
Réflexions
générales.
1200 VOYAGE AUTOUR DU MONDE.
C ’est encore une conséquence forcée du système mixte actuellement en
vigueur, qu’à l’exception peut-être de l’effet moral qui en résultera chez un
petit nombre d’individus, il n’y aura rien d’essentiellement pénible dans
la déportation ; les relaps seuls et les rebelles pourront redouter la sévérité
des lois, tandis que la bénignité du régime aura i’extrême inconvénient
d’être inefficace pour effrayer les malfaiteurs de la mère-patrie ; il est évident
que ceux-là ne verront plus dans la déportation qu’un moyen économique
de se faire transporter sur un nouveau théâtre, où ils auront
i’espoir de faire fortune, et où plusieurs y sont en effet parvenus.
S. ni.
Conséquences matérielles.
Avantages agricoles.— L’agriculture coloniale, considérée au début
comme un objet de nécessité pubiique, est devenue aujourd’hui une source
de spéculation, de lucre et de bien-être, et tout annonce, pour la suite,
des développemens et des succès nouveaux, fondés principalement sur
une connoissance plus intime des choses, et sur de nombreux capitaux.
Les besoins matériels de la colonie sont assurés, non-seulement pour
ia population actuelle, mais aussi pour une population de beaucoup pius
nombreuse, qui, s’avançant progressivement dans l’Ouest et dans le Nord,
finira par envahir un jour toute la surface de l’Australie, et par réunir
ainsi les colonies de l’Est et du Sud avec celles de la rivière des Cygnes
et de l’île Melville [voy. pl. 9 [).
On sait que l’éducation des moutons exige une grande étendue de
pâturages; et puisqu’on en trouve ici dans une immense proportion, il
est facile de prévoir le vaste développement que doit y prendre un jour
la production des laines du pays, les plus belles et les plus avantageuses
qui aient paru jusqu’à présent sur nos marchés.
L’éducation des chevaux ne satisfera pas moins aux besoins des habitans;
et quant à la race bovine, le climat et le sol de la Nouvelle-Hollande
lui conviennent si parfaitement, qu’indépendamment de ce qu’exige la consommation
des colons il sera encore facile d’en livrer aux spéculateurs.
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Après des travaux inouïs, des recherches minutieuses et d’innombrables
tentatives, les agriculteurs de la colonie sont parvenus à faire la conquête
de la vigne et de l’olivier; nul doute que ces précieux végétaux ne les dédommagent
un jour de tant de fatigues et de dépenses, et ne répandent
d’inépuisables trésors parmi eux.
Mais la réunion sur un même sol des productions les plus variées de
i’Europe et de l’Asie ne sera pas un des faits les moins importans et
les moins féconds de leur établissement agricole; et si l’on ajoute à tant
d’avantages, ceux qui résultent de la pêche de la baleine et des phoques,
on conviendra assurément qu’aucun pays ne sera plus favorisé, sous ie
rapport de l’industrie rurale, que celui qui nous occupe.
Manufactures. — En sera-t-il de même des manufactures! Nous avons
vu le peu de développement que cette branche d’économie publique a pris
à Port-Jackson. Tant que cette coionie restera sous la dépendance de
l’Angleterre, on n’y fabriquera guère que ce qui présenteroit des bénéfices
trop minimes pour pouvoir être importé de la métropole; aussi n’a-t-on
rien vu jusqu’ici qui fût susceptible d’y devenir d’une exploitation véritablement
importante.
Commerce.— Le commerce, au contraire, offre des chances brillantes,
multipliées et très-avantageuses; ses limites seront celles de la prépondérance
elle-même de la mère-patrie, et de l’esprit spéculatif et aventureux
de ses négocians. On ne sauroit annoncer encore que d’immenses
avantages et d incalculables bénéfices. Une guerre sérieuse cependant
pourroit singulièrement modifier cet ordre de choses prospère. On
l’a dit mille fois, le commerce immense de la Grande-Bretagne et de
ses colonies repose entièrement sur la supériorité de sa marine, et sur
la nullité de celle de ses voisins et de ses rivaux. L’Angleterre le sait
fort bien, et cette puissance habile et éclairée agit toujours sur cette
doubie ligne, qui est pour elle une affaire de vie ou de mort, de prospérité
ou de décadence rapide. Mais ce sujet sera mieux placé, et trouvera
d’ailleurs un développement nécessaire dans le paragraphe suivant.
Réflexions
générales.