
D e l’hom m e
comme individu.
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il, on le lait revenir en iui jetant quelques gouttes d’eau sur le visage.
II n’est pas sans exemple de voir des gens affligés d’ulcères aux jambes,
ou de tumeurs blanchâtres aux articulations. En pareil cas on ne se sert
point de topiques ; on se borne à recouvrir la plaie avec un morceau
d'écorce de mélaleuca.
Les brûlures sont fréquentes, à cause du peu de soin que les mères
prennent de ieurs enfans, et parce qu’elles dorment presque toujours
très-profomlément; comme elles se couchent d’ordinaire à côté du
foyer, il n’est pas rare que leurs enfans se brûlent sans qu’elles s’en
aperçoivent. Barrailler parle d’un indigène qui n’avoit pas lie cheveux au
sommet de la tête, par ia raison que dans sa première enfance, il étoit
tombé des bras de sa mère dans le feu , la tête la première. Sa brûlure ne
le faisoit souffrir que pendant les temps pluvieux, sur-tout lorsque la
pluie tomboit dessus, ce qui obligeoit ce malheureux à se couvrir la tête
avec un morceau d’écorce d’arbre.
Art de guérir. — Les ligatures jouent un rôle principal dans le traitement
des maladies. Ont-ils en effet reçu une grande contusion,
une blessure à un de leurs membres, ou bien y ressentent-ils de ces
douleurs rhumatismales auxquelles ils sont si sujets, ils serrent aussitôt
fortement la partie malade avec ia corde de poil qui ieur sert de ceinture ,
et prétendent éprouver par là un grand soulagement. La diète , observée
d’une manière sévère , est le seul moyen qu’ils emploient contre les maladies
inflammatoires, et souvent l’on a vu ces pauvres gens guérir
de maladies graves qui eussent probablement emporté des personnes
habituellement mieux nourries. Pendant la durée de leur traitement ils
ont soin de ne manger ou de ne sucer que les végétaux qu’ils croient
leur être salutaires, et parmi lesquels les Européens n’en ont remarqué
aucun qui jouît de propriétés vraiment énergiques. La pratique de la
saignée ne leur est pas inconnue; ils font l’opération à l’extrémité
supérieure du bras, près de la jointure de l’épaule, qu’ils égratignent ou
coupent avec une coquille tranchante. L’incision a lieu à la tempe, pour
la guérison des maux de tête.
Nous ne rangerons pas au nombre des saignées utiles, le déchirement
volontaire et superstitieux des gencives que se font, près d’un malade, les
LIVRE V. — D e s S a n d w i c h à P o r t - J a c k s o n i n c l u s i v e m e n t . 723
personnes qui desirent lui rendre la santé. Le patient tient le bout d’une P o r t-Ja ck so n .
corde; l’opérateur avec l’autre bout se frotte fortement les gencives ou D e l’homme
- . comme indTvWu.
quelquefois les lèvres jusqu'à ce que le sang en ruisselle. Ce sont ordinaire-
ment les femmes qui remplissent ce douloureux office; elles ont soin de
recevoir le sang qui découle de leur bouche dans un vase à moitié plein
d’eau, s’imaginant, on ne sait trop pourquoi, que c’est le sang vicié du
malade qui passe le iong de la corde jusqu’à leur bouche, et qui
procure, en s’écoulant, le soulagement désiré. Une idée non moins
enracinée chez eux, c’est que le mîtlin esprit est l’auteur de toutes ies maladies
qu’ils éprouvent, et que c’est iui aussi qui cause la mort. Cette idée
les préoccupe et les abat extrêmement lorsqu’ils sont malades ; quoique
ieurs amis tâchent de détruire le charme, par des chants particuliers dont
nous parlerons bientôt. Ce qui paroît moins étonnant, c’est de voir un
ami appliquer successivement sa bouche sur les parties douloureuses
ou sur celles qu’il présume être le siège de la maladie , puis joindre à
cet acte un mouvement alternatif et très-fort de respiration; c’est ià, si
je ne me trompe, un véritable magnétisme animal par insufflation (r).
Mais il est évident que les contorsions qu’on ajoute aux pratiques précédentes
n’aident pas beaucoup au soulagement du patient, non plus que
ies branches d’arbre trempées d’eau dont l’usage veut aussi qu’on recouv
re, en pareil cas, ia personne soufflante.
On fait observer un régime sévère à celui qui ayant long-temps été soumis
à une trop longue abstinence, recommence à prendre de la nourriture
par degrés et à mesure que ses forces reviennent.
Difformités. — Les gens contrefaits sont rares, et l’on n’en voit même
pas d’autres que ceux qui le sont devenus par suite d’accidens ou de blessures;
seroit-ce, comme quelques-uns ie supposent, que les enfans nés
avec des difformités sont mis à mort quand ils viennent au monde?
Collins dit cependant avoir vu sur le sable l’empreinte d’un pied retourné.
( I ) L es naturels du port du R o i-G e o rg e s’ imaginent que la main de leurs tnoulgarradoks
ou m éd ecins, peut leur communiquer la force ou l’adresse ; et ils s’en servent fréquemment
pour cet objet. L e procédé est assez simple : le docteur promène simplement sa main , à
plusieurs reprises, et en appuyant avec force , sur le bras du m a lad e , depuis l’épauIe jusqu’aux
d o ig is , qu’ il tiraille ensuite ju.squ’ à ce que les jointures en craqu ent; ne d o it -o n pas vo ir
encore là une opération magnétique !