
P ort-Jackson. compter jusqu’à cinq, nombre après lequel ils n’expriment pins que l’idée
D e l’ homme d’uue grande multitude. Dans les mots qu’il a recueillis, M. Gaimard
étend la numération jusqu’à huit ; mais ce perfectionnement scientifique est
peut-être dû à la communication des naturels de Port- Jackson avec les
Européens. On y voit que 6 se rend par j - t - i , 7 par 5~|-2,et 8 par 5-1-3;
hltwuré, par exemple, signifiant 5 et hroui 3, 8 se rend par hiaoure' roui.
D’après cette dernière autorité ( t ), les naturels qui habitent la partie Sud
du continent, située en face de l’île des Kanguroos, peuvent compter jusqu’à
vingt ; mais voici une grande singularité : c’est que ie mot qui signifie un
est identique avec celui qui signifie trois, et celui qui exprime six avec
celui qui exprime nnif, &c. A la baie Jervis encore, les naturels comptent
jusqu’à cinq, et tout porte à croire que le système numérique quinqué-
naire est, sinon général, au moins le plus généralement usité parmi les
peuplades de la NouveJie-HolJande.
Connoissances astronomiques. — Ils donnent un nom au soleil, à la lune,
à la voie lactée et à un petit nombre de constellations, parmi lesquelles
nous citerons les Pléiades, Sirius, et, ce qui mérite surtout d’être noté,
le grand et ie petit Nuage. Peut-être en ont-ils dénommé encore de
beaucoup plus apparentes, telles par exemple que la Groix du Sud ,
Orion, &c, ; mais nous ignorons, en cela comme en bien d’autres
choses , quelles sont ies limites de leurs observations et de ieurs connoissances.
La pleine et la nouvelle lune semblent être les seules phases
de ce satellite qu’ils aient désignées sous des dénominations particulières ;
mais ce qu’ii y a, selon nous, de plus surprenant, c’est qu’ils aient subdivisé
le contour de l’horizon en parties correspondant aux huit vents
principaux, savoir: Nord, Sud, Est, Ouest, Nord-Est, Nord-Ouest,
Sud-Ouest, et le vent fort, qui est très-probablement le Sud-Est. On
s’imagine bien qu’ils ne sont pas encore parvenus à une supputation
régulière des années et des temps; leur chronologie est même très-imparfaite;
elle marche au rebours de la nôtre, et compte par nuits : Nec
dierum numerum, ut nos, sed noctium computant (2).
( 1 ) Lettres manuscrites.
( 2 ) « E t au lieu que nous comptons par jo u rs , ils comptent par nuits. « ( T a c i t e , de morïb.
German.)
LIVRE V .— D e s S a n d w i c h .X. PôRT- J a c k s o n INCLUSIVEMENT. 7 5 9
Dessin et sculpture. — Quelques-uns de leurs instrumens de guerre
sont ornés d’une sorte de ciselure grossière, faite avec des fragmens de
coquille ou avec des os aiguisés. On a vu sur les rochers voisins des
rivages, plusieurs esquisses de poissons, de quadrupèdes, de waddys et
de bomerangs, souvent même des branches d’arbre qui n’étoient pas trop
mal représentées. L’atlas du Voyage aux Terres Australes ( 2® éd. ph 3 3 )
contient différens animaux gravés d’après les dessins des naturels de Port-
Jackson , et dont quelques-uns , tels que le kanguroo et certains poissons,
ont un caractère suffisant d’exactitude pour les faire aisément reconnoître.
Le capitaine P. P. King a trouvé, sur ies côtés et les plafonds des galeries
naturelles de l’île Clack (i), des dessins nombreux et variés fort
curieux, exécutés sur un fond rougeâtre, dont on avoit enduit ies schistes
rembrunis qui composent la roche. Ces esquisses, dont le contour étoit
formé de points d’une terre blanche argileuse, réduite en pâte, retra-
çoient des sujets d’espèce diverse, tels que requins, marsouins, tortues,
lézards, holothuries, étoiles de mer, casse-têtes, pirogues, gourdes, chiens et
kanguroos. Des objets d’art analogues avoient été découverts antérieurement,
par le capitaine Fiinders, dans les cavernes de l’île Chasm (golfe
de Carpentarie ) ; mais ces derniers dessins, faits avec du charhon rehaussé
de rouge, sur ie fond blanc du rocher, ne représentoient que des
marsouins, des tortues, des kanguroos et une main humaine. Sur un autre
point de la caverne étoit figuré de inême un kanguroo suivi d’une file de
trente-deux chasseurs. Le troisième homme de la bande avoit deux fois
la hauteur des autres , et tenoit à la main un casse-tête; peut-être étoit-ce
un chef qu’on avoit voulu désigner. Ne pouvant, comme nous, indiquer
ia différence des rangs par l’ornement des habits, on avoit sans doute, a
la manière des peuples d’A s ie , cherché à distinguer ie pouvoir ou la
supériorité du principal personnage, par la hauteur de sa taille et l’arme
placée dans sa main.
«Toutes les nations barbares ou policées, dit Vico, quelque éloi-
» gnées quelles soient de temps ou de lieux, sont fidèles à trois coutumes
» humaines : toutes ont une religion quelconque, toutes contractent des ma-
( 1 ) Située sur la côte orientale de la N o u v e lle -H o llan d e , par de latitude.
D d d d d *
D e l’homme
en société.
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