
Histoire
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cun pouvoir, aucun effort, aucune proclamation n’auroient pu empêcher
le massacre du gouverneur et de ses adhérens, et ces motifs l’avoient
décidé à agir comme il l’avoit fait. Le gouverneur Bligh soutint à son
tour que le complot tramé contre sa personne fut le fait de cinq ou six
individus seulement, et que la colonie n’offfoit pas, à cette époque, la
moindre apparence d’insurrection.
Quoi quil en soit de ces allégations diverses, il est certain que Je
regiment de la Nouveile-Galles du Sud, ayant le lieutenant-colonel
Johnstone à sa tete, se transporta chez le gouverneur, tambour battant
et enseignes déployées; que la demeure deM. Bligh fut cernée, et qu’il
lut iui-meme arrêté avec tous les magistrats rassemblés chez lui. La loi
martiale fut proclamée, les papiers du gouvernement et ie sceau de la colonie
furent saisis. Dès ce moment la colonie fut administrée sans trouble
par ce meme Johnstone, auquel succédèrent ensuite, à l’instant de leur
arrivée dans le pays, MM. J . Foveaux et W. Paterson, comme officiers
les plus anciens en grade. Enfin partit le respectable Lachlan Macquarie,
nouveau gouverneur titulaire, qui débarqua à Sydney, ie 28 décembre
I 809, un an et onze mois après la suspensionde son prédécesseur. Ce dernier
avoit quitté le Port-Jackson quelque temps auparavant; il se rendit
d’abord à Van-Diémen et de là en Angleterre, où sa conduite et celle de
ses accusateurs furent définitivement examinées et Jugées. L’issue finale de
toute cette affaire fut la destitution de M. le lieutenant-colonel Johnstone.
Durant cette dernière période un navire fut encore enlevé en 1808
par les convicts , et l’on éprouva de fortes inondations des rivières Hawkesbury
<1) et George; l’eau de cette dernière s’éleva jusqu’à dix pieds au-
dessus de son niveau ordinaire. Quelques actes d’hostilité de la part des
indigènes eurent également lieu.
L administration du général Macquarie, qui a duré près de douze années,
a été si paternelle et à la fois si ferme, si remplie de travaux importans
et utiles, qu’elle sera toujours regardée comme une époque mémorable
dans les annales de Port-Jackson.
( i ) 11 y eut encore une inondation de l’Hawkesbury trois ans après. Mais ce qui est
digne de remarque, c’est que les crues immodérées de cette rivière ont toujours eu lieu au
mois de mars.
Les circonstances délicates dans lesquelles il se trouva placé à son
arrivée dans la colonie, exigeoient qu’il redonnât du nerf à l’autorité ;
il fut sévère et juste, et on l’aima. Par son premier acte il annula tout
ce qui avoit été fait sans la participation du gouverneur Bligh , et rétablit
les anciens fonctionnaires dans leurs emplois. Une seconde proclamation
garantit les magistrats, officiers, &c. , contre ies poursuites qui
eussent pu être exercées contre eux en raison de l’exercice de leurs
fonctions.
Ses soins se portèrent ensuite vers l’administration intérieure; et l’on
vit successivement paroître plusieurs arrêtés ayant pour objet de diminuer
le nombre des filles publiques, d’encourager les mariages, de prélever
un droit de péage pour l’entretieii'des routes, et d’établir un fonds de
police pour les embellissemens de Sydney. Les rues, encore assez irrégulières
de cette ville, furent élargies jusqu’à cinquante pieds, et reçurent
chacune un nom particulier. On entreprit aussi des ouvrages pour assurer
en tout temps des eaux saines et suffisantes aux besoins des habitans. La
colonie subsidiaire de l’îie Norfolk, en raison des difficultés du débarquement,
fut disloquée et son personnel transporté à Van-Diémen; enfin des
cimetières furent consacrés dans les villes de Liverpool, Windsor, Riche-
mond, Pitt-Town, Castlereagh, et Wilberforce. Partout la police s’établit
sur un pied respectable; les dépenses et les recettes furent utilement combinées,
de nombreuses constructions entreprises pour l’embeliissemem et
la salubrité du pays, des piastres coloniales substituées au papier-monnoie,
des grandes routes, des chemins secondaires construits, et des ponts
jetés aux endroits où la nécessité s’en faisoit Je plus sentir; en un mot,
tout ce qui constitue une administration sage, vigilante et éclairée se
trouva mis eu oeuvre.
La sollicitude du gouverneur se porta également sur les sauvages ; il
desiroit ies arracher à leurs forêts et les faire participer aux bienfaits de
la civilisation européenne; déjà diverses tentatives avoient eu lieu pour
établir des relations amicales avec ces peuples, mais elles n'avoient encore
produit aucun grand résultat. Animé d’une douce philanthropie, il voulut
créer une Institution pour les enfans des aborigènes, où la jeunesse des
deux sexes pût puiser les germes d’une civilisation destinée à augmenter
1809.
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