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A thousand horses, and none to ride.'
W'ith flowing tail andflying mane,
Wide nostrils, never stretch’d by pain,
Mouths bloodless to the bit or rein ,
And feet, that iron never shod.
Andflanks unscarr’d by spur or rod ( 1 ).
J ’ordonnai en conséquence à maître Rolland d’aller s’établir avec ses
chasseurs à quelques milles de distance de notre camp, afin de pouvoir
plus facilement se placer en embuscade, et tirer sur les chevaux qui pas-
seroient à sa portée. Cette précaution étoit nécessaire , car ces animaux
sont très-fins, et il est souvent difficile d’en approcher. Nous nous sommes
assurés que la meilleure manière de s’en rendre maître est de les tirer
aux genoux ; atteints ainsi ils ne peuvent échapper, tandis que lorsque la
blessure porte autre part, ils fuyent, et vont mourir dans des lieux si
écartés qu’il est tout à fait impossible de les retrouver. Plus tard maître
Rolland alla fixer son quartier général au milieu du bourg Saint-Louis,
près duquel il pouvoit facilement tuer des chevaux, des boeufs et même
des cochons ; ies transports, pouvant se faire par eau, de là à notre camp,
étoient beaucoup moins pénibles pour nos gens. Dès ce moment notre
pénurie fit place à l’abondance.
Cette viande de cheval, quoique peu savoureuse, étoit néanmoins
très-passable lorsqu’elle étoit rôtie : bouillie elle valoit beaucoup moins.
L’absence de bois à brûler étoit un des grands obstacles que nous eussions
à vaincre : nous y suppléâmes par une foule de petites broussailles
assez communes et dont j’obligeois journellement nos gens de faire provision;
nous construisîmes aussi des fours en pierre, dont nous trouvâmes
l’usage préférable à tout autre moyen pour la cuisson de nos alimens.
Cependant ies travaux de notre chaloupe se poursuivoient avec
vigueur, et personne ne mettoit en doute la réussite du petit voyage
qu’elle alloit entreprendre. La distance qui nous séparoit de Monte-
vidéo n’étoit en effet que de 350 lieues, et les vents qui régnent
( i ) M i l le c h e v a u x , e t pas un seu l c a v a l i e r ! leurs q u eu e s son t flo t t a n t e s , leurs c r in iè re s v o le n t ,
leu r s la rg e s n a s e a u x , q u e jam a is le fre in ne b le s s a , a sp iren t l’ a ir a v e c fo r c e . Jam a i s le mors
n’ en s a n g la n ta leurs b o u c h e s ; jam a is le fe r n’ en se rra leu r s p ie d s ; l’ épe ron ni le fo u e t n’ o n t jam a is
to u ch é ieurs flan c s. ( L o r d V > y to n , M a z e p p a .)
LIVRE VI. — D e P o r t - J a c k s o n e n F r a n c e . 1 2 4 9
habituellement dans ces parages, à l’époque de l’année où nous nous
trouvions, devoient iui faire franchir cet intervalle en un petit nombre
de jours. Cependant il me fallut faire entrer dans mes calculs la supposition
pénible, mais possible, du cas où notre petite embarcation ne pourroit
pas atteindre le terme de son voyage; et c’est ce qui me décida à faire
mettre sur ie chantier, immédiatement après son départ, une goëlette
de 100 tonneaux, que nous avions les moyens de construire, soit avec
nos bois de mâture, soit avec les autres pièces qu’on eût retirées de la
démolition de l’Uranie; elle eût suffi pour nous transporter tous, sur les
bords de Rio de ia Plata.
Les travaux auxquels nous nous livrions alors n’étoient plus acca-
blans ; aussi , pendant que nos ouvriers préparoient nos moyens de
salut, nous pensâmes à utiliser nous-mêmes nos loisirs, en continuant
la série d’observations de physique et d’astronomie qui avoient fait
jusqu’ici l’objet de nos études à nos précédentes relâches.
Notre observatoire fut donc établi; mais avant de reprendre personnellement
ie fil de mes opérations ordinaires, j’avois à terminer les instructions
que je devois remettre au commandant de T Espérance.
Ma santé, rudement éprouvée par le chagrin, les veilles forcées, les 10.
soucis et mille événemens divers, commença à défaillir aussitôt que je
pus prendre un peu de repos; et bientôt je fus assez gravement indisposé
pour être forcé de garder le iit.
Dans la précipitation qui suivit notre naufrage, on ne pensa d’abord
qu’à ce qui étoit le plus essentiel ; c’est ainsi qu’on ne sauva qu’une petite
partie de nos médicamens, et parmi ceux-là ne se trouvèrent malheureusement
pas ceux que le médecin jugeoit m’être nécessaires : ce fut
une contrariété à ajouter à beaucoup d’autres.
Pendant les instans de répit que me laissoient mes souffrances, je
terminai cependant les instructions de M. Duperrey. Notre petit navire
venoit d’être mis à i’eau; sa mâture, son gréement, ses voiles,
tout étoit en place; ses vivres étoient embarqués , et l’officier qui devoit
ie commander s’étoit muni des instrumens, des livres et autres objets 18.
nécessaires pour diriger sa route. Tout enfin étoit prêt pour son départ,
fixé au surlendemain.
1820.
M a r s .