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Histoire
de
P o rt-Ja ck so n .
1831.
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tion manufacturière de la Grande-Bretagne, ou dans ce que i’on nomme
son paupérisme. Cette plaie n’est pas nouvelle ; mais elle s’aggrave progressivement
et avec tant de rapidité', que le gouvernement anglais s’en
alarme avec raison , et que ie cri d’ef&oi est répété par un grand nombre
de ses plus habiles publicistes. Il n’est point de mon sujet de parler ici
des causes qui ont amené et qui entretiennent un si funeste état de choses,
plus d’un auteur a rempli cette tâche; mais je ne puis me dispenser de
faire apprécier, du moins succinctement, les principaux motifs qui oijt
influé avec tant de puissance sur la destinée de la colonie de Port-Jack*
son, et qui doivent probablement s’étendre un jour sur la Nouvelle-
Hollande tout entière.
H est assez difficile de connoître avec précision la quantité énorme
de pauvres qui existent dans les royaumes-unis de ia Grande-Bretagne;
toutefois, J ’âprès un auteur distingué (i) qui a fait de cette matière
l’objet de profondes et importantes recherches, on ne saurait supposer
qu’il y en ait moins de 3 903 631 , distribués ainsi qu’il suit:
2 070000 soutenus par la taxe des pauvres en Angleterre, dans le
pays de Galles et une partie de i’Écosse;
I 833 6 3 1 nourris par la charité publique en Irlande et dans le reste
de i’Écosse (2).
( 1 ) M . le vicom te Alban de V illen eu v e B a rg em on t, dans son Économie politique chrétienne.
ou Recherches sur la nature et les causes du paupérisme.
( 2 ) On conçoit bien que je ne doive point parler ici de la misère qui afflige si profondément la
partie de la population de l’In d e anglaise qui s’occupe du tissage des étoffes. S a situation cependant
est on ne peut pas plus déplorable. D epuis le pe rfectionnement des métiers à mécanique,
en effe t, l’ Europ e s’est à peu de chose prés rendue indépendante des tisserands ind iens,
et même elle est parvenue à les surpasser dans plusieurs genres.
Peu de temps avant son retour en E u ro p e , l’abbé D u b o is parcourut quelques-uns des districts
manufacturiers de l’ Inde. « R ie n n’éga le , d it- il, l’état de désolation qui y régnoit. T ou te s
» les manufactures étoient fe rm é e s; des centaines de milliers d’ habitans qui composent la classe
» des tisserands, et qui, selon les préjugés du pays, ne peuvent, sans se déshonorer, embrasser une
..a u t re profe ssion; une multitude innombrable de veuves et de pauvres femmes, qui vivoient
.. et somenoient leurs familles p a r la filature du coton, maintenant sans ouvrage, sans ressources
.. et mourant de faim : tel est le tableau déchirant qui v int partout s’o ffr ir °à mes regards.
.. C e t anéantissement des manufactures, en interceptant la circulation du numéraire, se fait
..re ssentir par contre-coup d’une manière bien funeste dans toutes les autres branches de
.. l’ in dustrie ;-e t Te cultivateur, qui vo y o it le manufacturier a ccourir tous les a n s , au temps de
.. la moisson, pour acheter ie surplus de ses gra ins , ct lui faire même des avances pour l’aider à
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LIVRE V. — De,s S a n d w i c h à P o r t - J a c k s o n i n c l u s i v e m e n t . 827
D’après le même écrivain, la taxe des pauvres, qui depuis longtemps
s’accroît en Angleterre d’une manière alarmante, s’élevoit en 1831 à
la somme de 8 280 000 liv. sterl................................. 207 000 000 fr.
A quoi l’on doit ajouter un quart au moins de la
même somme pour frais de perception................. 5 1 7 5 0 000
Et pour les pauvres d’Irlande et d’Écosse, en calculant
sur ce que chaque pauvre reçoit en Angleterre,
c’est-à-dire environ 100 fr. par individu............... 183 360 100
Ce qui fait en 1831 un total de.................................. 442- 1 13 loofr.
Pour le même objet, ie capitaine Sturt (i) indique
en bloc, en 1833, la somme de 20 000 000 liv. st.,
o u ................................................... ................................ ■. . 500 000 000 fr.
ce qui est véritablement effrayant (2).
Cette surabondance de population ouvrière sans moyen d’existence
occupe depuis quelque temps , d’une manière toute spéciale, ies hommes
d’état de l’Angleterre (3). 11 est évident qu’un nombre considérable
3; payer ses impôts, ne trou ve plus aujourd’hui à vendre les produits surabondans de sa récolte ,
.. ou bien est contraint de céder à la dure nécessité d’en faire l’abandon à des usuriens a v id e s .
» qui a ch èvent de le ru in e r ... (V o y e z M oe u r s , institutions et cérémonies des peuples de l'Ju d e ,
t. 1 , p. 1 1 8 . )
( I ) V o y e z T w o expeditions into the interior o f southern A u s t ra lia , t. I , p. L V I .
( 2 J L a taxe des pauvres est extrêmement onéreuse pour les possesseurs de terres en A n g
le te rre , car elle porte exclusivement sur e u x ; et ce qui la rend encore plus v e x a to ire , c’est
que les fermiers sont souvent obligés de prendre un nombre d’ouvriers dont ils n’ont que
faire. M a is l ’exemple le plus s ign ific a tif des effets intolérables que produit cette t a x e , c’est
l’abandon qui eut lieu de toutes les propriétés d’une paroisse, dans le comté de B u ck s , par suite
de l’ impossibilité de payer cet impôt. On pourroit citer, à ce su je t , plusieurs faits non moins
déplorables. (V o y e z Report o f the p o o r -law s Commissioners, çag,. 54, 5 5 ,6 4 , 65 , 66, 67, S e e .)
cc S i le système a ctu el-d e rA n g le te rre n’est pas ch angé , é c rivo it naguère W a lte r -S c o t t dans
n le Quarterly R e v iew , avant qu’il soit peu tout ie revenu de.s propriétaires sera absorbé par la
-..taxe des pauvres. D é jà même eile a dépassé ce revenu en certaines paroisses; dans un grand
..n om b re elle en a absorbé les deux tie rs, et elle continue de s’ accroître dans une proportion
31 e ffray an te ; c’est un châtiment sensible pour ceux qui pa r une a v id ité aussi coupable qu’ini-
3. pré voyante ont isolé le paysan du sol qu’ il cultive. I l a rrivera une époque où toute ia rente
3. d é T i terre sera hypothéquée aux pauvres. Une loi agraire sera ainsi établie de fa it, et par-la
.. plus étrange et la plus inattendue des révolutions, les prolétaires des campagnes seront réelle-
3. ment en possession de la totalité du revenu de cette te rre, dans laquelle on ne vouloit leur
3. laisser aucune p a r t ... ( Revue Britannique d’avril i 830 . )
(3 ) V o y e z Report from his majesty's Commissioners f o r inquiring into the administration an d
practical operation o f the p o o r -law s , publié en 18 3 4 .
Histoire
de
Port-Jackson.
1 8 3 1 .