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l’ ort-.lackson.
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Décembre.
effet à découvrir une de ces personnes que Je renvoyai à terre dans le
bateau du pilote. Pendant que je loiivoyois dans le goulet, plusieurs
hommes qui se disoient déportés Irlandais approchèrent de ia corvette, et
me demandèrent avec instance de les recevoir, ce que je refusai. Je savois
qu’un assez grand nombre de ces condamnés vivent dans les bois du voisinage
, et que, venant solliciter la pitié des capitaines de navire, ils parviennent
souvent de la sorte à se soustraire au châtiment auquei ils ont
été condamnés,
§. I I I .
Excursion à la ville de Bathurst ( i ).
Avant de réunir, selon notre usage, ies documens qui ont été le fruit
de notre dernière relâche, ii nous reste à présenter l’histoire de la petite
expédition que nous avons faite à Bathurst; ce sera l’objet de ce paragraphe.
Les renseignemens que nous reçûmes de M, Field ; ceux qu’ii nous
fit donner par M. Oxiey, arpenteur général de la colonie ; les facilités
qu’à sa sollicitation nous obtînmes aussi de M. ie gouverneur, nous permirent
d’espérer que notre voyage seroit heureux et point trop pénible.
Prêt à se mettre en campagne, notre équipage se trouva composé de
trois chevaux de selle, de deux autres chargés de notre bagage en vivres,
munitions de chasse, papier pour les plantes, boîtes à oiseaux et
insectes, & c .; enfin, de deux guides, et d’un matelot qui devoit nous
servir d’interprète.
Partis de Sydney le 27 novembre, nous arrivâmes le même jour à
Parramatta, et nous nous rendîmes chez le gouverneur, qui daigna s’informer
lui-même des dispositions qui avoient été prises pour assurer le
résultat de notre voyage, et donna ordre à M. Lawson, commandant de
Bathurst et des établissemens situés au - delà des Montagnes-Bleues,
de nous accompagner dans cette excursion, et de faciliter nos recherches
scientifiques par tous ies moyens qui étoient à sa disposition.
( I ) Rela tion par M M , Q u o y , Gaudichaud et Peiiion.
Arrivés au sommet de Prospect-Hill ( planche 93 ), nous fîmes une
petite pause pour y jouir du panorama le plus ravissant. De ce point si
heureusement situé, on apercevoit dans l’Ouest la chaîne majestueuse
des Montagnes-Bleues, q u i, formant un rideau de verdure, terminoit
l’horizon depuis le Nord-Est jusqu’au Sud-Ouest; au Nord , et pour
ainsi dire à travers ies collines qui régnoient entre ces montagnes et nous,
l’oeil, après avoir franchi quelques vallées, arrivoit enfin aux fertiles plaines
de Windsor, et se perdoit dans ieur immensité; le Sud, moins favorisé,
ie cède de beaucoup à la partie de l’Est, où quelques points de la route
de Parramatta à Sydney, et Parramatta Iui-même, forment un des plus
agréables tableaux qui puissent charmer ies yeux.
M.“ ' Lawson , chez laquelle son mari nous conduisit, nous fit les
honneurs de sa maison avec autant de grâce que de politesse; le plaisir
qu’elle parut prendre à nous recevoir n’eut rien de composé, et ne fut
même pas troublé, lorsque M. Lawson lui apprit qu’il venoit d’être
chargé par le gouverneur de nous accompagner à Bathurst ; cependant
l’embarras des moissons qui commençoient alors , ia surveillance
continuelle d’une grande propriété, la direction de nombreux convicts paresseux
et voleurs, tout cela restoit entièrement à la charge de cette dame.
Nous prîmes congé d’eile ie lendemain, et gagnâmes à travers les
bois ia grande route de l’Ouest (pl. 93 ), dont nous n’étions pas très-éloi-
gnés. Ii y avoit à-peu-près deux heures que nous étions en marche, lorsque
M. Peiiion, ayant mis pied à terre pour tirer un oiseau qui lui paroissoit
curieux, épouvanta tellement son cheval, que cet animai prit le grand
galop, et disparut bientôt dans la forêt; il emportoit avec lui, dans une
boîte fixée à ia selle, une fouie de choses fort utiles, telles qu’un horizon
artificiel, du papier à dessiner, des crayons, des couleurs, &c. Après
de longues et minutieuses recherches, nous nous vîmes enfin forcés
d’abandonner cette monture, que nous n’avions plus d’espoir de rattraper.
Nous perdîmes ainsi quelques heures précieuses, et un cheval qui
ne i’étoit pas moins. M. Lawson prit le seui parti qui restoit, ceiui
d’inviter quelques fermiers du voisinage à tâcher de découvrir les
traces de notre déserteur.
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N o v em b re .