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gouverneur, lorsque, après avoir franchi une entrée étroite et sinueuse,
P o rt-Ja ck son . il vit se développer devant lui une enceinte vaste et magnifique, décou-
•788. pée en une multitude d’anses et de baies secondaires, où tous les navires
réunis de l’Europe eussent pu mouiller en parfaite sécurité 1 L’expédition
ne tarda pas à s’y rendre, et, le 26 du même mois, ies vaisseaux
se trouvant mouillés devant l’anse de Sydney, les premiers colons y mirent
pied à terre.
Cependant les aborigènes, ne voyant dans les Anglais que des envahisseurs
ennemis, ne cessoient de s’écrier de toutes parts : Warra, warra,
allez-vous-en, allez-vous-en. On s’inquiéta peu de ces clameurs, et dans
le fait ies menaces de ces pauvres gens n’étoient nullement redoutables.
Les troupes britanniques furent donc débarquées, et l’on déposa aussi
sur le rivage tous ies objets de campement et d’approvisionnement qu’on
avoit jugé devoir être utiles ; des reconnoissances furent poussées dans
les pays d’alentour, et bientôt tout présenta l’apparence de la vie et de la
régularité.
Mais des calamités nombreuses ne tardèrent pas à fondre sur cette colonie
naissante. Les malades se multiplièrent, et il fallut se hâter d’élever
un hôpital pour les recevoir ; la dysenterie et le scorbut surtout firent de
grands ravages. Plusieurs convicts, chargés de défricher le sol, s’enfuirent
dans les bois; d’autres y cachèrent ietirs outils pour ne rien faire; et ies
marins ayant descendu des liqueurs fortes on ne tarda pas à voir se développer
à terre des scènes révoltantes de-débauche et d’ivrognerie; piusieurs
vols de divers genres furent journellement commis, et, quoiqu’on eût
donné à chaque homme une ration suffisante à ses besoins, des provisions
cependant turent soustraites frauduleusement du magasin des vivres.
II falioit aviser, sans perte de temps, aux moyens de réprimer tant
de licence. Le gouverneur s'empressa donc de faire lire les lettres-pa-
tentes du roi, qui l’investissoient du droit d’établir des cours de justice
civile et criminelle. Plusieurs coupables furent traduits devant ies tribunaux,
et quelques-uns condamnés à des peines graves.
Ces premières dispositions terminées, on accéléra la construction de ceux
des édifices dont ia nécessité se faisoit le plus vivement sentir ; ce furent,
indépendamment de l’hôpital général, une prison pour les militaires, une
autre pour ies convicts# une caserne, un hôtel pour le gouverneur,
des magasins et un observatoire, dans lequel le lieutenant Dawes devoit
placer quelques instrumens d’astronomie, destinés à observer, en 17 8 9 ,
la réapparition de ia comète de 1 6 6 1 ; mais ce fut en vain qu on en attendit
le retour. On s’occupa aussi à tracer le plan d’une ville régulière que
fou nomma Sydney, tandis que ies forêts abattues à i’intérieur étendoient
les limites du sol où les nouveaux arrivans établissoient chaque jour
ieurs demeures champêtres.
C ’est dans le second mois qui suivit le débarquement des Anglais, qu’on
alla sur l’île Norfolk (pl. 91) fonder, sous les ordres du lieutenant Phillip
Gidley King, une sorte de succursale de ia colonie principale, dont on
esperoit retirer de grands avantages, sous ie rapport de la culture du phormium
tenax. Un vaisseau mit en mer en conséquence et emmena la petite
colonie composée de vingt-sept personnes seulement, parmi lesquelles
étoient six femmes.
Dans les premiers temps de son existence, l’établissement de Port-
Jackson fut peu florissant, et chaque jour vint aggraver sa situation précaire.
Le grand nombre des malades nuisit aux travaux de défrichement ( i );
ies provisions se consommèrent avant qu’on pût les remplacer par les récoltes,
et ce fut longtemps en vain qu’on en attendit d’Europe : afin
d’éloigner i’invasion de la famine dont on étoit menacé il fallut diminuer
ies rations. Cependant toutes ces contrariétés furent supportées
avec patience parce qu’on avoit l’espoir de l’arrivée de prochains secours ;
mais, au lieu de provisions, le premier vaisseau qui parut apporta
222 femmes convictes, la plupart vieilles et infirmes; et ce navire fut
bientôt suivi d’un second, chargé de 2 i 8 prisonniers mâles, dont 200
étoient malades, puis de deux autres encore à peu près dans le même
état, et d’un cinquième enfin, qui avoit perdu dans la traversée, par
la fièvre des prisons, 95 convicts sur 300 ; en sorte que cette cruelle maladie
vint ajouter ses terreurs au scorbut et à la dysenterie dont la colonie
étoit déjà affligée. La misère étoit extrême, lorsqu’un événement
malheureux mit le comble à la consternation générale : ce fut la perte sur
( 1) A u mois de mars la pethe-vérole, ou du moins une maladie qui lui ressembloit beaucoup,
fit les plus grands ravages parmi les naturels.
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1789.
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