
i I
' (
1 I I
t i -i
lies Sandwich, constances; n’ayant pas été plus Iieureux, nous extrairons de l’ouvrage
^e*n voyageiir mieux instruit ( i ), quelques notes curieuses sur cette
matière.
« A la mort dun roi ou dun chef du premier ordre, on brûle ou l’on
enterre son corps, après en avoir enlevé les os des bras et des jambes,
quelquefois meme le crâne : ces o s , liés avec de petites tresses en kair
[anet], sont enveloppés d’étoffe, et exposés dans les héiaos à la vénération
publique, ou distribués aux plus proches parens du défunt.
» On inhume en entier les corps des prêtres et des chefs d’un rang
inférieur qui, n étant pas de race divine, n’ont pas droit aux mêmes
honneurs; les premiers reçoivent la sépulture dans i’enceinte même du
temple auquei iis ont appartenu. En aucun cas, le corps n’est soumis
à des ablutions : s’il est celui d’une personne de quelque importance,
on l’enveloppe de plusieurs doubles d’étoffe de mûrier à papier, et on ie
place debout dans la fosse. Quant aux gens du bas peuple, ils enterrent
ieurs morts d’une façon assez singulière ; on incline en avant la partie
supérieure du corps ; on fait passer les mains sous chaque jarret, et on
les ramène entre les genoux, auxquels on les assujettit en les y liant en
même temps que la tête. En cet état, on entoure le mort d’une étoffe
grossière ; et après un certain intervalle, on le dépose dans la fosse, en
lui conservant la posture d’un homme assis.
» Aucune cérémonie religieuse n’accompagne ies funérailles ; elles ont
presque toujours lieu clandestinement et durant ia nuit. Un homme du
peuple, assure-t-on, qui verroit un convoi funèbre passer devant sa
maison, insulteroit de propos et de gestes les personnes occupées à
conduire le défunt à sa dernière demeure, en leur reprochant avec vivacité
d’avoir donné à leur démarche une direction qui devoit lui porter
malheur. Cette frayeur superstitieuse est fondée sur la persuasion que
l’ame d’un trépassé revient sous le toit de sa famille, qu’elle suit pour y
arriver la même route qu’on avoit fait prendre à son enveloppe mortelle,
et s’amuse à tourmenter en passant tous ceux qui ont leur habitation sur
cette route.
¡1) Ellis, iy>. c/f.
LIVRE IV. — De G o a m a u x S a n d w i c h i n c l u s i v e m e n t . 601
» II existe des espèces d’ossuaires consacrés à recevoir les restes révérés Ile s San dw ich,
des rois et des princes (i). Pour des personnages moins importans, on se D e l’homme
contente de tombeaux composés de pierres sèches assemblées avec art
au-dessus de la fosse {2). Les gens du peuple n’inhument leurs morts dans
des lieux isolés, que lorsqu’ils y sont forcés par la circonstance; c’est
d’ordinaire dans leurs jardins ou leurs maisons qu’ils les confient à ia
terre. Toutefois, quand les localités le permettent, des cavernes naturelles,
ouvertes dans le flanc de quelque montagne voisine, deviennent
le lieu de sépulture des habitans : dans tel village, on y entasse ies morts
pêle-mêle; dans tei autre, chaque famille peut, à sa grande satisfaction
, choisir une de ces cavités pour y déposer à part le corps des défunts
de la parenté. »
Après le décès d’un roi ou d’un chef considérable, on témoigne son deuil
et sa douleur en se faisant des tatouages sur la langue, ou sur ie corps
diverses blessures; plus le mort occupoit un rang distingué, plus on se
fait un devoir d’en accroître le nombre et la profondeur. Telles étoient
celies que nous remarquâmes sur le corps de Poui (3), dès notre arrivée
sur ces bords. Kamahamarou, reine favorite de Riorio, avoit au visage
et sur la poitrine ies cicatrices de plusieurs brûlures quelle s’étoit faites
lorsqu’elle perdit le roi Taméhaméha, son père. Ces marques indélébiles
peuvent s’apercevoir sur une des figures de notre planche 83.
« C ’est dans le même but, dit M. Gaimard, que les habitans se cassent
une ou plusieurs dents incisives : iis se dégradent ainsi la mâchoire à
l’aide d’un morceau de bois et d’une pierre qui sert de maillet. Quoique
cette coutume extravagante soit presque générale, eile n’est cependant
pas de stricte obligation, et l’on compte quelques insulaires qui commencent
à en sentir l’absurdité : Kéié-Koukoui, pilote royal, et Kraïmou-
kou, beau-frère du roi, étoient de ce nombre. Sur i’observation qui fut
faite à ce dernier, qu’il n’avoit pas en cela suivi l’exemple de ses compa-
( 1 ) C e lu i de Tam éham éh a étoit à K a y a k a k o u a , près de son morai; c’ é to it, avons-nous dit
page 5 2 5 , nne grande cabane en b ois, fermée de tous côtés.
( 2 ) M. Ga imard vit aux environs de Kayakakoua un petit tombeau entouré de pa ille fixée
à des morceaux de bois plantés en te rre, et élevés de trois pieds et demi.
{ 3 ) KcTez plus h au t , pag. 520 .