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Colonie
de
Port-Jackson.
Réflexions
générales.
1208 VOYAGE AUTOUR DU MONDE,
moyens incomplets que l’on met en oeuvre ne soient pas couronnés d’un
entier succès, et que la population blanche ne finisse à la longue par
anéantir, ou même en quelque sorte par dévorer, à l’aide de ses liqueurs
fortes et de ses vices, cette race infortunée!
Nous sera-t-il permis de porter sur l’établissement du Port - Jackson
lui-même les prévisions d’un lointain avenir! Toute coionie qui, par sa
population et ses produits, peut suffire à tous ses besoins et se défendre
contre ses ennemis, porte par cela même dans son sein le germe de l’indépendance.
Si une telle colonie appartient à une métropole insouciante,
oppressive, qui néglige de pourvoir au bien-être de ses habitans, ou qui y
satisfasse à des conditions trop onéreuses, ce germe d’indépendance se
développe alors avec rapidité. Il est dès lors impossible de l’étouftèr, et
l’on ne peut que le comprimer par la force; mais il appartient toujours à
un gouvernement sage et éclairé, de prévoir de telles extrémités, et d’y
porter remède longtemps à l’avance.
Il existe, avons-nous dit ailleurs, une division fâcheuse entre les habitans
de la colonie d’origine convicte et ceux d’origine libre, et cette
division peut devenir un jour une source de graves désordres. Dépend
il de l’administration de la faire cesser! A Dieu ne plaise que je
veuille ici en émettre le doute ! espérons plutôt que i’épurement futur de
la population permettra d’atteindre un but aussi efficace et aussi désirable!
II n’entre point dans notre plan de parier du sort à venir des colonies
de la Rivière des Cygnes, de Sud-Australie et de l’île Van-Diémen. L’existence
de celte dernière sera toujours liée, ce semble, à celle de Port-
Jackson, dont elle est aujourd’hui la rivale. Nous faisons des voeux pour le
bonheur de toutes, mais nous voudrions sincèrement aussi que les colons
ne fissent pas peser, à ieur tour, un anathème général sur les malheureuses
tribus qui jadis peuploient exclusivement ces lointains rivages.
Nous venons de parcourir tous les âges, tous les progrès, tous les développemens
d’un vaste établissement, depuis le jour où le vaisseau qui
portoit dans un autre hémisphère ie fondateur de Sydney toucha aux
rives de la Nouvelle-Hollande, jusqu’à l’année 1835. Nous avons fini
l’esquisse du tableau que nous nous étions proposé de mettre sous les yeux
du lecteur; il est temps de reprendre ie cours de nos aventures.
LIVRE VI.
D E P O R T - JA C K SO N EN F R A N C E .
C H A P I T R E XLI .
X
■N
Traversée de la Nouvelle-Hollande h la Terre-de-Feu ;
mouillage a la haie de Bon-Succés; arrivée aux îles M a louines,
et naufrage de l’Uranie dans la haie Française.
A huit heures et demie du soir, le 25 décembre, l’Uranie, se trouvant
en dehors du goulet de Port-Jackson, le pilote se disposoit à retourner à
terre , quand on découvrit un convict qui s’étoit caché dans le faux-pont ;
ce misérable étoit pris de vin, et je le remis au pilote, pour qu’il le reconduisît
à Sydney dans son embarcation. Persuadé qu’après les minutieuses
perquisitions que nous avions faites, il ne pouvoit plus y avoir à
bord de convicts déserteurs, je me hâtai de faire route pour m’éloigner
de la côte, en me dirigeant vers le Sud; je me trompois cependant,
et l’on ne tarda guère à en voir paroître une dizaine, qui, blottis dans
la cale, y étoient restés cachés. Étouffant de chaleur et mourant de
besoin, ils se décidèrent enfin à se montrer, au risque de ce qui pourroit
en arriver. Si je fus surpris à leur vue, je ne fus pas moins indécis
d’abord sur ie parti que je devois prendre à leur égard. Je ne me soiiciois
guère de garder avec moi ces hôtes incommodes, et d’autant que la
plupart, n’étant pas marins, ne pouvoient nous rendre aucun service;
mais , d’un autre côté, nous étions déjà fort loin du port, et les vents
étoient trop peu favorables pour songer à y retourner. Ce dernier motif
me décida à les garder. Mon intention étoit de m’élever en latitude pour
passer au Sud de la Nouvelle-Zélande, et même de l’île Campbell, plus
méridionale encore.
Le 30, la brise qui souffloit avec violence fit déclarer une voie d’eau
18:9.
2 5 décembre
J
a
3°-