
Vues genérales
sur 1 identité
des races.
§. I ."
De l ’homme considéré comme individu.
C est un fait bien digne de remarque, qu’un pays d’une aussi vaste
étendue que la Nouvelle-Hollande (i) se soit trouvé uniquement habité, à
l’époque de sa découverte, par une seule race d’aborigènes, offrant partout
les mêmes caractères physiques et moraux. A la baie des Chiens-
Marins comme au Port-Jackson, à la rivière des Cygnes, à celle de
l’Endeavour, aux Terres de Nuyts, d’Endracht, de Witt, d’Arnheim, &c„
1 identité dun même type humain se fait par-tout reconnoître; et cette
conformité existe, non-seulement dans la couleur de la peau , dans les
cheveux (2), les traits du visage et les formes corporelles (3), mais aussi
dans les principaux usages et l’industrie de ces sauvages habitans.
La pratique singulière de se priver d’une ou de plusieurs dents incisives
de la mâchoire supérieure, quoique moins générale, se montre
(1) L a su r fa c e de la N o u v e lle -H o llan d e est égale aux quatre cinquièmes de celle de FEurope.
(2) L a relation de D am p ie r sembleroit offrir une exception pour le point de la T e r r e de
W h t que ce voy ag eur a visité ; mais la difficulté n’est qu’ apparente. L e capitaine King qui
a parcouru les mêmes p a rag e s, p e n s e , en e ffe t , que « D am p ie r a dû être trompé à cet ég a rd,
w et qu à cause de 1 usage qu’ ont les naturels de se couper les cheveux pour s’ en faire une sorte
» de co rd o n , ils d e vo ien t, ainsi tondus, paroître a v o ir les cheveux laineux comme les nègres. »
( Philirp Park er King’s , Voyage to A u s t ra lia .)
(3) E n historien fid è le , je dois dire q u a l’île M e lv ille et à la b aie H an o v e r (T e r r e de
plu
que les autres caractères des individus s’ écartassent du type général. On rencontre parfois encore
quelques individus robustes dans les environs de P o rt-Ja ck so n ; mais ces cas sont des exceptions
à la règle. I i en est de même de la horde visitée par le capitaine S tu n en 1 8 3 1 , sur les
bords de l;i rivière Murra y, par 1 3 8 “ i j ' E . P . ; les hommes en .sont b e a u x , forts et robustes, les
femmes miserables, foibles et emaciées. ( Vojyq^ T w o expeditions into the interior o f Southern
A u s tra lia ; L o n d o n , 18 3 3 .)
M M . H o v e ll et H um e observèrent aussi, dans íes plaines fertiles situées entre ia Morum-
bidgee et la rivière H um e (pl. 9 1 ), des sauvages très-bien fa its ; l’un d’eux n’avoit pas moins de
J P 3P» [ I»>,y ] ; tous étoient robustes, et possédoient, ce qui est assez rare chez les nature ls, des
jambes bien conformées. ( K qye j Jo u rn e y o f d iscovery to port P h illip , in 18 2 4 and 1 8 2 5 ;
S yd n e y . )
LIVRE V. — Des S a n d w i c h à P o r t - J a c k s o n i n c l u s i v e m e n t . 705
néanmoins sur un grand nombre de points du continent, situés à des
distances considérables les uns des autres, et toutefois avec des anomalies
qu’il importe de faire connoître. Au Port-Jackson et au port Stephens
(pl. 92 ), l’incisive du côté droit est arrachée à tous les adultes masculins ,
tandis qu’à ia baie Calédon (i) c’est seulement celle du côté gauche qui
leur manque ; à la T erre de Witt et près du cap Borda ( 2 ), les individus
de tout sexe et de tout âge sont privés de deux dents incisives; enfin,
sur d’autres localités, telles que le port du Roi-George et le port Western
au Sud , le port Curtis et la baie Hervey ( 3 ) à l’E s t , l’archipel de
Dampier et la baie Hanover au Nord (4 ), ce genre de mutilation n’est
pas pratiqué (5). Pendant ses voyages dans i’intérieur du continent, ie
capitaine Sturt a vu des exemples qui se rapportent à l’une et à l’autre
de ces deux catégories (6).
La perforation du septum ou cloison nasale s’observe à-la-fois au Port-
Jackson , aux îles Goold (7 ) , au port Western, à celui du Roi-George ,
et à ia baie Calédon.
Sur les côtes de l’Est, du Nord et du N. O., se rencontre la pirogue
d’écorce, que le radeau remplace quelquefois dans ces derniers parages;
mais la pirogue creusée dans le bois existe à la rivière Endeavour. A
la côte occidentale, à celle du Sud et du S. O ., toute espèce de navigation
paroît être inconnue.
L ’emploi d’armes identiques, sur tous les points du littoral, est encore
un des faits singuliers qui méritent le plus de fixer l’attention. Nulle part
on n’y remarque l’arc et la flèche (8), mais la sagaie s’y voit par-tout;
Ideniité
des races.
( I ) Située à l’extrémité N . O . du golfe de Carpentarie.
( 2 ) P a r 1 7 ° de latitude Su d .
( 3 ) P a r 2 4 ° et 2 5 ° S .
(4 ) L e premier de ces points gît par 1 14“ , et l’autre par 1 2 3 “ de longitude E st de Paris.
( 3 ) A l’ île V an -D iém e n , au Su d de la N o u v e lle -H o lla n d e , quelques individus se sont
fa it arracher une d e n t , d’autres deux dents in cisiv es; cet usage n’ est pas universel chez la
même p eu p lad e , mais il importe de remarquer que c’est toujours à la mâchoire supérieure
que ces incisives manquent.
(6 ) Voyez Sturt’s , E x p ed itio n s in Southern A u s tra lia ,
( 7 ) P a r 1 8 “ S . , sur la côte orientale.
(8 ) F au d ro it-il en excepter le cap B e rtholle t (par 1 7» S. et 1 2 0 “ E . P . ), c’est-à-dire le point
de la T e r re de W it t où aborda T a sm an ! C e seroit alors la seule exception pour tout ie littoral