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C o lonie
de
P o rt-Ja ck son .
Digression sur
les Nouveaux-
Zélandais.
» d’esprit et une prévoyance qui les distinguent peut-être de' tous íes
» autres sauvages aussi peu avancés qu’eux dans les arts de l’Europe.
» Leur discernement pour apprécier les avantages de la civilisation est
» aussi grand que leur énergie et l’abnégation qu’ils font d’eux-mêmes
» pour en atteindre les avantages éloignés sont remarquables.
» Férocité. — Comme membres d’une société politique, iis se font
» surtout distinguer par la férocité avec laquelle ils s’engagent dans
» les guerres perpétuelles qui ont lieu entre les différentes tribus; on
» reconnoît chez eux ce mépris de la vie humaine qui est la conséquence
» ordinaire d’un état de guerre où les assaillans visent presque toujours
» à l’extermination de ia tribu ennemie.
» Anthropophagie. — La pratique révoltante de manger les ennemis
» qu’iis ont tués et même leurs propres esclaves, lorsqu’ils sont pressés
» par la faim, est générale chez eux. On a dit, pour^aliier ce vice
» monstrueux, qu’il étoit le résultat d’une superstition; ifSais ceux qui
'> connoissent le mieux ces insulaires assurent que cette horrible habi-
» tude résulte de la préférence qu’ils donnent à la chair humaine. »
Aristocratie. — Leurs chefs héréditaires et de rangs différens forment
avec ia classe des guerriers libres une sorte d’agrégation aristocratique,
dont les membres jouissent de diverses prérogatives ; néanmoins ie pouvoir
du roi^u du chef suprême de ia tribu est absolu. Le bas peuple
vit dans un^tat complet d’esclavage, et reste à l’entière disposition de
ses maîtres, qui mettent à mort des individus sous le plus léger prétexte,
et souvent même par pur caprice.
Qualités morales. — Bien que souillés par l’abominable usage de manger
leurs semblables, les Nouveaux-Zélandais possèdent plusieurs nobles
qualités, contraste qu’il n’est pas rare de rencoflfîrer chez les hommes
les pius sauvages. Leurs passions, cependant, sont aussi véhémentes
que durables ; la vengeance, en particulier, est pour eux un point
d’honneur qu’ils poursuivent en dépit du danger et de toutes les difficultés
quils rencontrent. Dans le but de l’atteindre, on les voit supporter les
plus grandes fatigues et se soumettre à toutes les privations; ni le temps ni
la distance ne peuvent à cet égard leur faire changer de résolution. G’est
leur âme tout entière qui est engagée à la poursuite de leur ennemi, et
LIVRE V. — D e s S a n d w i c h à P o r t - J a c k s o n i n c l u s i v e m e n t . 9 1 1
ils se croiroient déshonorés aux yeux de leur tribu, s’ils pouvoient demeurer
tranquilles pendant que les mânes d’un parent ou d’un ami demandent
à être apaisés par le sang de ceiui dont ils reçurent une offense.
A côté de cet esprit vindicatif on trouve en eux une susceptibilité
délicate pour tout ce qui a trait à leur dignité ; aussi s’aperçoivent-ils
tout de suite et sont-ils blessés du moindre mépris qu’on leur témoigne ou
de la moindre insulte qu’on leur fait.
Mais quoiqu’ils se distinguent par une férocité et une cruauté extrêmes
envers ieurs ennemis, iis ne sont pas moins remarquables par ia force
de ieur attachement envers ieurs parens ; c’est ainsi qu’on voit le farouche
guerrier fondre tout à coup en larmes sur le sein et dans les
bras d’un ami qu’il vient de revoir après une iongue absence. On peut
dire, en un mot, que les Nouveaux-Zélandais montrent autant de gratitude
pour les marques d’amitié qu’ils reçoivent, que de ressentiment
pour ies traitemens injurieux dont ils sont i’objet.
Chez eux toute la gloire consiste à faire la guerre ; et cependant on
ne les voitpoint, comme les sauvages américains, mépriser les habitudes
de la vie civilisée, ou, comme les naturels de l’Australie, être insensibles
au mérite des arts mécaniques et aux avantages du commerce. Placés
dans un climat qui favorise le développement de leurs forces, Us ne sont
pas non plus, ainsi que les habitans des îles intertropicales du Grand-
Océan, énervés par un climat voluptueux , ni approvisionnés, par la fertilité
spontanée du sol , d’une foule d’objets nécessaires ou agréables.
Progrès de la civilisation. — La vigueur d’esprit et l’intelligence des
Nouveaux-Zélandais, jointes aux qualités morales énergiques, quoique
mal dirigées, qui ies distinguent, indiquent chez eux une disposition
très-favorable à recevoir les bienfaits du christianisme, et de ia civilisation,
qui en est ia conséquence.
Jusqu’ici on a peu parlé des progrès qu’ils ont faits dans cette voie d’amélioration
sociale; mais on sait que l’introduction des armes à feu, qui leur
ont été apportées par des marchands anglais, a fourni un aliment funeste
aux guerres atroces qu’ils se font entre eux. La Gazette de Sydney du
16 octobre 1834 pense que c’est à tort qu’on les a initiés dans notre
art moderne de faire la guerre, dont ils ne se servent que pour s’entrez
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Digression sur
les N ouv e aux -
Z é landais.