
Colonie
de
Port-Jackson.
Entretien
des convicts.
Surveillance.
1 1 38 VOYAGE AUTOUR DU MONDE,
malade pour qu’un séjour à l’hôpital soit nécessaire, son maître est obligé
de payer T’' [ 1 / 2 5 '] par chaque jour qu’il y est traité, pourvu que ia
durée du traitement n’excède pas 30 jours; s’il y reste plus longtemps,
ies dépenses subséquentes sont à la charge du gouvernement; mais ie
maître est toujours obligé d’envoyer une personne de confiance pour
conduire son domestique convict à l’hôpital et pour le ramener chez
lui à l’instant de sa sortie.
§. V.
Moyens coercitifs et récompenses.
Il y a un surintendant général des convicts, et plusieurs surintendans
et surveilians en sous-ordre, qui ont sans cesse i’oeil ouvert sur tout ce
qui est relatif au maintien des règlemens et du bon ordre parmi les condamnés.
Le surintendant générai réside à Sydney; les autres, dont quelques
uns font leur service à cheval, sont en nombre considérable, et la
plupart eux-mêmes convicts. La difficulté d’avoir en ce genre des hommes
sur lesquels on puisse sûrement compter, lors même qu’ils sont choisis
parmi les personnes libres, se fait depuis fort longtemps sentir. Indépendamment
de leur attention à ne pas réprimer tout ce qui tient à l’infraction
des règlemens, l’expérience a montré que ces surveilians n’osoient
pas sévir, pour cause d’inconduite, contre ieurs subordonnés, parce que
la preuve qu’ils donneroient ainsi de leur intégrité seroit propre à attirer
sur eux la haine de tous leurs camarades ; mais ce qui s’oppose le plus à
ce qu’un surveillant accomplisse régulièrement son devoir, c’est la manière
dont sont rétribués ses services. Il reçoit en effet une ration et demie,
c’est-à-dire, une demi-ration de plus que ce qui est accordé à tous les
autres convicts ; or il arrive souvent que les hommes placés sous ses
ordres, pour jouir de la liberté de disposer de leur temps lui payent une
somme de 2 pence [0 / 2 6 “] par semaine, en lui abandonnant en outre
ieur ration, ou 5 pence [0/52 °] s’ils la conservent.
Pour remédier à de tels abus l’administration n’a cessé de faire de grands
efforts. Depuis quelques années surtout, m’a-t-on assuré, un certain
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nombre d’officiers d’artillerie ou du génie en demi-solde ont été envoyés
dans la colonie, pour y remplir ies places de surintendans et de surveilians
des travaux du gouvernement ; ne seroit-ce pas plutôt de sous-
officiers de ces corps qu’on auroit voulu me parier?
Une revue générale a lieu tous les dimanches aux casernes, pour ceux
des convicts qui y résident ; mais ces revues ont plutôt pour objet l’ordre
local et la propreté des individus que la répression des abus qui se reproduisent
dans l’exécution des travaux.
Les délits les plus ordinaires sont les absences des casernes, la désertion
, les vols avec ou sans effraction ; ceux sur ies grands chemins ,
simples ou à main armée ; la destruction des bestiaux, les incendies et les
assassinats; la débauche excessive, &c. On cite chez ies femmes : ia paresse,
le vol simple ou avec effraction, ia désobéissance, l’ivrognerie et
le libertinage, ou plutôt la prostitution, portée parfois au degré ie plus
effréné et le plus monstrueux. Ces derniers excès se remarquent surtout
aux mines de charbon de terre de Newcastle, où la proportion des
hommes comparativement à celle des femmes est véritablement énorme ( i ).
Souvent on a vu parmi les condamnés un esprit d’insubordination,
de résistance ou d’inertie très-fâcheux, qui s’est fait particulièrement
sentir lorsqu’on a voulu modifier le règlement relatif à la durée du travail.
Un nouvel ordre venoit d’être publié à cet effet; le gouvernement
et ies fermiers eux-mêmes se fîattoient qu’il seroit exécuté sans difficulté,
et qu’il pourroit remédier à tous les maux dont on avoit eu si souvent à se
plaindre; mais l’expérience fit voir bientôt à quel point ces espérances
étoient peu fondées. Aucun convict cependant ne se montra ouvertement
hostile au nouveau règlement; mais tous se bornèrent à fatiguer sourdement
la patience de ceux de ieurs maîtres qui étoient le plus décidés à le
suivre à la rigueur; pour cela iis affectèrent une négligence, une paresse
et une insubordination portées à tel point, que les fermiers se virent enfin
forcés de se relâcher de leurs prétentions.
Diverses tentatives eurent encore lieu plus tard pour le même objet,
mais sans plus de succès. Enfin ies convicts intimidèrent tellement les
petits fermiers que ceux-ci n’osèrent plus rien dire ; on vit même certains
Moyens
coercitifs, etc.