
Colonie
de
P o rt-Jackson.
Moeurs
des colons.
\musemens.
» colonie, aura mis à une trop rude épreuve les sentimens honnêtes de
» ces jeunes émigrantes , et que plusieurs ne soient devenues victimes de
» la corruption au milieu de laquelle eiles étoient obligées de vivre (1)!»
Malheureusement il n’est que trop probable que cette fatale conséquence
se sera réalisée souvent ; néanmoins espérons que le contraire aura eu iieu
aussi quelquefois, et tju’aiors un petit nombre d’individus aura profité, pour
son bien-être, de cet amalgame hétérogène de la population. On a vu que
depuis queiques années un assez grand nombre de familles libres s’étoient
répandues sur divers points de la colonie; les moeurs générales s’en seront-
elles améliorées d’une façon notable! ou bien doit-on craindre avec le
D ’’ Lang «qu’au lieu d’élever à ieur niveau, dans l’échelle des bonnes
» moeurs, la masse corrompue de la société qui les entoure, ce soit le
” contraire qui se soit réalisé! »
Le théâtre, dit-on, doit être l’école des moeurs. Nous avons de fortes
raisons de croire que, malgré son épithète de royal, celui qui existe à
Sydney n’ait pas constamment rempli ce but honorable; le D ' Lang se
prononce même à cet égard d’une manière tout à lait négative.
Les courses de chevaux, dont les Anglais sont si passionnés, ne pouvoient
pas manquer non plus de s’introduire dans ia colonie. Déjà, pendant
l’administration du gouverneur Macquarie, il y eu avoit eu piusieurs
à Sydney; mais ce genre d’amusement s’est depuis lors considérablement
développé, et a même été organisé d’une manière régulière sous le gouvernement
du général Brisbane. Indépendamment des courses qui se
faisoient dans la capitale, on en voyoit aussi en 1833 à Parramatta,
Windsor, Liverpool, Campbell-Town, Maitland, Patrick-PIains, Bathurst
et Goulburn. Ces sortes de passe-temps sont trop connus aujourd’hui
en France pour qu^nous entreprenions de les décrire ; ordinairement
iis deviennent à Port-Jackson le prétexte de nombreuses réunions ,
de bals et de repas, où la tempérance ne préside pas toujours.
L’existence d’un théâtre a dû naturellement attirer des musiciens à
Sydney, et la présence de ceux-ci donner lieu à des concerts dans lesquels
ont afflué les dilettanti de la colonie. On cite en particulier ia grande fête
qui se célébra, le i 6 décembre 1834, dans une des salles de l’hôtel Pultney,
(i) y in New-South -Wales Calendar J
LIVRE V. — D e s S a n d w i c h à P o r t - J a c k s o n i n c l u s i v e m e n t . 873
sous le patronage du gouverneur; le prix des billets d’entrée ne s’éleva pas
à moins de 7®'* 6'* [ f , 37''']; la musique, dit-on, y fut variée et bien
choisie.
Outre ces récréations, les combats de grillons, ceux de boxeurs, les
joûtes sur l’eau (i), ainsi que différens autres genres de luttes entre les
jeunes gens créoles et ceux nés en Angleterre, occupent encore de temps
en temps les oisifs. Mais le beau monde préfère en général de simples
promenades dans des voitures élégantes et légères, sur quelqu’une des
belles routes qui avoisinent les villes ; c’est ainsi qu’à Sydney le rendez-
vous des fashionahles est sur le chemin qui conduit au phare. L’usage de
cette promenade est aussi répandu qu’il est agréable et utile à la santé,
S. IV.
Maladies.
Nous avons parlé dans notre chapitre X X X de l’extrême salubrité du
climat de la Nouvelle-Galles du Sud ; on doit donc s’attendre à ce que ies
maladies soient rares dans un tel pays; et en effet on ne voit guère dairs
Je petit nombre de celles qui y régnent, qu’une conséquence de la mauvaise
conduite de ia plupart des coions, et des débauches en tous genres
auxquelles ils se livrent. Ce qu’on nomme en Europe maladies des enfans
étant ici presque entièrement inconnu, nous ne nous étendrons pas sur
cet article; mais nous dirons sommairement, d’après le D’’ Lang, quelles
sont les incommodités les plus fréquentes des personnes adultes.
Nous reconnoîtrons d’abord pour causes efficientes d’un grand nombre
de ces perturbations sanitaires, l’emploi d’une nourriture animale trop
abondante, et surtout l’usage excessif des liqueurs alcooliques, source
principale de presque tous les maux corporels dont sont affligés les coions.
Les ophthalmies, la dyssenterie, les catarrhes sont les affections
qui s’observent le plus fréquemment. Tantôt ia première de ces maladies
est amenée par les vents secs et brûlans du Nord-Ouest; d’au-
( I ) Les canots des jouteurs ont tantôt quatre avirons chacun et tantôt six. D an s la joute qui
eut lieu le 8 octobre 1 S 3 4 , le pri.-! destiné au vainqueur lut de 30 liv. st. [ 7 5 8 fr, ].
C o lonie
de
P o rt-Ja ck son .
Alururs
des colons.