne humeur, et souvent avec grâce.
Une vieille femme d’une de leurs tribus s’étoit établie dans ia maison
d’un marchand voisin du Port-Stephens, et à l’exception de quelques
jours de congé qu’elle prenoit par intervalles pour aller voir ses amis, elle
y rendoit de constans services. Dawson, qui nous rapporte ce fait, a
trouvé qu’il existoit chez les femmes de cet âge une plus grande disposition
à entrer en domesticité, que chez d’autres plus jeunes, et qu’on
pouvoit aussi compter beaucoup plus sur leur constance. L’amour du
changement de demeure, si ordinaire parmi les Australiens, s’est éteint
chez ces femmes avec ies années, ou du moins il s’est affoibli. en même
temps que ieurs forces corporelles. D’ailleurs la nourriture européenne
plaît extrêmement à ces pauvres femmes . et i’avantage d’être à l’abri
du terrible wûddy est pour elles une compensation suffisante pour l’espèce
de servitude à laquelle les astreignent les habitudes de la vie civilisée.
Ce qui leur importe avant tout, c’est d’être traitées avec douceur,
et d’être libres de s’en aller aussitôt qu’elles en ont Je désir. Toute
idée de contrainte détruiroit à l’instant chez eiles les dispositions qu’elles
montrent pour la vie domestique ; tandis que l’influence d’une conduite
bienveillante, d’occupations modérées et convenables à leur sexe,
jointe à quelque tolérance pour leurs anciennes habitudes, a toujours
paru un moyen infaillible pour ies disposer à se mettre au service
des colons.
Opinion des sauvages sur les Européens. — Les indigènes considèrent
les Européens comme des êtres d’une essence supérieure à la ieur ;
aussi l’attention amicale que ceux-ci leur accordent les a-t-elle toujours
flattés au plus haut degré. Toutefois aucune alliance permanente