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C ourse
au Nouveau-
Fribourg.
» De longues allées d’arbres avoient été plantées, et formoient une promenade
artificielle fort agréable. Devant la chancellerie on avoit placé
des couronnes, et élevé des arcs de triomphe en feuillage, sous lesquels
■ on dansa le soir. Le cortège s’arrêta sur la place Royale, pour l’inauguration
de laquelle M. Quévremont, Français et commissaire général
de police du iieu, prononça un discours analogue à la circonstance; et
lorsqti’on fut arrivé sur l’emplacement où devoit être bâti le collège,
on en posa ia première pierre, sur laquelle fut gravée l’inscription suivante
, composée par M. Castillo :
Joannes VI.
Litterarum et AJorum
Studio.
D.
An. 1820. Aug. 6.
>' M. Porcelet prononça aussi un discours, et M®' de Miranda dit quelques
mots aux enfans; après quoi, cinq prix furent distribués à ceux
d’entre eux qui avoient montré le plus d’aptitude et de zèle dans leurs
études. Ces prix, fondés par M®' de Miranda, consistoient en un habillement
complet et 7 5 ' en argent comptant. Pendant cette cérémonie
touchante, mille acclamations se firent entendre, et je fus vivement attendri
en voyant des pleurs couler sur les joues du vénérable vieillard
qui se montroit si parfaitement digne de représenter le bon roi qui l’a-
voit placé à la tête de cette colonie.
■> Le cortège se porta ensuite à l’emplacement destiné à l’hôpital projeté.
M. le D' Bazet prononça également un discours à cette occasion;
et, après que la première pierre du monument eut été posée, on y plaça
l’inscription suivante, due au même auteur que la précédente.
Joannis VI.
Regalis Benejicentioe effectus.
An. 1S20. Aug. 6.
» De là on alla entendre la messe; après quoi i’on reconduisit M®' de
Miranda chez iui. A six heures il y eut un dîner, où furent invités
tous ceux des habitans des environs qui avoient assisté à la fête. Plus de
100 personnes prirent place à diverses tables; mais on avoit aupara-
LIVRE VJ. — D e P o r t -.î a c k s o n e n F r a n c e . 1 3 7 5
vant admis et régalé sous une tente tous les colons qui composoient la
garde nationale.
» La plus grande gaieté régna pendant notre repas. La manière dont se
portent les toasts au Brésil lut une chose tout à fait nouvelle pour moi.
On peut les diviser en petits et grands toasts. Pour le premier, lorsqu’on
ne veut pas faire de jaloux, on commence par nommer son voisin, ordinairement
par son nom de baptême; il répond vivat en portant le
verre à ses lèvres; puis on en fait autant à chaque convive, fussent-
ils 200, et cela avec toute la gravité portugaise. Aussi, parmi les Brésiliens,
le temps se passoit plutôt en cérémonies qu’à manger. La grande
santé se porte par quelqu’un de marquant, à peu près comme on Je
fait en France : les convives prêtent attention; tout le monde boit, et
l’on crie vivat avec plus ou moins d’empressement, selon les cas. Après
la santé du roi on ne doit pas en porter d’autres. C’est à cette occasion
que je fus témoin du plus grand vacarme que j’aie jamais entendu
de ma vie : les vivat durèrent jusqu'à ce que les poumons se refusassent
à crier; des décharges de mousqueterie, plus de 500 fusées (i)
lancées à la fois, accompagnèrent cet enthousiasme, pendant lequel on
alla jusqu’à monter sur les tables; c’étoit un vrai délire.
» Lorsque nous eûmes fini de dîner, on ajouta quelques mets à ceux
qui restoient encore, et nos places furent aussitôt occupées par tous les
enfans de la colonie, au nombre de 200 environ. Comme ce n’étoit pas
la première fois qu’ils étoient reçus ainsi chez M®' de Miranda, ils ne
montrèrent pas Ja moindre timidité. Après ie repas, il y eut bal toute
la nuit.
» C ’est ainsi que, par des fêtes auxquelles ces Suisses prennent part, ce
respectable inspecteur les attache à leur nouvelle patrie, et ieur fait
perdre insensiblement le souvenir de celle qu’ils ont quittée; mais ses
bienfaits ne se bornent pas là, et il est rare que, sortant de chez lui avec
(1) A in si q u en o u s l’ .n on s dit dans le premier volume de cette histoire , l’usage au Brésil
est de tirer les fusées en plein jour. L a moindre fê t e , et même les cérémonies funèbres, ne
peuvent se faire sans qu’ il y paroisse de ces feux d’artifice. C e sont ies nègres suriout qui sont
grands amateurs de ces p é tards, qu’on lance peut-être en plus grand nombre à R io de Jan e iro
en une an n é e , que dans toute l’E u ro p e pendant le même espace de temps. Les Brésiliens font
venir leurs fusées de Chine.
M m m m m m m m *
Course
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