
Ile s Sandwich, ces curieuses recherches; ies pertes qui en résuitent pour la science sont
D e l’ homme immenses, et de tardifs regrets ne sauroient aujourdhui remplir de
en société.
telles lacunes. Espérons que, pour les pays où il en est temps encore,
les voyageurs éclairés fixeront sur cet objet toute ieur sollicitude.
Calendrier. — On retrouve aux Sandwich cette année de treize
mois lunaires, connue en Chine, et qui s etoit également introduite
aux Mariannes : nous ignorons comment les Sandwichiens fixent l’époque
où elle commence, quoique nous sachions fort bien que certaines cérémonies
religieuses coïncident avec son origine. M. Marin, de qui nous
tenons ces détails, a bien voulu nous faire connoître aussi les noms
affectés à chacun de ces mois ; les voici tels qu’ils ont été transcrits par
M. Gaimard :
Religion.
I . Ounana. 8. Mohoé.
2. Makari. 9- Aititi.
3- T aouna. 10. Aoukoua.
4. Inaérééré. 1 1 . Itoua.
h Taouroua. 12 . Varaou.
6. Koïrou. !3- ( O n a ^ o .
7- Kamaoué. j Kaono ( i
La religion des Sandwich, qui a une conformité frappante avec celle
de la Nouvelle-Zélande, des îles de la Société, des Amis, et de plusieurs
autres îles du Grand-Océan peuplées par la même race d’hommes ,
offre un amalgame confus et informe des croyances des Chinois (2), des
Indiens, des Égyptiens, et des dogmes de quelques-unes des religions
propres aux anciennes nations européennes, sans en exclure les doctrines
primitives qui font la base du christianisme.
Comme dans la plupart des religions païennes , les attributs de la
divinité forment ici autant de dieux différens [akoua] , ou d’esprits particuliers
auxquels a été attribué le pouvoir de dispenser le bien et le mal
au genre humain, suivant ie mérite de chacun : leur résidence habituelle
est placée dans les idoles ou dans ie corps de certains animaux. Une
( I ) Nous ne savons pas pourquoi ce treizième mois porte ainsi deux n om s, et quelle est
la signification affectée à chacun des mots de cette liste.
( 2 ) Voyez t. I , page 683 et su iv ., ce qui a été dit de la religion des Chinois.
en société.
LIVRE IV. — De G o a m a u x S a n d w i c h i n c l u s i v e m e n t . 593
hiérarchie immuable soumet aux dieux les plus puissans, ceux qui exercent Iles San dw ich,
un moindre pouvoir; les ames des rois, des héros, de certains prêtres, U e l ’homme
forment une légion de dieux inférieurs et tutélaires, subordonnés également
entre eux, selon ie rang qu’ils occupèrent sur la terre. De malins
esprits, qui ne se plaisent qu’à nuire, sont l’objet de conjurations et
d’exorcismes. Des prêtres, des sorciers, des augures, des offrandes, des
sacrifices humains, les honneurs rendus aux morts, ies cérémonies expiatoires
et quelques autres, enfin l’établissement des villes de refuge ( i) ,
tel est l’ensemble du cuite extérieur.
Les traditions religieuses (2), comme tout ce qui tient à i’histoire,
est conservé dans des compositions rhythmiques. Très-anciennement,
disent-elles (3), il fit obscur, et il plut une grande quantité de jours,
pendant lesquels on ne put voir le soleil ; quelques personnes très-aimées
des dieux obtinrent cependant le retour de la lumière. La yner, en franchissant
ses limites, augmenta ie danger; ceux qui se réfugièrent sur
les plus hautes montagnes d’Owhyhi furent seuls sauvés.
La plupart des statues dans lesquelles on prétemd que les dieux sandwichiens
ont fixé leur résidence, sont gigantesques; elles ont des têtes
énormes et des bouches démesurées, dont quelques-unes sont garnies
de plusieurs rangées de dents de requin. Notre planche 87 représente
les idoles de Riorio, à son morai de Kayakakoua. M. Quoy en a vu
ailleurs dont la posture étoit très-obscène. Toutes sont sculptées eu bois
ou en pierre, parfois avec assez d’art; quelques-unes sont garnies de
plumes.
Chaque chef possède ses dieux particuliers. Le dieu de la guerre de
Taméhaméha se nommoit Tdiri , et le simulacre devoit en être taillé
pendant les fêtes de ia lune. Pélé, déesse des volcans (4), étoit sur-tout fort
( I ) On peut reconnoiti-e dans cette énumération la vraisemblance de ce que nous avons
avancé au commencement de cet a r tic le ; l’établissement des villes de refuge entre autres
paroît calqué sur la loi de Moïse. V o y . N omb re s , chap. 3 5 , v. 6 , 1 1 et suiv.
( 2 ) C e seroit une chose aussi fort intéressante que de re cu e illir les prières que les S a n d wichiens
adressent dans telle ou telle circonstance à leurs id o le s ; d’a v o ir , en un m o t, tout
ce qui se rapporte à ieur théogonie et cà leurs rits sacrés.
{ 3 ) Ce s détails m’ont été fournis par M . jMarin.
( 4 ) Voyez E llis , op, cit.