
Description
des
îles Malouines.
Géographie.
Deux passes conduisent dans ce port. En face et au large de ceile du
Nord se trouvent les deux îles Jason et Carcasse, dont les marins, dit
Weddell, doivent soigneusement éviter l’approche; cette précaution est
surtout rigoureuse la nuit, lorsque le temps est douteux, parce que les
courans sont violens et irréguliers dans ces parages, ce qui rend difficile
de bien fixer la position du vaisseau. Il faut aussi se défier du fort récif
qui est à la pointe septentrionale de l’île West-Point.
Si l’on veut arriver dans ce port par la passe du Sud, il y a beaucoup
moins de dangers à éviter. Quand on vient de l’Ouest, selon l’auteur que
nous venons de citer, ii faut se diriger pour raser de très-près l’extrémité
Sud de l’île West-Point, surtout quand la marée va de ce côté, et enfiler
de suite le canal. Celte précaution est essentielle; si on la négligeoit, ét que
les vents fussent de la partie de l'Ouest, on pourroit tomber sous le vent
de la passe, et avoir ensuite de grandes difficultés pour remonter en louvoyant
du fond des baies profondes où i’on auroit dérivé. La houle est là
fréquemment très-forte et pousse à terre. Lorsqu’on se trouve à l’entrée de
la passe pendant le jusant, qui court au N. E. avec rapidité, il faut aussitôt '
serrer la terre le plus possible afin d’atteindre le mouillage et d’éviter
d’être drossé au Nord par le courant.
L ’île Nouvelle est la dernière partie des Malouines sur laquelle nous
ayons recueilli quelques renseignemens. Petite et montueuse, elle est
située à i’Ouest de Maidenland. Quoique souvent battue par ies flots
tempétueux que les vents du large amènent, son abord est facile, et l’on
trouve dans sa partie orientale un refuge excellent, nommé Port-Coffîns
par le lieutenant Edgar et Siüp-Harbour par les capitaines baleiniers qui
fréquentent ces parages.
Ce havre n’offre pas d’eau courante, mais on trouve une excellente
aiguade dans un puits qui existe en face du débarcadère; toutefois cette
excavation est si près du rivage, qu’à la haute mer l’eau en devient saumâtre;
on pourroit sans beaucoup de peine, je pense, en creuser une autre
un peu plus haut, qui n’auroit probablement pas le même inconvénient.
Voici, d après le capitaine Weddell, la meilleure manière d’atterrir
sur l’île Nouvelle: en venant de l’Ouest, naviguer sur le parallèle de
5 1° 42 jusquà ce que i’île soit en vue, et se diriger ensuite pour la
doubler soit au Nord, soit au Sud, selon les vents, poiiratteindre le mouil- De scription
Iage du port Coffins. Deux îlots flanquent cette île du côté du Nord, ¡1^5 Malouines.
cependant le passage est sûr entre eux et l’îie principale, en sorte que fiéog raph ie .
l’on peut s’y engager sans crainte; toutefois, lorsque la brise sera fraîche
et soufflera de l’Ouest, on y trouvera de violens remous de marée. A
l’instant où l’on arrondit la partie Nord des terres pour venir au mouillage,
il faut faire grande attention aux voiles hautes du vaisseau, parce
que les rafales qui s’échappent de dessus les montagnes sont souvent
d’une violence extrême. Mais avec des vents de S. O. la route du Sud
sera préférable; il convient, dans ce cas, de ranger cette extrémité de l’île,
en laissant au large les îlots qui sont auprès : cette manoeuvre est préférable
à toute autre. On remarque à peu de distance de i’île une touffe
de goémons ou de fucus, et l’on peut passer entre elle et les îlots sans
danger. Il en est de même des îlots ronds qui se trouvent à l’Est et tout
auprès de l'île principale : la navigation y est parfaitement sûre. Quant au
mouillage qu’on doit choisir, c’est ia troisième baie qui se rencontre en
venant du Sud, et qu’on peut aisément reconnoître au petit îlot qui se
voit dans ie fond de l’anse; on jettera i’ancre derrière cet îlot par 7 brasses
d’eau, fond de glaise tenace, et l’on y sera parfaitement à l’abri.
Observations de physique.
D’après les idées que ie premier voyage de Cook (i) nous donne du
froid excessif qui régnoit à la mi-janvier 1769 sur une montagne voisine
de ia baie de Bon-Succès, nous eussions pu nous attendre à trouver aux
Malouines un climat extrêmement rude, si déjà les colons français déposés
par Bougainville sur ces bords n’avoient au contraire été étonnés
de la douce température qu’on éprouve sur ces îies malgré ieur latitude
éievée (2). Les neiges mêmes que les vents du S. O. amènent en hiver
dans la baie Française ne sont pas considérables ; à peine paroissent-elies
pendant deux mois au sommet des plus hautes montagnes, et restent-elles
( 1) Premier Voyage de Cook, chap. i v .
(2) Voyage de Pernetty, t. II.
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