
ils ne font qu’en rire. Ils e.xpriment leur bienveillance par des chants, des
cris et diverses postures grotesques qui e.xpriment leur joie. L’hospitalité
ne leur est point étrangère; mais un fait assez curieux, qui tient à leur
économie domestique, est celui d’une mouette parfaitement privée, que
le capitaine Weddell trouva dans une de leurs cabanes : cet oiseau sautillait
alentour avec ia pius grande liberté.
Les naturels ont une espèce de chien particulière à ces contrées; il est
de la hauteur de nos bassets, et ressemble beaucoup au renard par sa
tête ; ils sont fort attachés à cet animal, qui leur est très-utile pour leur
sûreté personnelle, non moins peut-être que pour ieurs chasses.
Un fait que piusieurs voyageurs ont constaté, c’est la facilité qu’ont les
habitans de la Terre-de-Feu d’imiter à la fois les paroles et les gestes des
étrangers; leur talent, à cet égard, est fort remarquable. Les scènes mimiques
qu’on les a vus exécuter étoient à la fois aussi plaisantes qu’exactes;
mais ce talent avoit aussi son mauvais côté, car, lorsqu’on exprimoit le
désir de connoître le nom qu’ils donnoient, soit aux objets qu’on leur montroit,
soit aux actions qu’oii faisoit devant eux, au lieu de répondre, ils
répétoient avec une exactitude désespérante, soit ie mot qu’on leur avoit
dit, soit le geste qui l’accompagnoit.
Construction des pirogues. —• Leurs pirogues sont ce qu’ils possèdent
de pius parfait. Le capitaine Weddell en mesura une qui avoit i a?
anglais, sur une largeur de 2^ 2P“ [ 3 “ , 75 et 0“ , 66]; elle étoit faite en
écorce de bouleau, d’une épaisseur plus lorte que n’eussent pu en fournir
les arbres du voisinage, d’où il est facile de conclure que cette écorce
avoit été enlevée de quelque arbre de l’intérieur du pays. Trois pièces
en composoient la charpente : l’une d’elles formoit le fond, et les deux
autres les côtés; le tout étoit cousu avec une espèce d’osier flexible. La
membrure, d’une forme demi-circulaire, placée verticalement, étoit répartie
sur toute la longueur de la pirogue; on y avoit aussi posé une
couche de terre glaise, d’environ six pouces d’épaisseur, dans le triple
but de consolider la membrure, de servir de lest à l’embarcation et de
ia préserver des atteintes du feu, que ces sauvages sont dans l’usage de
porter toujours avec eux. L ’intérieur étoit partagé en compartimens bien
entendus : les ustensiles de pêche occupoient le premier; dans le second
s’asseyoient les femmes qui pagayent de l’avant; dans le troisième étoit Remarques
placé le feu; dans le quatrième la sentine, sorte de bassin où se réunissent Terre-de-feu.
les eaux qui doivent être jetées dehors; les hommes étoient assis dans ie
cinquième; c’est dans le sixième que se tenoient les femmes qui pagayent
de l’arrière; enfin le septième et dernier recevoit une espèce de caisson ou
l’on déposoit ce qu’il y avoit de plus précieux ; les hampes des lances ou
harpons sont généralement placées de manière à saillir au delà de la
poupe. Ainsi disposée, la pirogue résiste fort bien à i’effort des lames,
et peut marcher contre ie vent avec une grande vitesse.
Armes. — On n’a rien remarqué qui puisse donner l’idée d’un chef
unique, commandant à toute ¡a peuplade; chacun suit sa propre impulsion
, et fait ce qu’il croit convenir au bien-être commun. Tout semble
annoncer qu’en cas de guerre les combinaisons de ieur rude tactique
n’exigent point la présence d’un général. Les cicatrices remarquées sur
plusieurs individus sont une preuve des guerres qu’ils se font.
On compte au nombre de leurs armes : 1° Une sorte de fronde de trois
pieds de longueur, en peau de phoque ou de loutre, et d’une forme qui
ressemble beaucoup aux nôtres; les cordons sont faits avec de petits boyaux
agréablement tressés et terminés par des noeuds d’un travail ingénieux. La
manière de s’en servir est exactement celle que nous suivons nous-mêmes.
2“ L ’arc et la flèche. Celui-ci a généralement 3" Sf" anglais [ 1 “ , 1 1 ]
de long; son bois est élastique, dur et liant; la corde se fait en peau de
phoque, et quelquefois en hoyaux tressés; et quant aux flèches, d’un bois
dur et finement travaillé, elles ont environ 2 5F“ [o” , 63] de longueur,
et portent à une de leurs extrémités un fragment ou éclat de silex, de
forme triangulaire, et fixé dans une entaille au bout de la flèche, de telle
manière que, lorsque la flèche a pénétré quelque part, l’éclat de pierre
reste dans ia blessure.
3“ La lance ou harpon. Le dard se fait avec un os dur, d’environ
[ o™, I 8 ] de longueur; la pointe en est aiguë, et porte une barbe d’un
côté, placée à [ o'", 10 ] de l’extrémité. II y en a de construites d’une
autre manière , et dont un des côtés est rempli de barbes très-aiguës. Ces
dards se placent sur des hampes en bois , d’environ i o" [ 3 “',05 ] de long,
qui sont droites et d’un poli agréable; les indigènes attachent à cette pièce
Qqqqqqq*