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famille Sumter (i), M. ie comte de Gestas, sa respectable tante M“ “ de
Roquefeuil et M. l’abbé Boiret, qui tons me renouvelèrent le touchant
témoignage de leur attachement. Notre consul général lui-même se
multiplia en quelque sorte pour nous rendre service, et fit avec beaucoup
d’activité et de bienveillance toutes les démarches officielles nécessaires
au radoub de notre vaisseau.
« Nous trouvâmes, dit M. Quoy, la ville de Rio de Janeiro sensiblement
embellie. Plusieurs maisons, que nous ne connoissions pas encore,
se faisoient admirer dans divers quartiers, et tous ies jours il s’en éievoit
de nouvelles. Quantité d’étrangers avoient apporté leur industrie dans
cette capitale, et le nombre de nos compatriotes y alloit toujours croissant.
La campagne, aux environs de la ville, nous parut aussi beaucoup
mieux cultivée, et les plantations de café se développer en quelque sorte
à vue d’oeil. En général ce ne sont pas les Brésiliens qui cultivent ici Je
mieux la terre, et nous remarquâmes avec plaisir que les campagnes les
plus jolies appartenoient à des Français.
» Mais, si ces derniers rivalisent et l’emportent même sur les autres
peuples pour cette branche particulière d’industrie, ii n’en est pas ainsi
du commerce extérieur, dont les pius grands avantages sont presque tout
entiers entre les mains de la Grande-Bretagne; on diroit à cet égard que
le Portugal et le Brésil sont des colonies appartenant aux Anglais. Les objets
manufacturés dont ils encombrent la contrée sont livrés au plus bas
prix, et sujets à des droits moins forts que les marchandises du Portugal
Jui-même. Partout on ne rencontre, pour ainsi dire, que les navires de nos
rivaux, tandis que ceux de France y sont rares; encore n’y a-t-il guère que
Bordeaux et le Havre qui puissent soutenir la concurrence.
» Le foible trafic de nos articles de modes est ceiui qui jusqu’ici a
paru nous être le plus avantageux, c’est du moins ce qui avoit lieu en
1820, et explique pourquoi nous trouvâmes établies dans la capitale une
foule de modistes françaises.
» Dans 1 intervalle de nos deux relâches, un architecte de notre nation
( 1) Précédemment chargé d’affaires des É ta ts -U n is anglo-américa ins, M . Sumter avoit été
remplacé depuis peu par M . A p p le to n ; mais son retour dans sa pa trie étoit retardé pa r la
grossesse de sa femme.
LIVRE VI. '— D e P o r t - J a c k s o n e n F r a n c e . 1351
avoit érigé sur le bord de la mer un petit édifice assez élégant, destiné à
une bourse, et dans le Campo Santa-Anna un vaste cirque en bois pour
servir au combat des taureaux (i). »
Ce fut ie 24 juin la fête de Sa Majesté D. Jean VI ; la veille on avoit
allumé avec pompe les feux de joie d’usage, et il y eut grand gala à la
cour. Le roi, que j’allai saluer, daigna me dire des choses gracieuses sur
mon retour au Brésil, et sur ia manière heureuse dont j’étois sorti des
Malouines; il m’engagea à venir ie voir un autre jour à sa maison de
campagne de San-Christova5 , où il auroit, disoit-il, beaucoup de plaisir
à m’entendre lui faire le récit des principaux événemens de mon voyage.
J ’eus pareillement l’honneur de faire ma cour à la reine, aux princes et
princesses, qui ne se montrèrent ni moins aimables ni moins bienveillans.
Avant la réception , M. Maüer me présenta à divers personnages du
corps diplomatique : MM. le comte de Gaza Flores, ministre d’Espagne;
le baron Mareschal, chargé d’affaires d’Autriche; le baron de Tuyli, ministre
de Russie; dal Borgo di Primo, chargé d’affaires de Danemarck;
Cromelin, chargé d’affaires de Hollande ; le marquis de Grimaidi, ministre
de Sardaigne; le comte de Flemming, ministre de Prusse. J ’entrai aussi en
relation avec M. le maréchal Beresford, qui me présenta de son côté
à MM. ies capitaines White, du vaisseau anglais le Superbe ; Maitiand,
du vaisseau le Vengeur: officier qui transporta Bonaparte à Sainte-Hélène;
enfin je vis M. Henne, commissaire pour ia traite des noirs, et naguère
secrétaire intime de lord Amherst pendant son ambassade en Chine;
sa conversation me parut fort attachante.
Cependant je faisois chercher depuis plusieurs jours une maison en
ville, dans iaqueile nous pussions dresser notre observatoire; mais on
ne trouva rien de plus convenable qu’un local un peu isolé dans le faubourg
du Catète, près de Praia Flamingo; c’est là où je m’établis personnellement
et où je fis descendre les instrumens d’astronomie et de physique
dont nous devions faire usage. Je m’adjoignis, pour cette partie de
nos travaux, M. Duperrey, officier aussi exact qu’exercé, laissant à ia sage
expérience de M. Lamarche, mon second, la surveillance supérieure des
réparations de la corvette.
( 1) t. I , p. 184 et 185.
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