
Considérations
sur
les bagnes, etc.
la bastonnade et la jieine capitale ; cette dernière n’est jamais inflige'e que
par un tribunal compétent. La double ration de vin, ies travaux moins
pénibles, l’admission à la saile d’épreuve, et ie recours à la clémence
royale forment la liste des récompenses.
Travaux. — Tout forçat peut être envoyé à la fatigue; mais ceux qui
sont ouvriers travaillent dans ies ateliers quand les besoins du port
i’exigent : dans ce cas, on les paye à la tâche ou a la journée. Un tarif
sert de règle à la fixation de ce salaire, qui se calcule assez ordinairement
à 40 pour 0/0 de celui qui seroit alloué aux ouvriers iibres ; et i’on retient
1/4 de cette somme, pour former une masse, nomiuée pécule, qui
appartient aux forçats à leur sortie. Dans ie salaire de ceux qui sont condamnés
à temps, salaire pius élevé que celui des condamnés à perpétuité,
se trouve compris leur pécule : les hommes de fatigue n’ont droit à aucune
solde.
B). Inconvéniens du système précédent.
Avant les catégories, qui n’ont été ordonnées qu en mars 1829, tous
les criminels étoient, comme on l’a vu, légalement confondus dans nos
bagnes, et ils le sont même encore aujourd’hui ( i 83 5) à Brest et à Rochefort.
Il eût été à désirer que les classifications dont il s agit eussent été
toujours établies sur ies dispositions morales des individus plutôt que
sur ieur degré de turbulence , la durée de leur peine et l’état de leur santé.
Mais une telle distribution, très-laborieuse en elle-même, ne sauroit
être bien exécutée que progressivement et en admettant des principes qui
ne sont point actueliement en vigueur.
Indépendamment de cette vie en commun que nous avons signalée plus
haut, et des écoles de crimes qui s’y adaptent si naturellement, un des
inconvéniens les pius graves de nos bagnes, c’est le désoeuvrement auquei
les forçats se trouvent réduits, surtout quand l’état de l’atmosphère ou
les besoins de l’arsenal ne permettent pas de travailler. Ces hommes
sont encore inoccupés pendant une partie des nuits d’hiver longues de
i4 heures, les dimanches et fêtes, et durant ies 8 jours qui suivent
l’époque de ieur arrivée, temps qu’on leur accorde pour se refaire des
Coionî?
de
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les bagnes, etc.
LIVRE V, — D e s S andavich à P o r t - J a c k so n in c l u s iv em e n t , i i 57
fatigues du voyage. La police sévère des bagnes, avons-nous d it, n’a
pour objet ni de réformer le caractère criminel des détenus, ni de dimi- port-Jackson
nuer leur effronterie ; à la question d’évasion près , on ne s’inquiète guère Considérations
de leur conduite, et non-seulement leur amélioration morale est entièrement
nulle, mais encore leur corruption se développe avec une effrayante
rapidité, sons les yeux mêmes de ceux-là qui devroient avoir pour mission
de s’y opposer. «Une précaution prise contre les forçats qui ont un
» grand nombre d’années à faire, a dit un homme très-familiarisé avec
” le régime des bagnes (i), c’est de les mettre en couple avec ceux qui
>> n ont à subir qu’une condamnation de peu de durée. On croit leur
» donner ainsi des surveilians qui, peu aguerris aux coups de bâton, et
» craignant de faire prolonger leur détention par les soupçons de compli-
” cité, dévoileront toute tentative d’évasion. Il en résulte que le novice
” accouplé avec un scélérat consommé se pervertit rapidement. Les jours
'■ de repos, lorsqu’on n’enchaîne ies forçats aux bancs que le soir, il suit
” forcément son compagnon dans la société d’autres bandits, où il achève
» de se corrompre par l’exempie de ce que l’égarement des passions
» peut produire de plus monstrueux..................Comment ne songe-t-on
» pas à prévenir en partie ces excès, en isolant les jeunes gens réservés
■■ ordinairement à figurer dans ces saturnales ? »
Le règlement de 1 829 veut, il est vrai, qu’il y ait un aumônier attaché
aux bagnes ; mais son action est évidemment nulle, et même elle ne
sauroit être autre chose actuellement sans de très-grandes modifications
dans le système qui est en vigueur.
Au nombre des objets qui me paroissent encore susceptibles de critique
et de réforme, je citerai les suivans : Les bagnes actuels sont-ils
distribués d’une manière qui permette de travailler à l’amélioration morale
des condamnés? et dans ce but le classement des criminels eux-mêmes,
par catégories et par classes, ne pourroit-il pas être mieux entendu ? Les vêtemens
ne devroient-ils pas être différens pour chaque catégorie ? Le mode
de couchage suivi ne soumet-il pas ces malheureux à un continuel martyre
? Des hamacs ne seroient-ils pas préférables, sous le rapport de
Hhhhhhh