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Course
au Nouveau-
Fribourg,
ses poches pleines d’argent, ii rentre sans en avoir fait la distribution.
Aussi jamais inscription ne fut mieux méritée que celle que les colons
eux-mêmes ont placée dans son salon :
A Alonseigneur de AAiranda.
les Suisses reconuoissans.
« Toutes les personnes instruites de la colonie m’ont dit que sans cet
excellent homme, dont l’emploi est purement honorifique, l’établissement,
frappé de mort dès son origine, eût totalement échoué; en sorte
que c’est par son seul crédit qu’ii est parvenu à obtenir de la cour tout
ce qui étoit nécessaire à ia coionie qu’il dirige. Peut-être, par sa prévoyance
et sa générosité, verra-t-on sortir un jour du Nouveau-Fribourg
les élémens de quelque autre colonie importante, qui deviendra ainsi
la richesse et la gloire du Brésil, bien pius que ses mines d’or et ses
diamans.
» Je suis resté i 2 jours au Nouveau-Fribourg, que je vais maintenant
quitter; mais on me permettra de faire d’abord quelques réflexions.
» Les Suisses trouvent qu’on les a placés trop loin de la ville de Rio
de Janeiro (à 3 3 lieues moyennes de France environ). Ces plaintes sont
fondées; et cependant c’est moins l’éloignement que ia hauteur des
montagnes qu’il faut traverser et les chemins souvent impraticables
quon doit suivre qui leur font trouver les communications très-difficiles.
Comment en effet tirer de la capitale les choses nécessaires à une coionie
naissante, et y transporter par la suite ses denrées, autrement qu’à dos
de mulet? Quoique ce procédé soit généralement employé au Brésil, l’industrie
suisse l’eût promptement remplacé par des moyens plus expéditifs,
si 1 établissement eût été fondé en deçà des montagnes de la colonie nouvelle.
On se propose bien de pratiquer un chemin un peu plus commode;
mais, comme on ne peut éviter les montagnes, la difficulté restera toujours
à peu près la même. Ce chemin prendroit un peu plus haut que le premier
Registo, et se dirigeroit dans l’Est par des endroits plus accessibles
que ceux où l’on passe maintenant.
>• Les Suisses se plaignent encore que le terrain choisi dans les montagnes
de Morroqueimado est couvert ia nuit, et pendant toute l’année, des
LIVRE VI. ■— D e P o r t - J a c k s o n e n F r a n c e . >3 7 7
brumes épaisses dont j’ai parlé, ce qui ies empêche de se livrer à la culture
du café et du coton.
» On répond à cela qu’en deçà des montagnes il n’eût pas été possible
de donner à chaque individu autant de terres que dans l’endroit où se
trouve la colonie actuelle; que d’aiileurs, en faisant choix de cette localité,
on avoit eu égard à sa température, qui, étant tempérée, convenoit
mieux à la santé d’individus habitués au climat un peu froid de la Suisse.
Cette raison, qui paroît péremptoire et juste, ne supporte cependant pas
l’examen. En effet ceux qui connoissent le Brésil savent qu’aux environs
de la meiTa température des lieux élevés, comparée à celle de la plaine,
n offi'e pas une assez grande différence pour qu’on ait dû sacrifiera ce prétendu
avantage celui, bien plus grand, de la facilité des communications
avec ia capitale, seul débouché actuel possible des denrées.
» Lorsque nous fûmes parvenus au sommet des montagnes, non loin du
Registo da Boa-Vista, nous nous arrêtâmes pour examiner ies sources
de la rivière Sant-Antonio et du Rio do Conego; leurs eaux réunies forment
un peu plus ioin ia rivière das Bengalias, qui arrose ie Nouveau-
Fribourg et va se jeter ensuite elle-même dans Rio-Grande, après avoir
reçu dans son cours plusieurs ruisseaux.
» La rivière Macacu prend aussi naissance dans cette même chaîne; son
cours est grossi par celui de plusieurs petits courans d’eau, parmi lesquels
on remarque ies rivières Cacerebu, Guapyassu et celle de Porto das
Caixas, Le Macacu coule à peu près du Nord au Sud, forme un coude
à la ville de ce nom, et, se dirigeant ensuite au Sud-Ouest, va se jeter
dans fa baie de Rio de Janeiro.
» Les montagnes que j’ai parcourues dans ce petit voyage sont toutes de
granit, tantôt avec les contextures qui lui ont fait donner ie nom de gneiss,
¿e granitelle, &c. &c., tantôt composé de grands filons de gros grains de
quartz mélangés à de larges plaques de mica. On en voit qui, comme
à Rio de Janeiro, ont des bouies ovoïdes de feldspath. Les causes permanentes
de décomposition qu’occasionnent ici les météores aqueux font
qu’on trouve dans les vallées d’immenses débris et des éhoulemens considérables.
Tantôt les matériaux primitifs des rochers sont épars, et tantôt
on les trouve mélangés d’une argile tenace et très-rouge. Les gros blocs
Course
au N ou v e au
Frib ou rg.