
§. V.
De l ’Homme considéré comme individu.
Tous les navigateurs qui nous ont précédés dans ces parages, ont fait
avec nous la remarque que ia classe des chefs paroit former, chez les
deux sexes, aux îles Sandwich, une race distincte, bien supérieure,
par sa taille, sa force et son intelligence, au reste de la population.
Sous le rapport des traits de la figure, les uns et les autres cependant
se ressemblent (i). Parmi les premiers, plusieurs individus ont au-delà
de six pieds de hauteur, et l’obésité du plus grand nombre est fort remarquable
, sur-tout chez les femmes, qui parviennent, assez jeunes encore,
à un embonpoint vraiment monstrueux (2).
« Malgré cette exubérance incommode , amenée par le régime diététique
auquel les habitans se soumettent, on peut dire, avec M. Gaimard ,
qu’en général les hommes sont bien faits. Leur physionomie, assez
agréable, offre les caractères suivans : Visage ovale, front plus ou
moins découvert, nez un peu épaté , yeux petits et noirs, bouche
grande, lèvres saillantes, belles dents, cheveux noirs longs et légèrement
frisés chez les uns, coupés ras chez les autres, ou en forme de
casque. Quelques figures ont une expression tout-à-fait européenne [voyez
pl. 82 et 84).
» Pour la plupart moins bien que les hommes , les-femmes ont cependant
un air plus doux, des contours plus gracieux ; elles ont le front
découvert, le nez épaté, ia bouche grande, les lèvres saillantes chez un
grand nombre, les dents belles, le sein généralement ferme et proéminent,
les cheveux noirs et disposés de différentes manières, comme ceux
des hommes (pl. 83 et 88 ). Les femmes de Wahou nous ont, en
générai, paru plus joiies que celles de Mowi et d’Owhyhi. >•
La peau est d'une couleur brun clair ; quelques-uns l’ont assez fine.
Sans être privés de barbe, les hommes en ont souvent fort peu. Les
( I ) L a même chose existoit jadis aux Mariannes. ( Voyez plus h au t , p. 2 7 7 .)
( 2 ) K o/ m ci-d essu s, page 523.
LIVRE IV. — De Gûam a u x S a n d w i c h i n c l u s i v e m e n t . 5 7 1
femmes aiment à s ’épiler, et emploient, pour y parvenir, une petite lie s San dw ich,
pince en o s , ou le suc de certaine plante. Nous avons vu à Kayakakoua l’homme
T. • I . / . -i . comme individu. deux ou trois individus qui etoient chauves, circonstance assez rare
chez les gens de couleur.
M. Gaimard ayant mesuré les parties du corps de quelques personnes ,
les nombres qui en expriment les dimensions ont été rassemblés dans
les tableaux suivans. Hévahéva, l’une d’elles, principal prêtre du dieu de la
guerre Tdiri, de Taméhaméha, avoit environ quarante-cinq ans; Tao-a,
jeune Ovvhyhien, pouvoit en avoir trente ; Taoui, trente-deux, et Kouakini,
chef du premier ordre, vingt-neuf. Parmi les femmes, on remarquera
Kamahamarou, reine favorite de Riorio; Koukdi et Moumoukou,
jeunes femmes de Mowi; enfin, Tabourdi, jeune fille de la même île:
la reine et cette dernière paroissoient âgées de dix-sept ans. II n’est
pas sûr que ces femmes de l’îie Mowi fussent de la race des chefs
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