
D e riiomme
en société.
i n d u s t r i e
manufacturière.
Ne
Parcs. — Chez les peuplades maritiiues du continent austral, les
parcs de pêche sont par tout généralement employés ; on en trouve à l’embouchure
de tous les torrens, dans les rivières et les loties [t) ou enfon-
cemens de la mer au travers des terres; et tous sont construits soit avec
des pierres placées à côté les unes des autres, soit avec des piquets
assez serrés pour empêcher que le poisson qui y entre ne puisse en sortir.
Au seul port du Roi-George, à la Terre de Nuyts, on a compté onze
de ces appareils, dont l’un avoit 300 pieds de longueur et se projetoit
eu mer, sous forme de croissant, à un tiers à-peu-près de cette distance.
On en a aussi trouvé de pareils à la Nouvelle-Galles du Sud , à la rivière
Lachlan dans l’intérieur du pays, ainsi que sur plusieurs points des
Terres de Witt, de Nuyts et du Sud-Ouest.
Armes. — Les hommes s’occupent exclusivement de la fabrique de
leurs armes de guerre, de leurs fii-gigs et de leurs haches de pierre,
dont ils soudent les diverses parties avec la résine du xanthorrhéa,
substance très-adhérente et très-solide , qui n’a pas le défaut de se ramollir
comme d’autres résines à la chaleur du soleil. Ces haches se composent
d’une pierre dure aiguisée aux extrémités et portant une rainure, au
milieu de laquelle on ajuste un manche ; le tout est consolidé par une
forte rousture, recouverte aussi de résine.
Cordes, lignes et filets. — Toutes les autres parties de l’industrie
manufacturière, qui est, comme on va le voir, fort limitée, rentrent
dans les attributions des femmes. Ce sont des cordes ou tresses de poil
d’opossum, propres à servir de ceinturons aux hommes ; des bandeaux en
filets de la même matière, destinés à orner la tête; d’autres filets pour la
chasse, la pêche, et le transport des bagages, tissus avec l’écorce du
kurry-jung. A Sydney, la maille de ces filets est d’une cou texture fort remarquable
, en ce qu’il n’y entre pas de noeuds : on voit un dessin détaillé et
très-exact de ce travail dans l’atlas du Voyage aux Terres Australes (2).
Ce sont aussi des lignes de pêche et des hameçons qui s’obtiennent en
I|il <1 ( I ) On appelle lone, sur les bords du Rhône , au-dessous de V alen ce , les ouvertures étroites et
naturelles par où les eaux du fleuve pénètrent dans les terres; c’est proprement ce que les Anglais
nomment inlet', nous n’avons point d’équivalent de ce mot dans nos vocabulaires de marine.
( 2 ) Planche 29 de la seconde édition.
LIVRE V . — D e s S a n d w i c h à P o r t - J a c k s o n i n c l u s i v e m e n t . 78 i
aiguisant certaines coquilles contre des pierres de grès; un petit caillou P o n - Ja c k s o n .
placé au lieu de plomb au bout de la ligne sert à la faire aller à fond. D e l’homme
Ustensiles de ménage. — Quelques vases à eau se font, soit avec la
feuille membraneuse de certains palmiers, soit avec de petits morceaux
d écorce (pl. 10 2 ) , ou enfin avec les nodosités naturelles des arbres, travaillées
intérieurement a l’aide du feu. Une sorte d’instrument tranchant,
composé delà valve d’une coquille, fixée à l’extrémité d’un womera, sert
au besoin de couteau, et de pommeau quand on veut employer l’instrument
à lancer la sagaie.
Comme objets d’ornemens, l’industrie des femmes produit des colliers
composés de fragmens d’un roseau jaunâtre ou de dents de bêtes, et des
manteaux de peaux de kanguroo ou d’opossum, cousus soigneusement
avec une alene en os et des fiiamens extraits des nerfs du casoar (i).
Ecorcement des arbres. — Un Européen qui voudroit pousser i’écorce-
ment d un arbre à une hauteur au-dessus de sa propre taille, ainsi que
le font journellement les habitans de ces contrées, seroit préalablement
obligé de jeter l’arbre par terre; les sauvages arrivent sans tant de peine
au même but avec une promptitude étonnante. Les plaques d’écorce qu’ils
enlèvent ont environ six pieds de longueur sur trois de largeur, dimensions
qu’ils subdivisent plus tard avec leur hache eu pierre. A mesure qu’ils
s’élèvent le long de ia tige de l’arbre , conformément à ia méthode que
nous avons décrite plus haut, le womera leur sert comme de levier pour
détacher plus facilement i’écorce qui leur est nécessaire.
Cabanes et pirogues. — C ’est avec d’aussi frêles matériaux qu’ils construisent
leurs cabanes temporaires et des esquifs assez légers pour être
portés sur la tête d’un homme; un arc-boutant et des liens placés aux
extrémités maintiennent la régularité de la forme qu’on donne à ces
barques, dont chaque pointe sert alternativement de poupe et de proue.
On les emploie à naviguer dans les ports, les rivières, les lacs, ainsi
que dans toutes les lagunes et autres nappes d’eau qui se rencontrent sur
la côte. En raison de leur foible pesanteur spécifique elles se soulèvent
parfaitement à la lame; aussi mainte fois les Européens ont-ils vu avec
( i ) Les Lapons cousent leurs peaux avec les fils tirés des nerfs du renne.
Voyage de l’ Uranie. — Historique, T . II.