
C o lo n ie
de
8 j 4 VOYAGE AUTOUR DU MONDE.
Quoi qu’il en soit, cette addition de 6 ooo individus établit plus d’harmonie
P o rt-Ja ck son . entre les nombres qui figurent dans notre tableau ; ne seroit-il pas en effet
Population. fort extraordinaire qu’en cinq ans la population eût augmenté de 24 000
individus, tandis que ce nombre est à peu près, à lui seul, la valeur
des augmentations de population des colonies réunies de Port-Jackson
et de l’île Van-Diémen depuis 1828 jusqu’à 1833 , ainsi qu’on peut s’en
convaincre par ie tableau n.° 3 ci-après!
Quoique les documens que nous avons eus sous les yeux ne fissent pas
toujours mention des militaires, ii nous a paru intéressant de noter dans
une colonne spéciale quelques détails particuliers à cet égard. Nous avons
donc essayé de remplir les lacunes qui exis-toient par des nombres hypothétiques,
après en avoir toutefois discuté la probabilité. Le point de
doute qui les accompagne fait suffisamment connoître qu’il ne faut pas
leur accorder une entière confiance.
Notre tableau n.° i n’ayant pu contenir avec de suffisans détails le
résultat du recensement de 1833, nous en avons dressé un tableau à part
sous le n.° 2.
Le n.° 3 fait connoître ie nombre des convicts débarqués, tant à Port-
Jackson qu’à Van-Diémen, d’abord depuis 1795 jusqu’à 1809, et ensuite
depuis 1825 jusqu’à 1833 inclusivement ; et le n.° 4 . le nombre des
personnes convictes et libres arrivées, sur l’un et i’autre des mêmes points,
depuis 1825 jusqu’à la fin de 1833. II convient de remarquer que la
quantité des émigrans volontaires n’est donnée ici que pour les six dernières
années.
La population des sept principales villes ou villages de ia Nouvelle-
Galles, à la fin de 1833, est indiquée sur notre 5.' tableau; et
l’on trouve sur le 6.®, pour diverses époques à compter de 1802, le
rapport du nombre des individus libres, des émigrés volontaires et des
convicts, à la population totale. Enfin nous avons rapporté, dans le tableau
n.“ 7, quel étoit pour les trois années 1802, 1828 et 1833, le
rapport du nombre des femmes à celui des hommes, parmi les différentes
classes d’habitans. Ces résultats offrent de l’intérêt et nous les croyons
même tout à fait dignes de l’attention des hommes d’état. Toujours
est-il certain que ies convicts du sexe masculin se trouvent en quantité
LIVRE V .— D e s S a n d w i c h à P o r t - J a c k s o n in c l u s i v e m e n t . 8 5 5
beaucoup plus considérable que les femmes prises dans la même classe,
et que ie nombre des condamnés mâles débarqués, tant à Sydney qu’à
Van-Diémen, l’a constamment emporté sur celui des condamnées.
La 5.® et la 9.® colonne de notre 3.“' tableau confirment cette vérité,
et font voir en outre que ce défaut d’équilibre entre les déportés des deux
sexes a toujours existé depuis l’origine de ia colonie, et même qu’il a été
croissant. En effet, le rapport moyen pour ies années 1795 et 1809
donne une femme pour 2 hommes f N g , ou 1 000 femmes pour 2 823
hommes, tandis qu’on n’a que le rapport de i à 6,070 pendant l’intervalle
de 1825 à 1833.
Proportion gardée, il a été déporté moins de femmes irlandaises que
de celles nées dans les autres parties de la Grande-Bretagne. On peut
conclure de ces remarques que les femmes, prises en général, sont moins
portées au crime que les hommes; et si l’on se rappelle que les sentimens
religieux sont aussi plus généralement le partage de celles-là, il sera difficile
de ne pas voir dans cette cause le motif essentiel de la différence
dont il s’agit.
Quoi qu’il en soit, les Anglais ont vivement senti les inconvéniens
graves qui devoient résulter pour la colonie de cette grande disproportion
des sexes, et ils ont fait tous ieurs efforts pour y porter remède. Un journal
(le Temps) a dit qu’en 1834 on avoit expédié d’Angleterre pour l’îie
Van-Diémen un navire ayant à bord 290 jeunes fiiies, bien portantes et
de bonnes moeurs. La cargaison qui avoit précédé cet envoi, ajoute-t-on,
avoit fort bien rencontré, et à peine restoit-il deux ou trois mariages ou
(comme s’exprime le journaliste) deux ou trois placemens à opérer, quelques
jours après ia mise à terre de cette cargaison d’une nouvelle espèce.
Un autre vaisseau portant 340 jeunes femmes, la plupart entre 16 et
25 ans, fit aussi voile pour Sydney, sous la direction d’un membre du
comité d’émigration. Des familles entières s’y rendirent, et l’on remarqua
dans le nombre une mère accompagnée de sept filles, et une autre famille
composée du père, de la mère, de dix filles et de deux fils.
Il n’est pas douteux que, dans l’état de singulière pénurie où se trouvent
les deux colonies, ces jeunes personnes n’aient dû être accueillies avec
transport; mais quelle cruelle position pour celles qui, étant réellement
Q q q q q *
Population.