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Colonie
de
Pon-Jackson.
Rériexions
générales.
1206 VOYAGE AUTOUR DU MONDE.
« Aucun article important du commerce de cette colonie n’a produit
et ne pourra produire quelque profit en Europe, chargé des frais énormes
que nécessite un aussi long voyage. Et en supposant même que ies
colons fussent en état d’acheter des produits de manufactures britanniques,
iis n’auroient aucun moyen d’en effectuer le payement.
» Les navires destinés à transporter de ces marchandises au Port-
Jackson ne pourroient donc point se charger utilement de ceiles que la
colonie offriroit en échange. Le chanvre, le lin, le coton (en supposant
que ces denrées fussent abondantes dans ia colonie) ne pourroient, venant
de si loin, et chargées d’un triple fret et d’une triple assurance, entrer
en concurrence avec les mêmes produits tirés de pays plus rapprochés.
Ajoutez à cela que ia main-d’oeuvre y est de beaucoup plus élevée qu ailleurs,
et qu’elle augmente la cote des productions du sol. Un accroissement
de population, un commerce suivi de Port-Jackson avec I Asie
et les îles du Grand-Océan, ne sauroient donner à la mère-patrie aucune
espèce de profit.
» Dans de telles circonstances, on peut dire que la population de ia
Nouvelle-Galles méridionale est perdue pour la nation britannique; puis,
iors même que cet établissement ponrroit se suffire à iui-même, ii nen
faudroit pas moins continuer l’énorme dépense qu’exige l’entretien de son
administration civile et miiitaire.
” La fondation d’une coionie si éloignée, continue le rapport, étoit
donc impolitique, et il y a peu d’espérance qu’elle soit jamais autre chose
pour l’Angleterre qu’un lourd fardeau de dépenses, sans aucune espece
d’indemnité qu’on ne pût aisément obtenir avec la di.xième partie des
sommes dissipées dans cette circonstance.» Le rapporteur pensoit encore
que l’établissement de déportation eût été beaucoup mieux place au Cap
de Bonne-Espérance, ou dans la partie anglaise de l’Amérique du Nord.
Sans nier ia vérité de quelques-uns des faits consignés dans i’extrait qui
précède, il faut bien reconnoître aussi que le développement brillant qu ont
pris depuis i 8 1 4 les établissemens anglais aux T erres Australes contraste
d’une manière étonnante avec les fausses prévisions du comité parlementaire
et ia préoccupation du rapporteur. Si donc les succès de ces
colonies ont trompé d’une manière aussi complète les personnes quon
LIVRE V. — D e s S a n d w i c h à P o r t - J a c k s o n i n c l u s i v e m e n t , i 2 0 7
devoit croire le plus avantageusement placées pour apprécier la véritable
situation des choses, ne faut-il pas voir dans ce fait une preuve nouvelle
de ia justesse de cet adage, déjà énoncé pius haut, que la Providence gouverne
à l'insu des hommes, et souvent même maigre' eux, la grande cité du
genre humain!
§. V.
Probab’iTités sur le sort futur de la colonie.
A moins qu’une de ces grandes catastrophes, qui arrivent tout à coup
pour changer la face des nations, ne vienne bouleverser la Grande-
Bretagne et altérer sa puissance, tout semble présager que l’agriculture,
l’industrie manufacturière et le commerce de la Nouvelle-Galles du Sud
continueront à prospérer et à se développer.. La laine d’Australie, le lin
de la Nouvelle-Zélande et ies riches produits des pêches de la baleine et
des phoques dans ie Grand-Océan, continueront longtemps encore à
être des objets d’exportation intéressans et productifs. Et comme les revenus
du gouvernement colonial suivent une progression croissante, on
peut espérer que bientôt la mère-patrie n’aura plus à fournir, sur ce point,
qu’aux seules dépenses de la portion pénale de l’établissement. Ces
sommes, dès aujourd’hui, ne paroissent pas excessives, et se dépense-
roient également en Angleterre, dans le cas où les convicts y seroient
retenus prisonniers.
D’un autre côté, tout semble annoncer que le Port-Jackson obtiendra
bientôt cette chambre législative, désirée avec tant d’ardenr par ies
habitans; et peut-être même cessera-t-on tout à fait d’envoyer à Sydney de
nouveaux prisonniers. Cette mesure suppose l’existence d’un autre foyer de
déportation, qu’on pourra, je pense, établir à la baie Moreton; et il
faut avouer que rien ne sauroit être plus profitable à l’épurement de la
population actuelle, surtout si des moyens sagement ménagés étoient employés
pour ramener aux principes de la morale et de la vertu tant de
gens habitués à marcher dans une route contraire.
Malgré le petit nombre de tentatives qui ont été faites, et qui se poursuivent
encore, pour civiliser les Indigènes, il est à craindre que les
Kéflexions
générales.