
Colonie les convicts une division en deux classes, ainsi que nous le verrons bien-
Port-Jackson. >ôt, le nombre d’années de travaux exigé a toujours constitué la principale
Emploi
des convicrs.
différence des punitions. On a remarqué de tout temps en Europe que
la vie pastorale tendoit à épurer et à adoLicir les moeurs. Mais il semble
que c’est plutôt l’éparpillement des individus que la nature précise des travaux
qu’on leur impose, qui contribue à modifier leurs mauvais penchans.
Quoi qu’il en soit, c’est une tâche bien difficile que de commander à des
scélérats d’un tempérament violent, qui semblent n’avoir qu’un but : nuire
à ceux qui les entourent, et se jouer de l’autorité.
A la Nouvelle-Galles du Sud comme dans notre vieux continent, ces
gens incorrigibles sont presque toujours aux prises avec les gens de justice
chargés de veiller au maintien de l’ordreet à la répression des délits; dans la
colonie on Dit travailler ces forçats sur les routes et dans ies établissemens
publics qui exigent les plus rudes travaux. Les convicts moins intraitables
sont placés chez les habitans, et tenus d’accomplir Une certaine tâche
journalière; le maître à son tour, lorsqu’il reçoit ces hommes des mains
du gouvernement, contracte envers eux diverses obligations dont un règlement
particulier contient les articles.
C ’est ainsi que le maître doit les vêtir et les nourrir de la même manière
que ceux qui appartiennent au gouvernement, et les garder au moins
un an chez lui, sous peine de payer i shilling [ 1/ 2 5 ° ] pour chaque
jour de moins; on excepte toutefois ie cas où ii allégueroit, en temps
opportun, un motif valable pour ne pas les avoir chez lui.
A l’époque où la colonie étoit encore dans l’enfance, le gouvernement
fixa pour chaque jour le nombre d’heures pendant lesquelles un convict
devoit travailler, ou la quantité de travail qu’il devoit faire par semaine,
soit qu’il fût au service du gouvernement, soit qu’il fût à ceiui d’un particulier.
Malheureusement on craignit alors de faire ce règlement trop sévère
et l’on tomba dans l’extrême opposé, à la grande satisfaction des déportés,
et au grave détriment des propriétaires, qui eurent beaucoup à souffrir des
conséquences de cet acte de foiblesse.
de grand chemin, etc., de la même manière que le duelliste ou le condamné politique; « néanmoins
,dit leD.' Lang [op. cit.], on n’a jamais essayé dans la colonie de classer les convicts en
raison de leurs différens degrés de criminalité. »
L IV R E V .— D e s S and a v ich X P o r t - J a c k s o n i n c l u s i v e m e n t . 1 129
Les convicts d’abord n’étoient tenus de travailler pour leur maître que
10 heures par jour, les lundi, mardi, jeudi et vendredi de chaque semaine,
et 6 heures seulement le samedi. L’usage s’étoit même introduit de
finir l’ouvrage à 3 heures; et dans ce cas, lorsque le maître vouloit obtenir
nn travail pius prolongé, ii falioit qu’il en indemnisât ses convicts, ce
qui se régloit de gré à gré.
Dès l’année 1809 ie R.‘'M . Marsden se piaignoit avec amertume qu’on
eût pris des dispositions aussi vicieuses. « Les convicts, dit-il, pouvant
remplir en deux ou trois jours la tâche qu’on leur donne pour la semaine,
ont ainsi à leur disposition tout le reste de leur temps; et comme le prix de
ia main-d’oeuvre est ici fort élevé, en raison du v if désir qu’ont les fermiers
de jouir promptement du résultat de leurs soins et de leurs fatigues,
ies ouvriers qui veulent travailler ne manquent jamais de trouver de l’emploi.
On a vu quelques-uns des plus laborieux gagner jusqu’à 20 et
30 shillings [25*'et 37*^,50'] par semaine, soit de leurs maîtres, soit des
cultivateurs voisins auxquels ils se louoient. Or, cette somme, qui est
énorme, se dépense dans la débauche, et le dimanche est ordinairement
le jour choisi pour s’abandonner à ces sortes d’orgies. >,
Récemment on a voulu remédier à d’aussi monstrueux abus; mais
la tentative a échoué, et ies mauvaises habitudes l’ont emporté sur
toute l’insistance de l’administration.
C ’est ainsi qu’à la fin de i 828 on ordonna aux convicts de travailler
depuis 6 heures du matin jusqu’à 6 heures du soir ; mais comme on pré-
levoit 1 heure pour le déjeuner et 1 heure pour ie dîner, cela revint
encore à 10 heures de travail par jour comme précédemment (i). Recon-
noissons donc avec Dawson que ce qu’on exige de ces hommes est beaucoup
trop modéré, puisque, suivant lui, ie travail donné à la tâche ne
surpasse jamais les deux tiers de celui qu’on exige d’un ouvrier dans les
mêmes circonstances en Angleterre (2).
Quand un convict se comporte bien, ii est traité précisément comme
(1) Le K." M. Caniiidiael pensoit, en 1834, que le travail d’un convict ne valoit pas
au delà du tiers de celui qu’exécute un homme libre ordinaire. (Voyez le N ew South Wales
Calendar, i 8 j 4 *)
(2) Dawson, Présent S ta te o f Australia.
Emploi
des convicts.