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C jlo n ie
de
P o n - Ja ck so n .
Moeurs
des colons.
» minutes sans pouvoir une parole; mais leurs yeux remplis de
» larmes et leurs profonds sanglots exprimoient assez ce qu’elles avoient
-> dans l’âme. Quelques-unes firent un récit révoltant de la manière dont
» elles avoient passé la dernière nuit. A peine la veille au soir étoient-
» elles arrivées à ia manufacture (i), qu’elles lurent entourées par des
» hordes de bandits déportés, pourvus les uns de liqueurs fortes, les autres
■> de vivres, afin de célébrer, selon l’usage, un banquet auquel ils étoient
» assurés de pouvoir assister sans être interrompus; c’étoit un prélude
» aux excès que la décence se refuse de rapporter. On eût dit qu’iis avoient
» calculé sur la sécurité qui naît d’une coupable connivence avec ies
» constables, sur la négligence desquels iis peuvent du moins compter.
» Ces gardiens de la morale publique sont ordinairement choisis dans
» les rangs des convicts, et possèdent rarement des qualités supérieures
» à celles des personnes qu’iis sont chargés de surveiller.
» D’abord je ne pouvois croire ce que me disoient ces femmes d’une aussi
» étrange visite des convicts ; mais elles m’en montrèrent plusieurs, encore
» demi-nus et demi-ivres, cachés dans ce réceptacle de misère, théâtre
» des plus infâmes orgies. Quelques-unes de celies dont ia conduite et les
» moeurs s’étoient pius particuiièrement améliorées peiidant la traversée,
» s’écrioient avec des larmes d’angoisse : O Dieu! on nous a toutes envoyées
» ici pour y être détruites! Et elles déciaroient qu’il étoit presque impossible
» de ne pas s’abandonner à la débauche la plus honteuse, au milieu de
» cette multitude de formes diverses sous lesquelles la tentation ieur
» étoit présentée. »
Convicts amendés.— On vient d’entendre ie récit d’un des plus dégoûtans
épisodes auxquels la corruption des convicts ait sans doute jamais donné
lieu. Heureusement l’oeil peut quelquefois se reposer sur des tableaux
moins hideux et moins révoltans. Il n’est pas très-rare, en effet, de voir,
surtout parmi ies déportés qui se livrent à ia vie pastorale, des hommes
qui, de coupables, sont devenus des citoyens honnêtes et industrieux;
( 1 ) C e tte manufacture, dit un journaliste de la co lo n ie , est un établissement unique, une
sorte de couvent où le voeu de chasteté n’ est pas strictement ex igé . {V o y e z Sydney M o n h o r ,
13 décembre 18 3 4 .)
hI k-MÉ i\ /i,
L IV R E V .— D e s S a n d w i c h a P o r t - J a c k s o n i n c l u s i v e m e n t . 871
et qui même, après ieur libération, et après avoir obtenu ou acquis des
propriétés, se sont mariés et ont élevé une nombreuse famille.
Dans 1 intéressant récit de son voyage à la Nouvelle - Hollande,
R. Dawson parle en ces termes de quelques convicts qu’il avoit eus
sous ses ordres, et dont il avoit été très-satisfait.
« Dans le cours de ma vie, dit-ii, j ai eu plusieurs bons domestiques,
>’ mais jamais aucun qui mait servi avec un zèle aussi invariable que le
» nommé Edwards , né dans le pays de Galles. Le peu que j’avois à moi.
à cette époque, étoit entièrement à sa discrétion , soit au logis, soit en
voyage. Un tei exemple d attachement et de bonne conduite n’est pas le
» seul que je pourrois citer parmi les convicts de la Nouvelle-Galles du
Sud, et je me suis convaincu quon les ramène plus souvent qu’on ne
le pense généralement dans-la voie de l’hoiinêté, parla confiance et un
” traitement amical.» Celui-ci etoit condamné à vie, et se trouvoit par
conséquent dans la classe connue des colons sous le nom de /ifers .■ il
servit Dawson pendant deux ans sans jamais s’écarter de ses devoirs.
Femmes convictes. — Comparativement ii existe très-peu de femmes
convictes qui, après leur arrivée dans la colonie, commettent des fautes
graves en récidive, et ce n’est même pas une chose sans exemple de
rencontrer de ces créatures qui, après avoir vécu dans un grand désordre
pendant quelles étoient filles, se conduisent d’une manière irréprochable
dès qu’elles sont mariées. Dans nos prisons, sur les pontons et dans nos
bagnes, de pareils amendemens chez les hommes comme chez les femmes,
eussent-ils pu avoir lieu! Non; le criminel, après l’expiration de ,sà
peine, seroit indubitablement retourné à ses premières habitudes, et
auroit continué d’être le fléau de la société.
On a reconnu que les convicts qui ônt été envoyés à Port-Jackson
avec leurs femmes se sont généralement fait remarquer par une meilleure
conduite; c’est ce qui explique pourquoi le gouvernement a consenti à ce
que cette double déportation se fît à ses frais. Quant aux convois de fiiies
iibres et honnêtes venues dans la colonie, ainsi que nous l’avons dit
aifieurs, c’est assurément, sous le rapport de l’amélioration des moeurs,
une circonstance heureuse; «mais, ne peut-on pas supposer que, dan!
>. queiques cas,^Ieur changenjent de situation, et l’état particulier de la
s s s s s *
C o lu n fe
P o r t- Ja c k so u .
Moeurs
des colons.