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Colons libres.
§. III.
Moeurs des colons.
Émigrans libres, — Quelques négocians respectables furent les premiers
colons libres qui arrivèrent à Port-Jackson ; plus tard les officiers
militaires qui , après avoir fait partie de la garnison , voulurent s’établir
dans le pays, augmentèrent le nombre de ses habitans iibres, et ce nombre
s’accrut ensuite singulièrement de leurs enfans et des personnes qui
vinrent avec le désir de posséder des terres dans cette contrée.
Il a toujours existé entre ia classe des coions libres et ceile des convicts
libérés une antipathie très-marquée, quel que fût d’ailleurs i’état de fortune
des individus, et cette antipathie est facile à comprendre. L’espèce
de mépris dont les convicts libérés, qu’on appelle ici les é'mancipe's, ont été
i’objet, a profondément blessé leur amour-propre, et développé entre eux
et les habitans d’origine libre une sorte d’inimitié qui a trop souvent
donné lieu aux pius déplorables excès. La liberté de la presse, accordée
à ia colonie en 1824, ainsi que nous l’avons vu ailleurs, a été un instrument
actif de scandale, en raison des calomnies et des abominations
que certaines personnes ont pris à tâche de publier.
Le flot d’émigrans qui, dans ces dernières années, est arrivé de ia
mère-patrie pour chercher ici moyens suffisans d’existence, a dû nécessairement
amener à Port-Jackson quantité d’individus de moeurs fort peu
exemplaires; quelques-uns d’entre eux se sont en effet montrés paresseux,
malintentionnés, d’un caractère déréglé (i), et sont devenus une véritable
tache pour la classe des émigrans libres.
La plupart 'des domestiques arrivés d’Angleterre avec ieurs maître«
se sont gâtés bientôt par une communication forcée avec ies convicts (2);
aussi a-t-on reconnu qu’il étoit tout-à-fait abusif d’amener des domestiques
dans la colonie. Mais que dirons-nous des émigrans iibres de ia
classe ouvrière!
N’est-ii pas à craindre que des relations analogues n’aient une fâcheuse
( i ) N ew-S ou th -W ales Calendar de 18 3 4 .
( 2 ) Voyez Dawson , op. cit.^ p. 4 3 4*
li.
des colons.
LIVRE V. — D e s S a n d w i c h à P o r t - J a c k s o n i n c l u s i v e m e n t . 865
influence sur quelques-uns d’entre eux! Déjà on a remarqué que la tempé- C o io n ie
rance n’étoit pas leur vertu favorite, et que i’abus funeste des Rqueurs „ i*®
. . * * P o r t- Ja c k so
spintueuses, source de tant de maux individueis, devenoit aussi pour la Moeurs
colonie une cause de grands désordres. Une certaine disposition à la
prodigalité se remarque en générai chez cette classe de gens, et y entretient
un état de malaise qui les empêche souvent de s’élever au-dessus
d’une position médiocre.
Les matelots baleiniers forment eux-mêmes actuellement une classe
spéciale de colons libres; le genre de vie qu’ils mènent, ies opérations
auxquelles ils se livrent, et leur absence presque constante des pays civilisés
les rendent en général rustres et brutaux ; l’impossibilité où ils
sont très-fréquemment d’être atteints par les lois jointe au peu d’estime
qu’iis font de l’opinion publique semble les avoir affranchis de toute
espèce de frein. On assure (i) que ieur conduite sur celles des îles du
Grand-Océan qu’ils visitent est très-souvent blâmable à l’excès.
Convicts libérés.' Hatons-nous d établir une distinction, sous le rapport
des moeurs privées, entre ies condamnés politiques, les duellistes,
et ies convicts qui n’ont été envoyés au Port-Jackson que pour vols
et d’autres délits infâmes. Ceux des premiers qui, à l’expiration de leur
peine, rentrent dans la société commune, ont, en général du moins, des
droits non douteux aux égards de ieurs concitoyens; il en est de même
des seconds, et parmi les autres, voués à i’opprobre, qui oseroit assurer
qu’on ne puisse y établir aussi quelques distinctions favorables!
Quoi qu’il en soit, ce sont les convicts libérés qui, pendant de longues
années, ont donné ie ton dans ia colonie et qui y ont développé cette fouie
d habitudes vicieuses que plusieurs générations peut-être ne parviendront
pas à effacer (2). On reproche à ces hommes pervers un esprit de
chicane et un amour du lucre poussés jusqu’à i’excès. Un assez m-and
nombre se sont montrés fréquemment des marchands déhontés, il est
vrai que la concurrence est venue depuis peu modérer leur système de
rapine, et que la nécessité leur a fait concéder ce quon n’eÛt jamais
pu sans cela attendre de leur délicatesse. La présence d une foule de
(>) L a n g , I , 305,
( 2 ) Id em , I I , 4 10 .