
» suiter une grande diminution dans ie prix que nous donnons à l'eau
» embarquée.
» Nous avons vu que 1 000 litres d’eau distillée coûtoient environ
» 10',66“, et nous trouvons que celle embarquée coûte 1 o', i 6“; nous
B pouvons donc soutenir que ie procédé de la distillation n’a pas d’in-
» fériorité sensible.
» Une observation qui vient à l’appui de la distillation est celle-ci :
» la marine anglaise a substitué de grandes caisses en tôle aux barriques
» de bois. L ’opinion que cette substitution est avantageuse est établie
» en France : or il est aisé de faire voir que les frais pour la conserva-
» tion de l’eau dans ie fer sont plus grands que le prix coûtant de l’eau
» distillée; en effet :
» Une barrique cube de i ‘",45 de côté, en tôle de 6 à 8 millimètres
»d épaisseur, coûte, dit-on, environ 600 francs, dont l’intérêt, compté
B seuiement à 15 p. 0/0 à cause de la durée du fer, suppose une dé-
» pense de 90 francs par an, et, pour 4 mois, de 30 francs.
» La capacité de la barrique étant d’environ 3 000 litres, et sa con-
» servation pendant quatre mois coûtant 30 francs, cela porte le prix
» de I 000 litres d’eau à 10 francs; c’est-à-dire, celui d’un litre à un cen-
» time, comme le litre d’eau distillée; mais il faut de plus ajouter les
» fiais d embarquement : ainsi ia distillation est plus économique.
» Maintenant que nous avons jugé ce moyen de se procurer de l’eau
B douce sous le rapport de ia dépense, jetons un coup d’oeil sur les
» avantages qui lui sont propres.
» Les premiers que nous indiquerons seront une grande économie sur
» le combustible employé pour la cuisine de l’équipage et pour ie blan-
» chiment du linge. On embarque environ 4 ° stères de bois pour un
» équipage de 120 hommes qui doit tenir la mer pendant quatre mois;
» nous croyons qu’on pourra en économiser moitié; en estimant le bois
» à 12*,50“ centimes le stère, cette économie seroit de 250 francs; qu’on
»veuille bien juger de son importance relative, en considérant que la
» dépense totale du combustible pour l’alambic ne doit pas excéder
» 900 francs.
B Nous ne voyons aucune difficulté à se servir du calorique abandonné
A p p e n d i c e . > 3 9 7
» pendant la condensation de la vapeur pour opérer la cuisson des
» alimens ordinaires de l’équipage et pour chauffer la lessive du linge.
» En conséquence, on pourra faire disposer une grande marmite et un
» cuvier en cuivre, avec une double enveloppe, pour laisser circuler la
» vapeur avant de se rendre aux condensateurs. La portion devenue li-
» quide sera conduite hors du vaisseau par le moyen ordinaire, et par
» là nous aurons utilisé une portion de la chaleur que le courant d’eau
» établi dans les condensateurs auroit jetée à la mer inutilement.
» L’avantage que présentera au commerce l’espace laissé libre dans un
» vaisseau à bord duquel on fera de l’eau par ia distillation est très-grand.
» Un bâtiment expédié pour l’Inde pourra disposer utilement au moins
» des I de la place qu’auroit occupée sa provision d’eau embarquée, et
» le prix du fret diminuera sensiblement.
» La santé des équipages éprouvera surtout une influence heureuse de
» 1 abondance et de la qualité de l’eau douce; on pourra cultiver quelques
»plantes potagères, si utiles et si agréables pour ies malades, nourrir
» plus d animaux qu’on ne le fait ordinairement; blanchir ie linge à
» i eau douce, et éviter par là les maladies qui sont dues à i’humidité
» constante du linge lavé à l’eau de mer.
» C ’est une chose admise par tous les navigateurs, que la disette d’eau
» douce est une des cause les plus influentes du scorbut : non-seuiement
» on n’y sera plus exposé, mais l’eau dont on usera sera toujours pure.
» L’embarquement de i’eau pendant ies relâches exige souvent que
» 1 équipage se mette à la mer par des temps mauvais et froids, et qu’il
» s’expose à des dangers. On évitera ces occasions de maladies et de
» mort.
» Il arrive fréquemment qu’on est obligé de faire de i’eau dans des ri-
» vières marécageuses et saumâtres, inconvénient très-grave qui n’exis-
» tera plus. II sera plus commode et souvent moins cher de faire du bois
» que de leau à terre. Nous disons plus commode, parce que rien n’est
» plus facile que de couper du bois et de l’embarquer, tandis que pour
» s approvisionner deau il faut des barriques difficiles à conduire à terre
B et souvent beaucoup de travail; d’ailleurs, il fitudra quatre ou cinq fois
» moins de bois que d’eau.