
IB20.
Février.
Description.
brisans H n’y avoit pas iin moment à perdre ! Je m’empressai de faire
couper le câble, et je puis dire que c’est à la promptitude avec laquelle
cet ordre fut exécuté que nous dûmes le salut de la corvette. Malgré la
force du vent, il fallut appareiller quelques voiles pour nous éloigner de
la côte, et nous le fîmes sans hésitation.
..............................The lately flapping sail
Extends its arch before the growing gale (i).
Parvenu an milieu du détroit, nous naviguâmes sous une voilure aisée,
pour ne pas nous écarter trop de ces parages, où j’avois le projet de
revenir après la fin de la tourmente. Mais avant de continuer cette relation
, arrêions-nous un instant pour jeter un coup d’oeil sur le pays que
nous venons de parcourir.
§. II.
Remarques sur la Terre-de-Feu.
N’ayant abordé nulle part sur cette partie australe de la côte d’Amérique,
et une brume épaisse nous en ayant caché très-souvent les détails,
les faits que nous avons pu recueillir sont loin d’avoir tout le développement
que l’importance du sujet exige.
On sait que la Terre-de-Feu se compose d’un groupe d’îles encore
imparfaitement explorées. Les montagnes les plus voisines du rivage se
sont en général montrées à nous sous la forme de cônes, évasés à leur
base et légèrement tronqués au sommet. Il faut en excepter toutefois
une seuie, dont la partie supérieure présente l’aspect d’un plateau beaucoup
plus long que large; des pitons aigus et déchiquetés saillissent çà et
là tant du sommet que des flancs.
« Ces montagnes, dit M. Quoy, sont évidemment formées de calcaire
grisâtre, avec des taches blanches sur ies arêtes, ce qui feroit croire, au
premier coup d’oeil, qu’elles sont recouvertes de neige (2) ; mais nous
(1) La voile, tout à l’heure repliée, se déroule en demi-cercle au souffle impétueux du vent.
( Lord Byron, the Island, )
(2) Vers l’intérieur de la Terre-de-Feu, dit le capitaine Weddell, les sommets de quelques
LIVRE VI. — D e P o r t - J a c k so n en F r a n c e . 12 17
passâmes si près de l’une d’elles, le 6 février, que nous acquîmes la
certitude que cette apparence étoit fausse. D ’ailleurs, dans cette saison,
qui est le milieu de l’été de ces parages, ii n’y avoit à l’intérieur que fort
peu dé neige au sommet des pitons les plus élevés. De petits fragmens
de phyiade, rapportés par ia soude, nous ont fait présumer que les
roches elles-mêmes en renfermoient. >»
Toute la partie méridionale de ce vaste groupe est très-aride, et les débris
de pierres qui s’en éboulent annoncent à quel point l’action des météores
concourt ici à ieur décomposition. Dans certaines vallées, où la
terre végétale a pu s’accumuler, et sur quelques collines arrondies, on remarque
une verdure un peu grisâtre.
Quand on approche du cap Horn, les terres paroissent fort découpées
et offrent un certain nombre d’îies et d’îlots, qui laissent entre eux des
baies ou des canaux, dans lesquels nous eussions bien désiré entrer, mais
d’impérieux devoirs nous empêchèrent d’y pénétrer. La plus considérable
de ces ouvertures, située a uN .N . O. du grand promontoire américain,
porte, sur d’anciennes cartes, ie nom de baie Saint-François, qu’on
lui conserve encore, et que lui imposa, en 17 17 , le capitaine français
d’Arquistade. J ’ai donné une copie de ce pian dans l’atlas hydrographique
de notre voyage.
En visitant les mêmes parages en 1823 , ie capitaine Weddell s’assura
que cette prétendue baie n’étoit réellement qu’un passage entre plusieurs
îles, auprès desquelles il reconnut, comme son prédécesseur, divers bons
mouillages.
Nous passerons ici sous silence les îles Gilbert et Sant-Ildefonso, qui
gisent à quelque distance au large de la grande terre. Weddell a dit
qu’elies n’étoient composées que de trapp porphyritique, mêlé de lave,
et que Diego-Ramirez, petit groupe d’une constitution analogue , ne
pouvoit avoir quelque importance que pour des pêcheurs de phoques,
montagnes sont couverts de neiges perpétuelles; cependant il ne paroit pas que la plus élevée
ait au delà de 3000 pieds anglais (environ 914 mètres de hauteur). Le volcan cité par
plusieurs voyageurs, et notamment par le capitaine Basil Hall, n’étoit point en ignition au
commencement de 1824, époque à laquelle Weddell abandonna ces parages ; mais cet officier
ramassa sur ie bord de la mer quantité de pierres ponces, qui n’avoient pas évidemment
d’autre origine (Voyez A voyage towards the South pole, by James Weddell.)
Divers îlots.