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Course
au Nouveflu-
Fribou rg.
procurée notre consul; accompagné du maître canonnier de/<3 Physicienne,
M. Rolland, tjui faisoit les fonctions de chasseur; d’un matelot conduisant
un mulet chargé de biscuit pour 20 jours; de munitions de chasse, de
diverses boîtes pour conserver ies oiseaux, les insectes, &c., je me
dirigeai, le 19 juillet, vers les montagnes dos Orgaôs, dont on voit de
l’autre côté de la rade les longues aiguilles de granit se détacher de leur
masse bleuâtre. C ’est derrière ces montagnes que se trouve la colonie du
Nouveau-Fribourg, vers laquelle nous nous rendîmes par le plus long
,^B«çhemin, afin d’avoir un plus grand nombre d’observations à faire.
» Le premier jour nous allâmes coucher à Praia-Grande (pl. 1), bourg
auquel on venoit récemment d’accorder le titre de ville, et ie lendemain,
avant la pointe du jour, nous nous remîmes en marche pour continuer notre
chemin. Mais nous ne connoissions que fort inexactement la direction que
nous devions suivre; quelques questions adressées à l’aubergiste qui nous
avoit logés n’avoient répandu qu’une foibie lumière sur ce que nous
désirions savoir, aussi fûmes-nous très-reconnoissans envers M. le colonel
Vélasco, qui, attaché à l’ambassade d’Espagne, et en ce moment
à Praia-Grande, voulut bien avoir l’obligeance de se procurer lui-même
quelques renseignemens sur notre itinéraire, et nous les communiquer.
» Nous côtoyâmes la rade à peu de distance pendant une partie dn jour,
apercevant par intervalle des îles verdoyantes, ornées de jolies maisons
de campagne; quelquefois c’étoit un rivage marécageux, couvert de man-
gliers et rempli de trous de crabes, animal remarquable en ce qu’une
de ses grosses pattes est, par rapport à l’autre, d’une dimension disproportionnée.
A notre droite s’élevoient de nombreuses collines toutes
assez bien cultivées. Des habitations, des jardins, des plantations variées
de café, de manioc, de palma-christi, et d’orangers surchargés
de fruits en maturité, nous accompagnèrent pendant près de 4 lieues,
et rendirent cette rouie une des pius agréables que j’aie parcourues de
ma vie,
» Bientôt, forcés d’abandonnerun chemin assez large, et denous engager
dans de petits sentiers qui suivent diverses directions, nous nous égarâmes.
Obligés de rétrograder pour reprendre la bonne voie, nous n’avançâmes
que de 5 lieues ce jour-là. Admis le soir dans une ferme apparn
LIVRE VI. — De P o r t - J a c k s o n e n F r a n c e , 13 6 1
tenant à un vieux nègre, qui paroissoit fort riche, nous passâmes péniblement
la nuit sur des nattes, à ia manière du pays.
» Le lendemain nous voyageâmes sur un sol uni. A i ’Est, dans l’éloigne-
ment, on voyoit quelques montagnes peu élevées, des fermes bien tenues,
et quelques chapelles isolées, qui, répandues çà et là, diversifioient le
paysage. Etant arrivés, avant ie milieu du jour, à peu de distance du port
das Caixas [voy. pi. 1) , nous espérions pouvoir aller coucher à la vilie
de Macacu, sur la rivière du même nom; mais, parvenu près de la rivière
das Caixas, qu’on passe à gué, notre mulet s’enfonça dans un bourbier,
au point que nous le crûmes perdu. On lui enleva sa charge, mais il
fallut des peines infinies et le secours de plusieurs nègres du pays pour
le tirer de la fange, où, sans doute, il fût resté tout à fait si nous eussions
été livrés à nos propres forces,
» Le port das Caixas est attenant à un petit village où les voyageurs ne
s’arrêtent pas ordinairement, parce qu’il n’y a aucune auberge, et où l’on
ne rencontre cju’un petit nombre de marchands. II avoit beaucoup plu
quelques jours auparavant, aussi trouvâmes-nous que les chemins étoient
affreux. Quelques bateaux, qui se montrèrent à nous, descendoient la
rivière da Aldeia, pour se rendre dans celle plus grande de Macacu, et
de là dans la rade de Rio de Janeiro, Après dîner nous allâmes à une
ancienne sucrerie isolée, qu’on appelle Cathalina, du nom de la personne
qui l’habite, et qui est veuve, nous dit-on, d’un colonel de milice. Comme
nous comptions peu sur notre mise de voyage pour nous attirer quelque
considération de la part de cette dame, je voulus lui montrer notre
portaría pour nous faire connoître, mais ce soin fut inutiie : doua Catha-
iina ne voulut point ia lire, et une hospitalité franche nous fut accordce.
Placés dans i’appartement destiné aux voyageurs, nous pûmes tout à
notre aise y préparer les oiseaux que nous avions tués dans la journée,
et nous eûmes même la permission d’y séjourner encore tout le lendemain
, faculté dont nous profitâmes autant pour laisser reposer notre
bête de somme, que pour avoir le temps de nous procurer certains
oiseaux qui fréquentent plus particuiièrement les plaines et les lieux
découverts,
» L’instant où nous arrivâmes étoit précisément celui où l’on revenoit
Course
au N o u v e a u -
Fribourg.