
actuéis.
c,o6 VOYAGE AUTOUR DU MONDE.
C o lo n ie avoir dormi aussi bien sous un de ces frêles abris qu’il eût pu le faire
Pon-.Ia^ck5oii. Palais, et, peut-être même, ajoute-t-il, beaucoup mieux (t).
Indigènes A-t-on suffisamment considéré à quel point ia douceur du climat, la
possibilité de trouver sa subsistance dans la forêt, la liberté et les plaisirs
qui accompagnent la vie errante du chasseur, devoient rendre
difficile d’attacher d’une manière permanente ies sauvages à une partie
fixe du solî L ’exemple et les conseils de l’homme échouent toujours
devant les passions et la puissance d’une longue habitude. Au reste,
on peut appliquer à ces sauvages ce que Tacite disoit des anciens Germains
: Id heatiàs arbitrantur quant ingemere agris, iUahorare domibus, suas
alienasque fortunas spe metuque versare (2).
Dawson, qui a vécu longtemps parmi ceux du Port-Stephens, et dont
le.s récits offrent taut d’intérêt et un caractère si grand de vérité, Dawson
pense que, pour appeler à l’habitude du travail ces tribus errantes,
ii n’eût point fallu leur imposer de tâche d’une manière trop directe
et trop absolue, mais se borner à ieur persuader de rendre bénévolement
aux colons les petits services dont ils étoient capables. Une certaine
quantité de nourriture, en rapport avec la durée de leur travail, eût
été leur récompense, et eût suffi pour stimuier ieur zèle. Ainsi, des
relations amicales se fussent établies entre les deux peuples ; et la civilisation
, en s’insinuant pour ainsi dire goutte à goutte, eût répandu
parmi eux ses salutaires effets.
L'auteur que nous venons de citer a eu fréquemment occasion de remarquer
l’extrême facilité avec laquelle ces sauvages imitent ce qu’iis
voient faire aux Européens : «Les uns, dit-il, pansoient les chevaux aussi
» bien qu’un palefrenier; d’autres soignoient un ragoût avec autant d’a-
» dresse et de gravité qu’eût pu le faire un véritable chef de cuisine, aa
Dawson leur accorde une conception prompte .en général, mais il les accuse
de manquer de prévoyance, et de ne savoir s’occuper que des besoins
( 1 ) T h e poor natives soon m a d am e one o f their (bark huts ) , and I slept as
well in it as i f I had been in a palace ; perhaps much better. (D aw son ’ s Present slate o f
A u s tra lia . )
(2) Mais ils trou ven e c e la pius doux que de consumer sa vie à cu ltiv er, à bâtir, à tourmenter
sa destinée et celle d’autru i, à se bouleverser d’ espérances et de craintes. (D e moribus Ge rma -
norum. )
a ctuels.
L IV R EV . — D e s S a n d w i c h à P o r t - J a c k s o n i n c l u s i v e m e n t . 907
du moment. Chaque peuple, sans doute, a ses qualités et ses défauts C o lo n ie
particuliers qui constituent son caractère ; mais c’est par l’action lente et jtckson
progressive du temps, jointe aux moyens que l’expérience autant que indigènes
le raisonnement nous ont montrés comme ayant le plus d’empire sur les '
hommes, qu’on peut espérer de le modifier un jour, enfin de retirer les
sauvages de leurs forêts et de les civiliser.
Missions protestantes. — Ces idées sans doute ont trouvé grâce auprès
de quelques ministres protestans, puisque des missions ont été récemment
établies par eux à Wellington-Valley, puis aux bords de la
rivière Macquarie, et dans un autre district, au Sud-Ouest de la rivière
Hunter. Une dotation de 10 000 acres [4 047 hectares] de terres,
a été mise en réserve pour satisfaire aux dépenses que ces établissements
exigent; et les budgets coloniaux de 1832 et 1833 ont aussi affecté
une somme de 500 livres sterling [ 1 2 500 fr .] , la première année, et
de I 400 liv. [3 5 000 fr .], la seconde, pour le même objet. Une moitié
environ de cet argent est destinée à fournir aux néophytes des vivres ,
des couvertures et des vêtemens ; mais j’ignore le détail des moyens que
les personnes chargées de cette oeuvre importante autant que délicate
ont mis ou comptent mettre en usage pour atteindre leur but. Espérons
que, s’éclairant des lumières du passé, ils sauront rendre leurs tentatives
à la fois utiles et efficaces. .
Quoi qu’il en soit de ces succès futurs, il est évident que ce qu’on a
fait jusqu’ici n’a produit que de foibles résultats pour la civilisation des
indigènes ; et il n’est pas moins certain que ce n’est ni le caractère de ces
sauvages, ni leur défaut d’intelligence et de capacité qui en ont été la
cause.
Mais ne doit-on pas appréhender que la race infortunée des Australiens
ne s’éloigne de plus en plus des foyers de colonisation qui se pressent
autour d’elle! Ces hordes déjà chétives s’amoindriroient encore alors; et
il ne resteroit à cette froide philanthropie, qui a tant de fois affecré
de se montrer si dévouée et si ardente, que la honte d’avoir échoué
devant le pacifique Nouveau-Hollandais !
Craignons qu’un jour nos neveux n’appliquent à ces aborigènes ce
que l’on dit aujourd’hui, avec tant de justesse, d’un grand nombre