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CHAPITRE XL.
Réflexions générales sur le Port-Jackson.
11 semble qu’une récapitulation de ce qui précède devroit suffire pour
compléter la tâche laborieuse que nous nous sommes imposée relativement
au Port-Jackson ; cependant, après avoir rendu compte avec détail,
du passé et de l’état présent d’une colonie remarquable à tant de titres,
comment ne pas être tenté de mettre en présence, dans un cadre succinct,
le but, les moyens et les résultats, et de constater jusqu’à quel point il y
a eu entre eux harmonie ou désaccord, sous le double rapport matériel et
moral! Ce coup d’oeil rapide sur ce qui est nous conduira naturellement
à jeter un regard sur ce qui n’est point encore, et à nous demander
quel avenir est réservé à ces populations nouvelles, dont l’origine, comme
celle de l’antique Rome, se cache dans le crime, et dont la destinée nous
apparoît déjà si brillante et si féconde! quelle sera, en un mot, pour l’humanité,
l’influence de la civilisation européenne, agissant d’une part,
dans de si grandes proportions, sur cette multitude de tribus sauvages
qui pullulent à ia Nouvelle-Hollande et dans les nombreux archipels du
Grand-Océan, et menaçant de l’autre d’enlacer et d’exploiter, au profit
d’une ambition exclusive et insatiable, ia grande famille asiatique,
depuis ies bords de la mer Rouge jusqu’aux rivages reculés de la Chine
et du Japon! N’est-ce pas en effet sur ce vaste terrain que deux nations
puissantes, suivant une route opposée, semblent s’être donné rendez-vous
pour s’y disputer l’empire, et entraîner après elles, dans la lutte, tout à la
fois l’occident et l’orient, l’ancien et le nouveau monde! C ’est à ces considérations
pleines d'intérêt et d’importance que nous consacrerons ce chapitre.
Récapitulation.
Nous avons essayé de montrer, dans les pages ci-dessus, comment
une vaste contrée, naguère sauvage et presque déserte, avoit passé de
LIVRE V. — D e s S a n d w i c h à P o r t - J a c k s o n i n c l u s i v e m e n t , i 1 9 t
son état primitif de barbarie à ce degré brillant de prospérité qui fait
aujourd’hui l’admiration de i’Europe.
Plusieurs chapitres ont été spécialement consacrés à faire connoître la
Nouvelle-Galles du Sud, à l’époque où les Anglais vinrent s’y établir,
et où l’activité industrieuse de l’homme civilisé n’avoit encore modifié
ni le pays, ni les moeurs des aborigènes. Quoique la description que
nous en avons faite ait dû nécessairement se ressentir de la brièveté de
notre séjour dans cette partie du globe, et de la grande distance qui nous
en a séparé depuis, nous osons espérer cependant que l’ensemble de
nos aperçus n’aura pas été sans intérêt pour le lecteur.
Après avoir parlé des habitans primitifs de ces contrées, nous avons
abordé l’histoire de la colonie pénale, dont nous avons montré l’origine
et les phases diverses; nous avons tracé le tableau des obstacles qu’elle a
rencontrés, des progrès qu’elle a accomplis; puis nous avons classé avec
soin ies faits nombreux qui permettoient de i’ctudier sous toutes ses
faces. Dans ce récit, et les renseignemens officiels qui l’accompagnent, on
a vu comment une population bizarre, tirée presque en totalité des classes
les plus abjectes de la société, a pu servir à développer les divers genres
d’industrie et un état prospère; comment la science du cultivateur a
succédé à l’inhabileté des premiers coions, l’abondance des produits aux
sécheresses, aux inondations et à la famine; en un mot, comment l’ordre
a pu triompher du crime et de la révolte, l’économie se substituer aux
dépenses excessives, la richesse à la stérilité, enfin ia puissance remplacer
l’état précaire et jeter des racines profondes là où pendant longtemps on
n’avoit vu régner qu’incertitude et misère.
Nous avons ensuite appelé l’attention sur l’état de l’agricuiture, des
manufactures, et sur les sources de ce commerce actif, qui, en fondant la
fortune des habitans, a fixé aussi celle de ia colonie. Son gouvernement,
son administration, sa législation à part, ses tribunaux , ses finances et
sa force militaire ont été tour à tour l’objet de nos études; et l’on trouvera
dans les tableaux numériques qui y sont joints un moyen de se rendre
compte de l’état de ia coionie à toute époque donnée de son histoire.
Le système pénitentiaire adopté sur cette terre, tout à la fois de châtiment
et de réforme, est devenu également pour nous l’objet de spéciales
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Réflexions
générales.