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Digression sur
les Nouveaux -
Zeiandai?.
Quoique i Angleterre n’ait pas, Jusqu’à présent, jugé à propos de
prendre une possession formelle de ces îles , elle s’y est ménagée,
comme on voit, une influence dont il n’est pas bien difficile de prévoir
les suites. Un des objets qu’elle a évidemment en vue c’est sinon
d'empêcher, au moins de contre-balancer, la prise de possession d’une
partie de la Nouvelle-Zélande par les Français (i) ou par les Russes (ï ).
installation à la N o u v e lle -Z é la n d e , d e vant les chefs rassemblés; cette pièce co n tien t, ce me
semble, une des principales pensées de la politique angla ise ;
« A une certaine ép oque, dit M . B u sb y , la G ran d e -B re ta gn e différoit trés-peu de ce qu’ est
» aujourd’hui la N o u v e lle -Z é la n d e . Ses habitans n’avoien t ni grandes maisons, ni bons vête-
»m e n s , ni bonne nourriture. Ils se peignoient le corps et s’ habilloient a v e c des peaux de
» bêtes sauvages. C h aq ue ch e f étoit en guerre avec son v o is in , et quantité d’ hommes péris-
» soient dans les guerres que les chefs se faisoient entre eu x , comme.périssent encore mainte-
» liant les peuplades de la N o u v e lle -Z é lan d e . M a is D ie u en v o y a son fils dans le monde pour
» nous apprendre que tous les hommes sont frè res, qu’ ils ne doivent ni se haïr, ni se détruire
» les uns les au tre s, mais au contraire s’entr’aimer et se faire du bien mutuellement. Lorsque les
»p eu p le s de l’Angleterre eurent ouï ces paroles de sagesse, ils cessèrent de se faire la gue rre ,
» et toutes les tribus ne formèrent plus qu’ un seul peuple.
» A lo r s les paisibles habitans du pays commencèrent à se bâtir de grandes maisons, parce
» q u ’ ils ne craignirent plus que des ennemis les renve rsa ssent; ils cultivèrent leurs terres, et
» e u r e n t en abondance du p a in , parce qu’aucune peuplade hostile n’ entroit dans les champs
» p o u r en détruire les ré co lte s , récompense de leurs travaux. L e nombre de leurs bestiaux
» s ’a c c ru t, parce que personne n’a rrivoit plus pour les leur enlever. Ils d e v inrent, en outre ,
» industrieux et rich e s , et eurent toutes les choses avantageuses qu’ ils pouvoient souhaiter.
» Désirez-vous d o n c , ô chefs et tribus de la N o u v e lle -Z é la n d e , ressembler aux habitans de
» l’ Angleterre? E co u te z d’abord la parole de D ie u , qu’ il a placée d.ans la bouche de ses serv i-
» leurs les missionnaires, envoyés ici pour vous instruire. Apprenez que la volonté du Se igneur
» est que vous vous aimiez les uns les autres comme frères : aussitôt que les guerres cesseront
» parmi v o u s , votre pays de v ien dra florissant. A u lieu de manger des racines de fo u g è re , vous
» a u re z du p a in , parce que la terre sera cultivée sans cra in te , et que ces fruits seront recueillis
» en p a ix . Lorsque ies vivres seront abondans, vos hommes pourront s’occuper de la conservation
» àu phormium, du bois de charpente, et des provisions nécessaires aux vaisseaux qui trafiquent
» a v e c vous; ces vaisseaux à leur tour vous apporteront des vêtemens et tous les autres objets que
» vous pourrez desirer. C ’est ainsi que vous deviendrez riches, parce qu’il n’y a pas de richesses
» s an s lab eu r, et que les hommes ne veulent pas trava iller, à moins que la paix ne soit éta-
» blie chez eux et qu’ils ne soient sûrs de jo uir du résultat de leur industrie.» (V o y e z le M i s -
Sîoiiary Register, décembre 18 3 4 .)
( l) L es détails singuliers publiés naguère sur le baron de T h ie r ry seroient-ils la cause première
d’une crainte aussi peu fondée i (V o y e z Kingston chronicle a n d city Advertiser, du 24 juin
18 3 3 , et Jam a ic a despatch and N e w courant, des 19 et 2 2 du même mois. )
(2 ) T o u t annonce que les A n g lo-Am é rica ins seront pour les Angla is des compétiteurs plus
actifs et plus redoutables. L ’un des journaux cités dans la note précédente parle en effet d’un
École des missionnaires, — Nous savons encore par Busby qu’à la seule
Baie-des-Iles il y avoit, en 1828, environ 100 enfans ou adultes, qui
fréquentoient l’école, où on ieur apprenoit à lire et à écrire. Les missionnaires
anglais se plaignoient toutefois que leurs travaux étoient
grandement contrariés par la conduite licencieuse des marins composant
les équipages des vaisseaux qui visitent ces parages, et par le mépris que
cette classe d’hommes grossiers témoigne généralement pour leurs personnes.
Commerce. — Nous avons dit ci-dessus qu’indépendamment de la
pêche de ia baleine et de celle des phoques qui se font sur les côtes de
la Nouvelle-Zélande les Anglais se procuroient encore dans ces îies d’abondantes
cargaisons de phormium-tenax, des espars pour la marine et
du bois pour la charpente des maisons, plus facile à travailler et moins
cassant que celui de la Nouvelle-Hollande. Queiques jolis navires, du
port de i4o à 370 tonneaux, ont aussi été construits sur ces rivages par
des charpentiers anglais , aidés d’ouvriers du pays ; ces derniers prennent
volontiers part à ces travaux, qu’ils exécutent avec autant d’adresse que
d’intelligence.
Résumé.— Ainsi, sans s’arroger sur les naturels d’autre autorité que
celle dont les Nouveaux-Zélandais auront bien voulu faire l’abandon, et
sans intervenir dans ie gouvernement intérieur du pays autrement que par
la persuasion et sous forme d’avis, les Anglais se flattent que l’influence
d’un résident de leur nation sera suffisante pour forcer les natureis à
abandonner leurs odieuses pratiques de guerres et de massacres ; que
cette influence, jointe aux efforts de leurs missionnaires et à la puissance
civilisatrice du commerce, finira par substituer des principes de douceur
et les habitudes d’un peuple civilisé aux moeurs féroces de ces cannibales.
projet d’ émigration sous la direction d’un consul des E t a t s -U n is , et agent général pour le g o u vernement
de la N o u v e lle -Z é lan d e . C e journal ne dit pas sur quel point de ces îles les émigrans
de vront aborder, mais il annonce qu’ ils partiront de P anama le i 5 août 18 3 5. Les convois devront
se succéder de quinze en quinze jours, ou à des époques plus rapprochées encore, si ce la devient
nécessaire. L e baron Charles de T h ie rry, né en Angle te rre de parens français, paroît devoir
être le ch e f à vie de cette entreprise.
S i i’ en crois les détails qui m’ont été communiqués, plusieurs chefs zélandais auroient fait
des concessions de terres assez importantes au baron de T h ie r ry , et même ils se proposeroient
de l’accueillir à son arrivée comme leur roi ou c h e f suprême.
Digre ssion sur
les N o u v e au x -
Zélandais