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Course
au Nouve¿iu-
Fribourg.
»^A ces émotions en succédèrent de plus douces, quand nous nous
remîmes en route. Sur Je soir nous observâmes ie soleil s’abaissant
derrière les montagnes et formant par la dégradation de sa lumière un
commencement de nuit dans la vallée, tandis que la cime verdoyante
des rochers réfléchissoit encore de vives lueurs. S’il arrivoit alors qu’un
filet deau coulât sur le roc nu de la montagne, on étoit ébloui par
i éclat quil réfiéchissoit. Mais avec quelle douce sensation je prêtois
1 oreille au bruit des torrens éloignés! Ces murmures, dont l’intensité varie
comme les positions diverses que l’on prend, plaisent dans les vastes
solitudes; tandis que des perroquets de diverses couieurs, des caciques à
queue jaune, de jolis tangaras, des pics, qu’on entend dansia profondeur
des bois, en faisant résonner avec leur bec l’écorce des arbres,
donnent la vie à ce beau paysage.
” Nous suivîmes, pour revenir à Rio de Janeiro, le même chemin que
nous avions parcouru en nous rendant à la colonie suisse. A Santa-Anna
nous trouvâmes ie colonei Labo, chargé de détourner le lit de ia rivière
de Macacu, dont les eaux, avons-nous dit, menaçoient de détruire la
grande route. Nous revîmes successivement nos premiers hôtes, et le
24® jour après notre départ nous arrivâmes à Rio de Janeiro, riches
dune collection de plus de 200 oiseaux, de plusieurs quadrupèdes et
de quelques minéraux. Mais je ne rapportai de cette course qu’une seule
boîte d’insectes,'parce que la saison n’étoit pas encore assez chaude
pour les développer. »
CHAPITRE XLIX.
Traversée du Brésil en France; arrivée au Havre de Grâce.
Le vaisseau le Colosse et ia frégate la Galathée, qui avoient repris lu
mer avec nous, devant se rendre à Rio de la Plata, forcèrent de voiles
vers le Sud, et bientôt nous ies perdîmes de vue. Quant à la corvette
lEcho, destinée à conduire des agens diplomatiques français à Bahia et
à Pernambouc, elle s’avança à l’Est, en serrant la terre d’assez près.
Enfin une frégate et une corvette portugaises avoient, dit-on, pour mission
de croiser sur la côte du Brésil et de protéger leur commerce contre
les corsaires de Buenos-Ayres, qui poussoient l’audace jusqu’à venir enlever
des bâtimens portugais devant ia rade même de Rio de Janeiro.
« C ’est une piraterie que le gouvernement brésilien souffre autant par
foiblesse que par incurie; car malgré que sa marine fût réduite à peu de
chose, et que la plupart des vaisseaux retirés dans ses ports fussent
hors de service, il lui eût cependant été facile d'armer une escadre de
petits bâtimens capable de bloquer entièrement Rio de la Plata, et de
détruire même dans cette rivière íes navires de Buenos-Ayres. Mais la
pénurie d’argent, dont on est privé moins par un manque réel que par le
défaut d’ordre dans les finances, jointe à l’impossibilité où l’on est de se
procurer un nombre suffisant de marins, a toujours forcé ia cour du
Brésil à n’agir que par des moyens peu efficaces. » [M . Quoy.)
Pour nous, nous dirigeâmes la route de la Physicienne de manière à
nous éloigner le plus promptement possible de terre pour éviter les brises
variables; nous atteignîmes ainsi le 26“ parallèle, tout en nous avançant
ie plus possible à l’Est.
Arrivés par la longitude de 42° à i’Ouest de Paris, nous célébrâmes
le troisième anniversaire de notre départ de France, ici la pensée, devançant
le temps, nous transporta au milieu de nos amis et de nos familles,
que nous avions désormais l’espérance de revoir prochainement.
Et comme si ies vents eux-mêmes eussent voulu satisfaire à notre impai
820.
Septembre.
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