
N . G a lle s du S . en projetant leurs pointes sur la route. J ’observai même, sous ces masses
G é olo g ie saillantes, des excavations verticales semblables à celles qu’on voit communément
et minéralogie.
dans les falaises battues par les flots, et qui ne sauroient être
produites par aucun autre agent qu’eux.
» Après avoir parcouru quelques milles dans cette vallée entourée
de hautes montagnes, on s’aperçoit tout-à-coup que le terrain a changé
de nature, et qu’il est devenu granitique, sans plus laisser aucune apparence
de grès, du moins le long de la route qu’on parcourt jusqu’à
Bathurst. Ce changement paroît se faire brusquement; le soi couvert de
verdure, et la rapidité avec laquelle nous marchions, ne m’ont pas permis
de distinguer précisément l’endroit où il s’opère.
» C ’est à ce point, quel qu’ii soit, que nous établirons la seconde division
des Montagnes-Bleues. L ’aspect du pays change là avec sa nature
géologique; et l’on peut dire qu’après la passe de Cox, les obstacles
qui s’opposoient à une connoissance plus intime de cette contrée furent
levés, Ici on n’a plus des murailles insurmontables à franchir, ni une
désolante sécheresse à redouter : les montagnes, en se déprimant, laissent
entre elles plus d’espace; ieurs pitons arrondis et leurs pentes plus douces
permettent de les parcourir beaucoup plus facilement : quelques rivières
et de nombreux ruisseaux coulent dans tous les sens, et les graminées
croissent, comme sur les bords de la Nepean, à l’ombre des grands
arbres, qui se montrent seulement plus espacés entre eux.
» Depuis long-temps on savoit que ces montagnes contiennent des
terrains primitifs ; la Nepean et d’autres rivières en rouloient des galets
jusqu’auprès de leur embouchure. Si ceux qui les premiers formèrent le
projet de pénétrer au-delà de ses barrières naturelles , avoient su que
presque toujours le sol granitique est abondamment pourvu d’eau, la
crainte d’en manquer en avançant ne les eût point découragés.
» Le granit de ces montagnes est rougeâtre, avec de larges cristaux
de feldspath rose. Les échantillons les plus beaux proviennent de la
rivière Cox, dont le lit est encombré par des masses de cette roche.
On y trouve aussi des galets assez gros de phyllade noir, qui proviennent
de beaucoup plus haut, car on ne voit aucune couche de cette
substance aux environs.
» Une fois qu’on a dépassé le mont Evans (i), dont le sommet est N .G a l l e s d u S .
couronné d’un mur naturel qui ie fait paroître de loin comme une forti- Géolo g ie
^ ^ ^ et minéralogie.
fication, ies montagnes diminuent de hauteur, et deviennent ondulées.
Elles sont tellement recouvertes de graminées, qu’elles forment une prairie
naturelle et continue. Rarement le sol s’y montre-t-il à nu; toutefois
des morceaux de phyllade grisâtre, trouvés à sa surface, indiquent
que cette roche est dans quelques endroits superposée au granit.
» Au passage de la rivière Fish, on remarque sur la droite, en allant
à Bathurst, une disposition du granit à s’élever, comme des basaltes,
en prismes verticaux. Cette particularité n’ayant lieu que dans un petit
espace que la rivière paroît couvrir dans ses débordemens, est peut-être
un effet de l’action des eaux.
» Nos observations relatives aux Montagnes-Bleues se sont terminées
à la ville de Bathurst, dans les plaines du même nom ; ondulées et
bordées par des collines, ces plaines, que traverse la rivière Macquarie,
peuvent avoir trois ou quatre lieues de longueur. Au-delà s’élèvent à
l’Ouest d’autres montagnes , plus hautes qu’aucune de celles que nous
avions parcourues; leur sol paroît être un produit d’alluvion, qui offre
une terre meuble et toute granitique, dans laquelle le quartz et le mica
se trouvent en petits cailloux roulés , tandis que le feld-spath y est
entièrement décomposé.
» Quelques masses granitiques en décomposition, dont on peut enlever
des fragmens avec la main, se voient au bord de la rivière. Le
cours de celle-ci est encombré par un îlot, composé de galets, de schistes
de diverses espèces, de granit, de silex, et d’une terre ocreuse de plusieurs
couleurs. Ces amas proviennent des montagnes dont nous venons de
parler, et où ia rivière paroît prendre sa source. J ’ai vu des échantillons
roulés de quartz limpide , ainsi que des roches porphyroïdes à pâte très-
fine , qui y avoient été recueillis.
» Il est facile de se convaincre par ce qui précède et par les découpures
et inégalités nombreuses du terrain dans cette contrée, que les
( i ) J e n’ai trouvé cette montagne indiquée sur aucune des cartes que j ’ai con sulté es; ii
paroîtroit qu’elle gît entre le mont Y o rk et le passage de la rivière F ish , situé à peu da
distance plus à l’Ouest (voyez pl. 9 2 ) .
I