
Agricu lture .
Quand les eaux se sont débordées, elles laissent en général après elles
une couche de limon de i , 2 et même 3 pieds [4 ù 9 décimètres] d’épaisseur,
très - convenable à la culture des céréales et à celle du maïs
surtout. Néanmoins, quoique la fertilité extraordinaire de cette espèce
de terrain soit de nature à tenter la cupidité des agriculteurs, le danger
des inondations subites, à l’époque voisine des récoltes, joint aux inconvéniens
qui naissent des pluies trop prolongées, est bien propre à ies
décourager. Les sécheresses, suite des fortes chaleurs, offrent encore silices
terrains de grands obstacles à la végétation, et s’il arrive qu’on ait
des inondations peu de temps après les semailles , le grain crève ou
se pourrit en partie, et trompe ainsi l’espoir des fermiers. Au contraire,
quand la saison est favorable, les récoltes que donnent ces terres sont
véritablement surprenantes. En générai les prairies artificielles réussissent
fort bien dans les sols d’aliuvion.
Terre de sédiment. — Cette sixième espèce de terre, remarquable par
sa couleur d’un brun foncé , se rencontre dans le voisinage des courans
d'eau ou des vastes étangs, ainsi que là où les rivières peuvent se déverser
sans violence. Elle diffère du sol d’alluvion en ce qu’ici ii n’y a
point de sable : cette dernière substance en effet, plus lourde que le limon,
aura déjà été laissée par ies eaux, avant d’être arrivée dans les localités
où ie limon se dépose. La terre de sédiment est très-difficile à cultiver
dans ies saisons sèches ou humides : trop humectée quand le temps est
pluvieux, elle est dure et aride durant la sécheresse. Aucun sol toutefois,
quand l’année est favorable, ne produit de meilleur hié; on peut même
y faire plusieurs récoltes de suite sans qu’il soit nécessaire de la fumer.
L ’orge et le maïs, qui aiment une terre légère , réussissent mal sur
celle-ci; tandis que l’herbe, qui y croît en abondance spontanément,
convient à merveille au gros bétail, qui s’y engraisse beaucoup ; et
quoiqu’il arrive alors que ces pâturages soient dans des lieux bas, l’expérience
a prouvé qu’ils n’étoient point pour cela moins sains , même
pour les moutons , qui craignent tant en général de séjourner sur les
terres humides, sujettes aux inondations.
Un fait assez extraordinaire se rencontre aux environs de Prospect-Hill,
et même aussi, selon le D'' Lang, sur quelques autres points de la colo-
L I V R E ' Y . — D e s S a n d w i c h à P o r t - J a c k s o n i n c l u s i v e m e n t . 9 2 1
nie, c’est que sur le penchant et au sommet des coteaux, ie sol s’y voit
d’une iertilité inépuisable , tandis qu’il est comparativement beaucoup
moins productif au fond des vallées ou sur des plateaux peu élevés.
Quoique les agriculteurs modernes aient introduit dans la colonie la
plupart des outils, machines, instrumens et ustensiles qu’on emploie en
Angleterre, et que sous ce rapport nous devions nous dispenser d'en donner
la description, cependant il faut dire que ces objets y ont été importés
assez tard et par degrés, et que longtemps la houe fut le seul outil
dont on fit usage. Jadis les gros bestiaux étoient trop rares pour qu’on
les employât à la charrue; et toutefois, aujourd’hui même, dans ies
terres nouvellement déboisées, on est encore obligé, de préférer ia houe ,
à cause des nombreuses racines que contient le sol, et qu’il faut extirper
avant d’y appliquer un moyen de culture plus expéditif et plus
parfait. Selon Wentworth, ce n’est qu’en 1 8 0 5 que les gros bestiaux
furent assez multipliés pour qu’on pût les mettre à la charrue; le
gouverneur King offrit alors aux agriculteurs de ieur céder des boeufs,
tirés-des réserves du gouvernement, à 2 8 liv. sterl. [700^] par tête,
payables en trois ans, soit en denrées, soit en espèces monnoyées. Actuellement
la charrue, la herse, le rouleau, ainsi qu’une multitude d’outils
et d’instrumens plus petits , se rencontrent dans tomes les exploitations
où la parcimonie n’est pas devenue une conséquence de ia pauvreté
du propriétaire.
Non-seulement, dans fenfance de la colonie, ie défaut de bestiaux
a entravé la culture des terres, mais de plus il a nui singulièrement à la
production des engrais, dont l’absence est un si grave obstacle à tour
perfectionnement de culture bien entendu. De cette pénurie est résuitè
dans les premiers districts cultivés, composés principalement de terres
alluviales, un prompt épuisement du sol ; et cette circonstance étoit
trop grave pour que l’industrie de quelques colons ne les poussât pas
enfin vers la multiplication des bestiaux et la création des prairies
artificielles; néanmoins, soit incurie, soit ignorance, les progrès de ces
dernières cultures ne furent pas d’abord très-rapides. Nous reviendrons
bientôt sur ce genre de prairies ; il nous suffit de dire pour l’instant que
ia science européenne s’est tout à fait introduite auiourd’hui dans l’agri-
Agricu lture.
Outils
et machines.
Engrais.