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Dé cembre .
Bientôt notre vue put s’étendre sur les vastes plaines de Bathurst,
dont l’aspect gracieux rappelle celui des belles campagnes de la Beauce ;
peu de temps après, la ville nous apparut aussi, et nous atteignîmes
enfin le terme de notre excursion le même jour à quatre heures du soir.
C ’est sur la rive gauche de la rivière Macquarie, formée de la réunion
des rivières Fish et Campbell, et sur un point assez élevé pour être à
i’abri des inondations, que la ville naissante de Bathurst est placée.
Nous y demeurâmes un jour entier. M. Lawson nous reçut et nous
traita de son mieux dans la petite habitation assez agréable qu’il y
possède.
Les plaines qui portent le nom de Bathurst occupent un espace de
forme ovale, dirigé sensiblement du Nord au Sud, qui aune vingtaine
de milles de long, et douze de large dans son plus grand diamètre. De
foibles coliines rendent légèrement onduleuse la sru'face du terrain, qui
est presque par-tout entièrement dépouillé de bois , nudité qui produit
un contraste remarquable avec les montagnes des environs couvertes
de forêts.
Dans toute i étendue de la plaine, nous observâmes une trentaine
de maisons , distribuées à 12 0 personnes, dont les deux tiers sont
groupées au centre de l’établissement principal ; le reste est dispersé dans
ia campagne.
On comptoit alors dans cette plaine, nous a-t-on assuré, jusqu’à
23 000 moutons mérinos et un nombre égal de bêtes à cornes, dont
une partie appartient au gouvernement ; M. Lawson en possède 3 000
parmi ies premiers et 300 parmi les secondes.
Ordinairement, le temps est assez beau à Bathurst; les vents d’Ouest
y amènent, il est vrai, des orages, mais iis sont de peu de durée. Néanmoins
, il y pleut quelquefois beaucoup , ainsi que dans les montagnes
environnantes, pendant plusieurs jours de suite : la plupart des plaines
et des vallées que nous avions parcourues, deviennent alors des lacs impraticables.
La température nous parut être sensiblement la même que
celle qu’on éprouve dans ie midi de la France, à une époque correspondante
: ii n’est pas rare, assure-t-on, d’éprouver ici en hiver des
froids assez vifs.
lal
LIVRE V. — D e s S a n d w ic h à P o r t - J a c k s o n in c lu s iv e m e n t . ¿ 4 ?
Nous quittâmes Bathurst le 5 décembre au matin ; et reprenant la
route que nous avions suivie en venant, nous ne fîmes qu’une seule
traite jusqu’au poste de C o x , où notre arrivée eut lieu à une heure
après minuit.
Le lendemain, tout le monde fut sur pied de très-bonne heure. II faisoit
nuit la première fois que nous avions parcouru ia fameuse rampe qui
conduit au sommet du mont York; ce ne fut donc pas sans intérêt qu’il
nous fut permis de contempler à loisir ce travail curieux par sa hardiesse
et par i’inteliigence qui a présidé à sa construction. M. Peiiion fit de ce
point de vue un dessin qui en retrace fidèlement le caractère (pl. 97).
Pratiquée sur les flancs de la montagne, qu’elle entoure de ses replis,
cette rampe a treize ou quatorze pas de large ; son rebord extérieur, qui
règne au-dessus d’un précipice affreux, est défendu par une balustrade
en bois. D’énormes blocs de granit que les eaux semblent avoir minés
par succession de temps, et qui, tantôt saiilans et presque isolés, sont
comme suspendus sur la tête du voyageur et ia menacent de leur chute,
tantôt se partagent pour laisser entre eux un étroit passage ; des plantes
en désordre, des arbustes morts et renversés , des abîmes où l’oeil ne
plonge qu’avec effroi ; tout donne à ce lieu un aspect imposant et
sauvage.
Bientôt une brume épaisse nous enveloppa entièrement, et nous traversa
pour ainsi dire jusqu’aux os ; nos chevaux étoient recrus : pour
surcroît de disgrâce, la nuit étant survenue, force nous fut de marcher
presque au hasard , bronchant à chaque pas , et dix fois exposés à être
mis en pièces sur les roches. Spring-AVood, que nous n’atteignîmes que
vers minuit, fut pour nous un port de salut : là un énorme feu de plusieurs
troncs d’arbres, allumé dans une cheminée immense, vint nous
pénétrer de sa chaleur salutaire.
Le lendemain, 7 décembre, après un sommeil réparateur dont nous
avions grand besoin, nos collections furent mises en ordre et emballées.
Nous étions de bonne heure à Régent-Ville , où sir John Jamieson nous
attendoit et voulut bien nous donner encore l’hospitalité.
Le jour suivant, après avoir pris congé de notre hôte, nous ramenâmes
dans ses foyers notre guide obligeant, le bon M. Lawson, auquel
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Incursion
à Bathurst.
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Dé cem b re .