
N.° 8. T a b l e a u du nombre des suicides, comparé avec celui des peines de mort qui
ont eu lien en France, à diverses époques.
1 825 ,
1 8 2 6 ,
,827.
. 8 2 8 .
1 8 2 9 .
1 8 5 0 .
1831.
1 8 3 2 .
.833.
P O P U L A T IO N .
31 J04 94.
3 1 6 6 i 4 7 4
■ 3 1 8 5 1 5 4 ; .
i “ 7>5-
y- '9 4 94î-
3 2 3 5 6 4 7 7 .
* 3 2 5 6 0 9 3 4 .
3 2 ; 6 ; 3 8 7 .
3 2 7 2 2 7 2 4 .
N O M B R E D E 5U IC ID E S .
EFFECTIFS
chaque
I 5 4 2
I 754
I 9 0 4
1 756
2 084
.2 1)6
* 973
M o y e n n e
annuelie
conclue
de
2 ans.
1 648
I 8 2 9
I 8 3 0
1 9 2 0
2 120
2 065
annuel
avec
p opulation.
: 20 6) 6.
: I 8 2 7 t .
: 1 6 9 1 0 .
! 8 4^6.
1 5 6 2 4 .
; 1 5 1 0 5 .
1 6 5 8 5 .
;s progrès,
n ^ c t j a m
I ; I , 2 9 ,
I ; I , 2 5 ,
C O N D A M N A T IO N S
À M O R T .
Effectiv es
chaq
1 3 4 .
1 5 0 .
I 0 9 .
114.
89.
9 2 .
1 0 8 .
7 4 *
42.
M o y e n -
an iiueDes
conclues
1 3 1 , 0 .
1 2 4 , 7 .
1 0 4 , 0 .
9 8 , j .
9 4 , 3 .
9 ' .3-
7 4 .7-
R ap po r
d"7.T
d im in u r
1 : 1 , 3 7 ,
I : 1 , 6 7 .
r e m a r q u e s .
L e s nombres de p o p u la tio n , précédés
d ’un sont le résultat des recensemen
s o ffic ie ls : ies autres ont été
c o n c lu s , en faisant usage de l'e xcès
an n ue l des n aissance s su r le s d é c è s ,
tant par ad dition q u e par so us tra ction,
prenant une mo yen n e entre deux ré—
Ita ts, pour les années inte rm édia ires
i 18 2 7 à 1 8 3 1 .
II est fâ ch e u x q u e le s recensemens
de p opulation se fas sent tantôt à la fin
l’une an n é e , tantôt au commencement
l’une a u t r e ; u n e ma rch e plus régulière
v ite ro it le s incertitude s qu i se rencontrent
so u v en t dans ies c a lcu ls de statistiqu
e analogue s à ceux-ci,
Les nombres des suicides, depuis 1827 jusqu’en 1832, suivent une
progression croissante rapide, qui paroît vouloir se ralentir un peu ensuite;
mais on ne sauroit encore se prononcer sur ce dernier fait, ia diminution
dont il s’agit n’étant peut-être qu’une anomalie. Je donne ie rapport
des suicides à la population; mais celie-ci, étant croissante, doit
être combinée avec ie nombre lui-même des délits pour donner le rapport
exact de ces derniers entre eux. Cependant Ja loi qui les unit est si
prononcée, qu’une conclusion identique se déduiroit également des premiers
comme des derniers c,alcuis. J ’ai cru remarquer que les nombres
des condamnations à mort alloient en décroissant à peu près dans le
rapport même où augmentoient les suicides; i’examen des valeurs consignées
dans ie tableau n“ 8 ci-dessus confirmera, je pense, cette présomption
dans l’esprit des lecteurs.
Aux élémens pratiques de corruption élaborés dans les bagnes ainsi
que dans les prisons, et qui se répandent ensuite dans le monde, à l’abri
d’une indifférence malheureusement trop absolue et trop évidente, si
nous ajoutons l’enseignement et la diffusion des maximes perverses dont Fon-Jackson.
certains écrivains ne craignent pas de salir ieurs ouvrages, nous aurons Considéraiiu.Hs
véritablement lieu d’être effrayés de lant d'attaques impunément dirigées les bagnes, etc.
contre la société. Les écrivains ne chantent plus que f enfer, le péché et le
crime, dit un auteur russe moderne (1). Ces doctrines surgissent sous
toutes les formes, s’insinuent dans les esprits par toutes les voies d’enseignement,
et quelquefois même on les voit répandues dans des ouvrages
destinés à des lectures de famille. Ainsi de jeunes personnes se trouvent
initiées aux détails les plus dégoûtans, et jusqu’à l’argot des voleurs : c’est
proprement le crime mis à la portée de tout le monde. Indépendamment de
ia littérature, les théâtres (2) et la peinture, en saisissant à leur tour les
sens et l’imagination, n’offrent plus à la vie d’autre but que les jouissances
matérielles.
Sous la forme scientifique, les faux principes du fatalisme et de l’organisme
se développent et se propagent; enfin, arrive l’époque des monomanies
homicides et des écrits qui ont pour but de les excuser et
de provoquer la bienveillance des juges jiour les criminels de toute espèce.
A ce compte l’homme seroit réduit à l’état de machine plus ou moins
parfaite, qui exécuteroit ses mouvemens d’après une volonté purement
machinale. Avec de telles théories les actions nuisibles ne semblent plus
être que le résultat d’un état maladif de l’individu ; l’intention disparoît,
la conscience reste muette, idées d’autant plus dangereuses qu’elles semblent
être le résultat de combinaisons scientifiques, et inspirer aux esprits
droits, mais ordinaires, sinon une confiance entière, du moins un doute
qui les porte à une indulgence souvent exagérée er pernicieuse. Cet effet
se remarque surtout chez les femmes, dont ia constitution délicate tend
plutôt à leur faire adopter une idée par sentiment que par la rigueur
d’une expression logique.
A la suite de ces doctrines, qui jettent à iafois le trouble dans les sens,
( I . ) M. le baron de Brambens, cité dans la Revue du No rd, de mai 1837.
(2) M. de Broglie a dit en parlant des spectacles : «Notre théâtre est devenu une école de
»crimes, qui fait des disciples qu’on retrouve sur les bancs des cours d’assises.»(Discours du
24 août 1835.)