
C olonie
de
P o rt-Ja ck son .
Digression sur
les Nouveaux-
Zélandais.
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détruire. Selon Busby, le seul chef de la Baie-des-Iies [Bay o f Islands]
peut mettre sur pied jusqua 500 guerriers, tous de la classe libre, et
armés de mousquets. Leur système de guerre offensive et défensive est
d’ailleurs assez bien entendu. Ils sont hardis dans l’attaque; et, lorsqu’ils
ont affaire à des forces supérieures, ils savent fort bien se retirer dans
les bois les plus épais , où ils trouvent bientôt, en raison des connoissances
locales qu ils possèdent, ie moyen de se mettre à i’abri des incursions
que pourroit tenter quelque force armée régulière que ce soit. C ’est au
reste ce dont les Anglais ont pu se convaincre dans les divers engagemens
à la suite desquels ils ont été forcés d’abandonner leur établissement
de Targa, situé sur l’îie du milieu de la Nouvelle-Zélande. Ii est probable
que le différend qui a eu ce résultat a été amené par les intrigues
de quelque convict déserteur; car cette classe d’hommes a souvent été,
dans ces parages, extrêmement nuisible aux entreprises des Européens (i).
Projets des Anglais.— Les animosités qui naissent de la jalousie des
différentes tribus entre elles alimentent ces guerres envenimées et atroces,
aa milieu desquelles toute amélioration sociale paroît impossible. Des
missionnaires wesleyiens qui résident sur ces îles ont cherché déjà
à Dire entendre des paroles de conciliation et de paix, qui pussent servir
un jour ia politique anglaise. Us ont senti que la nomination d’un roi,
qui seroit le chef suprême de toutes les petites principautés dont ia Nouvelle
Zélande se compose, pourroit seule y maintenir une tranquillité
durable.^ Mais qui choisir pour roi ! Il n’est aucun des chefs qui voulût
reconnoître la suprématie d’un de ses compatriotes; et cependant on leur
a fait entrevoir de quelle importance seroit pour eux l’arrangement que
les missionnaires proposent. Si le souverain de l’Angleterre leur envoyoit
un roi, se soumettroient-ils à son autorité? Busby assure qu’ils ne demandent
pas mieux.
« Les choses étant à ce point, poursuit l’auteur que nous venons de
citer. I l est probable que si un agent autorisé par le cabinet de Saint-
James s’étahlissoit à la Baie-des-Iles, ou sur tout autre point qui seroit
jugé plus convenable, et qu’il eût une autorité suffisante pour com-
( I ) L e même fléau se rencontre sur la plupart des autres îles du Grand-Océan ; nous avons
e t e ailleurs particulièrement les iles Sandwich, ( f/nyc.2 plus haut, chap, X X V U , pag. 54 5 .)
C o lo n ie
de
le sN ouve au x-
Z é lan d a i'.
LIVRE V. — D e s S a n d w i c h à P o r t - J a c k s o n i n c l u s i v e m e n t . 9 1 3
mander aux Anglais qui résident dans ces contrées, il pourroit aisément
faire un arrangement avec les princes du pays, en prenant pour base du P o r t-Ja c k so n .
traité la sécurité réciproque du commerce entre les sujets britanniques Digression sur
et ies indigènes. D’après le caractère et l’intelligence reconnue de ces der-
niers, on ne peut douter que leurs chefs ne comprissent parfaitement les
obligations d’une pareille convention, et qu’ils n’eussent en même temps
le pouvoir d’en faire exécuter les clauses.
» Rien au reste ne seroit plus facile que de réduire ies récaicitrans
à la raison; il suffiroit pour cela de.prohiber chez eux ie commerce
anglais, jusqu’à ce qu’ils eussent consenti à remplir ies obligations stipulées
dans l’acte.» Un objet non moins nécessaire, ce seroit, selon les
vues de notre auteut, de faire un traité séparé avec le chef de ia Baie-
des-Iles, pour obtenir de lui la cession d’un terrain voisin du havre
de ce nom, ainsi que ia propriété du havre iui-même, dont toutefois
on conserveroit aux naturels du pays ia libre navigation. Un avantage du
même genre pourroit encore être exigé sur les bords de la rivière Tamise
[Thames], vers la côte Est de l’île la plus septentrionale du groupe, ainsi
que dans quelque port convenablement choisi de la bande du Sud.
L ’agent britannique se trouveroit par là en mesure d’obliger les chefs
à iui remettre tous les convicts déserteurs, qui, infestant sur piusieurs
points ies côtes de la Nouvelle-Zélande, nuisent à son commerce ainsi
qu’au succès des missions. II est à croire qu’en raison du grand nombre
de vaisseaux baleiniers anglais et anglo-américains qui viennent se ravitailler
dans les havres ci-dessus désignés, un droit léger levé sur chacun
d’eux et motivé par la permission de faire de l’eau et du hois, couvriroit
toutes ies dépenses des établissemens projetés ; o u , si cela ne suffisoit
pas, qu’une taxe minime, imposée à Sydney sur les navires qui trafiquent
avec la Nouvelle-Zélande, combleroit amplement ie déficit.
C ’est en conséquence des réflexions précédentes, qui furent soumises
par l’auteur, en juin 1 8 3 1 , au ministre secrétaire d’état des colonies,
que James Busby fut nommé, ainsi que nous i’avons déjà dit, résident
ou plutôt consul britannique à la Nouvelle-Zélande. Il y arriva le y mai
1 8 3 3 (i), et s’y trouvoit encore à la fin de 1 8 3 4 .
( i ) V o ic i un extrait du discours prononcé par cet agent diplomatique, lors de son